Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Comecon (suite)

La coordination des plans d’équipement prend les formes les plus spectaculaires dans le domaine de l’énergie et des transports. Les grandes centrales hydro-électriques du Danube sont équipées en commun, et, sur l’initiative du Comecon, des accords bilatéraux ou multilatéraux sont conclus dans ce dessein. Des organismes spécialisés mettent au point la réalisation des projets d’aménagement du Danube et de liaison par canaux de celui-ci avec d’autres bassins fluviaux (canal Danube-Odra par la Moravie et la Silésie par exemple). La Ruthénie subcarpatique est le principal nœud de jonction d’un réseau général de lignes à haute tension distribuant l’énergie électrique sur ordre d’un dispatching commun à plusieurs pays du Comecon. Les hydrocarbures du Second Bakou sont distribués dans toute l’Europe centrale depuis l’achèvement de l’oléoduc de l’Amitié, dont la branche nord, traversant la Pologne, atteint Schwedt an der Oder, en R. D. A., et la branche sud, Budapest et Bratislava, avant d’être prolongée vers Prague. Un gazoduc suit le même itinéraire. Les chemins de fer, qui assurent encore les trois quarts du trafic total, font l’objet de nombreux accords communs afin de faciliter le passage du réseau soviétique au réseau européen, l’acheminement rapide des denrées périssables, la composition des trains touristiques internationaux, la constitution d’un parc international de wagons.

Enfin, une des tâches urgentes du Comecon consiste dans l’harmonisation des accords commerciaux et des rapports avec les États ne faisant pas partie de cette organisation.


Les résultats

Le Comecon est loin d’avoir atteint tous ses buts. Il n’y a au sein du Comecon ni accord monétaire ou commercial général, ni ouverture libre et franche des frontières aux produits et aux hommes, ni échanges importants de main-d’œuvre. Il n’a même pas été possible d’établir un consensus général sur les périodes et les modalités de la planification jusqu’en 1965, et c’est à partir de 1971 seulement qu’intervient une harmonisation réelle. Le réveil des nationalismes constitue aussi un frein puissant à la conclusion de traités plus généraux. Les ballons d’essai lancés dans l’affaire du plan Valev (qui prévoyait une supranationalité sur les régions du Bas-Danube appartenant à l’U. R. S. S., à la Roumanie et à la Bulgarie) ont provoqué une très vive réaction des autorités roumaines. Les dissidences de la Chine et de l’Albanie ont été durement ressenties dans le camp socialiste. Certains membres du Comecon n’hésitent pas à conclure des accords séparés avec des pays qui n’en font pas partie. Ainsi, le projet des Portes de Fer a été réalisé entre la Roumanie et la Yougoslavie sous forme d’accord bilatéral, excluant la Bulgarie, pourtant intéressée.

L’un des moyens d’échapper aux contraintes des organismes du Comecon consiste à accroître la collaboration technique et à multiplier les accords commerciaux avec l’Occident. L’Allemagne occidentale, la France, l’Italie, en particulier, se voient confier de grands travaux d’équipement : aménagement des périmètres irrigués en Valachie par la Compagnie du Bas-Rhône-Languedoc, livraison d’usines « clés en main » par la firme Krupp à la Hongrie et à la Pologne, installation d’ateliers de montage d’automobiles, etc.

On assiste sans doute à une ouverture vers le monde extérieur, notamment vers les pays sous-développés, d’une institution qui, à l’origine, était préoccupée uniquement de problèmes internes.

Les pays du Comecon forment un bloc idéologique et politique, et leur expansion économique est plus rapide — bien que ralentie — que celle de l’Occident. Mais forment-ils une véritable région économique internationale ? Pourront-ils rapidement combler le retard qui sépare la plupart d’entre eux des pays développés d’Europe et des États-Unis ? Dans quelle mesure se rapprocheront-ils efficacement de la Communauté économique européenne pour construire une grande Europe au sens géographique du terme ? Sauront-ils se soustraire à une influence soviétique encore prépondérante ? Telles sont les questions qui conditionnent l’avenir de l’institution.

A. B.

➙ V. articles aux différents États membres.

 F. L. Pryor, The Communist Foreign Trade System : the Other Common Market (Londres, 1963). / I. Agoston, le Marché commun communiste, principes et pratique du Comecon (Genève, Droz, 1964). / N. Faddéev, le Conseil d’assistance mutuelle économique (Genève, 1964). / T. Kis, les Pays de l’Europe de l’Est. Leurs rapports mutuels et le problème de leur intégration dans l’orbite de l’U. R. S. S. (B. Nauwelaerts, 1964). / Le Commerce extérieur des démocraties populaires européennes (la Documentation française, « Notes et études documentaires », 1965). / M. C. Kaser, Comecon : Integration, Problems of the Planned Economics (Londres, 1965 ; 2e éd., 1967). / L’Europe de l’Est en 1969 (la Documentation française, « Notes et études documentaires », 1970).

comédie

Aussi loin que remontent ses origines, la comédie n’est pas à proprement parler un genre littéraire. Elle est une forme de théâtre que l’on ne peut définir que négativement, dans la mesure où elle s’oppose à la tragédie et au drame, et où elle met en scène une humanité moyenne, en visant en général, par le choc des situations ou par la peinture satirique des mœurs et des travers, à provoquer le rire chez son public, qui verra une conclusion heureuse des événements. Il reste que si grande est son extension dans le temps et dans l’espace que l’on voudrait préciser la notion : mais elle offre une telle variété d’aspects, appartient à une catégorie aux règles si mal codifiées et finalement, à l’âge moderne, se charge de tant de sens que force est de constater que toute tentative de définition ne peut être que partielle et de portée limitée. Aussi vaut-il mieux chercher à analyser ce qu’elle représente dans son évolution historique, quitte à se demander si, après l’éclatement des diverses formules utilisées, elle ne tend pas à devenir aujourd’hui tout le théâtre.