Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

comédie musicale [au cinéma] (suite)

L’âge d’or de la comédie musicale (1940-1956)

Tandis qu’en Allemagne les mises en scène « à la viennoise » continuent à distraire le public et qu’on apprécie les films de Zarah Leander et de Marika Rökk, aux États-Unis de nouvelles vedettes font leur apparition. À la MGM : Judy Garland débute avec Mickey Rooney pour partenaire dans la série des « Andy Hardy » (de George B. Seitz) avant de jouer à ses côtés Babes in Arms (1939), En avant la musique (Strike up the Band, 1940) et Débuts à Broadway (Babes on Broadway, 1941), trois films de Busby Berkeley. À la Fox, Betty Grable est l’héroïne de plusieurs films à l’exotisme facile dirigés par Irving Cummings et Walter Lang. Bing Crosby devient l’un des acteurs-chanteurs les plus populaires. Un producteur, Arthur Freed, est peut-être à l’origine de la véritable comédie musicale, qui prend son essor dès le premier film de Vincente Minnelli, Un petit coin aux cieux (Cabin in the Sky, 1943). C’est lui qui, dès 1940, engage à la MGM le jeune metteur en scène qui renouvellera et enrichira un genre au bord de la faillite (commercialisme et vulgarité semblent vouloir triompher au début de la Seconde Guerre mondiale). Chez Minnelli, à la fois contemplatif et nostalgique — ce qui n’exclut pas un savoir-faire très « public » dans le traitement de ses thèmes de prédilection : exotisme, onirisme, fantastique même —, le décor fait l’objet de soins attentifs. Ce marchand de rêves recrée pour les spectateurs l’atmosphère du début du xxe s. (Saint Louis dans le Chant du Missouri [Meet me in Saint Louis, 1944] ; Paris dans Gigi, 1958), celle des Antilles du xviiie s. (le Pirate, 1948), celle de l’Arabie des Mille et Une Nuits (Kismet, 1955). Il y a chez Minnelli un étonnant sens du spectacle, un goût prononcé pour l’évocation du passé, qu’il rend enchanteur et mélancolique. Le Chant du Missouri, Yolanda et le voleur (1945), Un Américain à Paris (1951), Tous en scène (1953) sont des étapes importantes dans l’histoire de la comédie musicale. Tout autant que Minnelli, avec probablement moins de mièvrerie et un rythme plus soutenu et plus efficace, Gene Kelly et Stanley Donen peuvent être considérés comme les maîtres d’un genre que d’aucuns s’obstinent à traiter de « mineur » (à l’instar du western). Un jour à New York (1949), Chantons sous la pluie (1952) et Beau fixe sur New york (1955) demeurent les meilleurs exemples d’un cinéma inventif tout autant par sa chorégraphie que par sa mise en scène. Cet âge d’or, où même des réalisateurs plus effacés, comme Charles Walters, parviennent à signer des œuvres de valeur, s’achève en 1956. Le déclin de la comédie musicale traditionnelle est marqué par l’abandon progressif des séquences dansées dans les films dits « musicaux », la reconversion des metteurs en scène spécialisés (Minnelli comme Donen tournent après 1956, avec un bonheur inégal, des films qui ne relèvent plus de la comédie musicale, sauf rares exceptions).


Les adaptations des succès de Broadway

Les essais d’Otto Preminger (Carmen Jones, 1954), de Joseph Mankiewicz (Blanches Colombes et vilains messieurs [Guys and Dolls, 1955]), de Fred Zinnemann (Oklahoma, 1955) n’ayant, pour des raisons diverses, pas eu le succès escompté, on peut dire que les Girls (1957) de George Cukor apparaît comme le dernier joyau de la comédie musicale traditionnelle. Après cet élégant chant du cygne, les producteurs se tournent de nouveau vers les superproductions. Pour retrouver une clientèle qui commence à déserter les salles, la superproduction semble un instant la seule panacée. Parant au plus pressé, ils adaptent les succès qui font les beaux soirs de Broadway. Robert Wise remporte deux triomphes : l’un artistique et financier avec West Side Story (1961) ; l’autre essentiellement commercial avec la Mélodie du bonheur (The Sound of Music, 1965), dont les recettes approcheront celles, fabuleuses, d’Autant en emporte le vent. Les metteurs en scène les plus cotés se plient aux exigences des producteurs avec, parfois, un respect de l’œuvre originale un peu guindé et froid : George Cukor signe My Fair Lady (1964), William Wyler Funny Girl (1968). Le Britannique Carol Reed propose une adaptation musicale de l’Oliver Twist de Dickens (Oliver, 1968). La comédie musicale se survit, mais, en essayant de retrouver à tout prix le sens du spectaculaire, elle a indubitablement perdu une part de son charme et de sa spontanéité.

J.-L. P.


Les grands noms de la comédie musicale


Frederick E. Austerlitz, dit Fred Astaire,

danseur à claquettes, chanteur et acteur américain (Omaha 1899). Il connut son premier grand succès en 1917 dans la revue Over the Top et triompha sur les planches à New York et à Londres dans de nombreux spectacles musicaux. À partir de 1932, il fit triompher la comédie musicale au cinéma (le plus souvent avec Ginger Rogers pour partenaire) : The Gay Divorcee (de M. Sandrich, 1934), Roberta (de W. A. Seiter, 1935), le Danseur du dessus (Top Hat, de M. Sandrich, 1935), Swing Time (de G. Stevens, 1936), Demoiselle en détresse (A Damsell in Distress, de G. Stevens, 1937), Amanda (Carefree, de M. Sandrich, 1938), Yolanda et le voleur (Yolanda and the Thief, de V. Minnelli, 1945), Ziegfeld Follies (de V. Minnelli, 1946), Parade du printemps (Easter Parade, de C. Walters, 1948), Entrons dans la danse (The Barkleys of Broadway, de C. Walters, 1949), Mariage royal (Royal Wedding, de S. Donen, 1951), Tous en scène (The Band Wagon, de V. Minnelli, 1953), Drôle de frimousse (Funny Face, de S. Donen, 1956).


Busbv Berkeley,

chorégraphe et metteur en scène de cinéma américain (Los Angeles 1895 - Palm-Springs 1976). Engagé à Hollywood pour régler et diriger des ballets de films, il contribua à l’essor de la comédie musicale à mise en scène fastueuse. Il collabora notamment à 42e Rue (42nd Street, de L. Bacon, 1933), Chercheuses d’or (Gold Diggers of 1933, de M. Le Roy, 1933), la Danseuse des Ziegfeld Follies (Ziegfeld Girl, de R. Z. Leonard, 1941). Réalisateur, il signa des films musicaux : Hollywood Hotel (1937), Babes in Arms (1939), En avant la musique (Strike up the Band, 1940), Débuts à Broadway (Babes on Broadway, 1941), Match d’amour (Take me out to the Ball Game, 1949), des comédies et des œuvres dramatiques (Je suis un criminel [They made me a Criminal, 1939]).


Stanley Donen,