Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Akkad (suite)

Décadence et fin de la dynastie d’Akkad

Faute d’un contrôle suffisant sur les vicaires, la classe dirigeante akkadienne ne peut maintenir sa prédominance, et elle finit par succomber, attaquée de tous côtés par les cités mésopotamiennes et les Barbares des monts Zagros et des steppes du désert de Syrie, attirés par les richesses de la grande plaine.

Déjà, Narâm-Sin a eu, semble-t-il, de sérieuses difficultés à endiguer une invasion venue d’Anatolie ou bien du pays des Gouti (dans les monts Zagros ; entre les hautes vallées des deux Zāb ?). Son successeur, Shar-kalî-sharri (« le Roi de l’Univers est mon Roi »), doit faire face à une foule de périls : révolte d’Ourouk, dont le vicaire se proclame roi (de Mésopotamie) ; défection de l’Élam, où le vicaire de Suse, Koutik-In-Shoushinak, se dit roi d’Awan, roi des Quatre-Régions ; raids des Gouti, des Amorrites, ou Sémites occidentaux, des pasteurs pillards, que le roi d’Akkad poursuit jusque dans leurs repaires du djabal Bichri (au nord-ouest de Mari). L’assassinat de Shar-kalî-sharri, suivi d’une anarchie de trois ans, marque la fin de l’Empire akkadien (v. 2200). La prédominance en Mésopotamie passe bientôt aux Gouti, mais les deux derniers rois d’Akkad maintiennent leur pouvoir au moins jusqu’à Eshnounna. Puis, vers 2165, la dynastie akkadienne disparaît, sans doute sous les coups des Gouti. Akkad, pillée sauvagement, n’est plus désormais qu’une ville de second plan, mais comme son existence est encore attestée au xviiie et au xviie s. av. J.-C., il est faux de dire, comme on le fait souvent, qu’elle a disparu avec sa dynastie.


L’héritage des rois d’Akkad

Leurs conquêtes sont éphémères, mais la sémitisation totale du nord de la basse Mésopotamie, le recul numérique des Sumériens, la diffusion de la civilisation mésopotamienne, de l’écriture et de la langue akkadiennes, la constitution d’une littérature écrite chez les Sémites du pays des Deux-Fleuves sont des faits importants et irréversibles. Si les méthodes brutales de Sargon et de ses successeurs ont laissé un mauvais souvenir dans la Babylonie sémitique, la mémoire des grands rois d’Akkad a été exaltée dans l’autre centre de langue akkadienne, l’Assyrie, dont les souverains ont repris plusieurs fois les noms de règne de Sargon, de Narâm-Sin ou de Rimoush et proclamé les mêmes prétentions à la monarchie « universelle ».

G. L.

➙ Assyrie [Littérature assyro-babylonienne] / Mésopotamie / Sumer / Suse.

 C. J. Gadd, The Dynasty of Agade and the Gutian Invasion (Cambridge Ancient History, no 17, 1963). / W. Hinz, Persia c. 2400-1800 B. C. (Cambridge Ancient History, no 19, 1963). / P. Garelli, le Proche-Orient asiatique des origines aux invasions des peuples de la mer (P. U. F., coll. « Nouvelle Clio », 1969). / M. Sollberger et J. R. Kupper, Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes (Éd. du Cerf, 1971).

Aksoum

Capitale d’un important royaume dont la puissance atteignit son apogée entre le ier et le viie s., et qui fut le berceau de la civilisation et de l’Église éthiopiennes. Seuls des fragments de son histoire nous sont parvenus.


C’est vers l’an 1000 av. J.-C. que des populations d’Arabie du Sud traversèrent la mer Rouge pour commercer et s’établir le long des côtes érythréennes. Progressivement, elles s’installèrent sur les hauts plateaux, apportant leur langue et leur écriture, dont dérivent le guèze — qui n’est plus utilisé que pour la liturgie — et l’amharique.

Selon la légende que rapporte le Kébra Negast (« la Gloire des rois », le plus grand ouvrage de la littérature éthiopienne, composé au xive s.), c’est à peu près à la même époque que la reine de Saba se rendit à Jérusalem auprès du roi Salomon, dont elle eut un fils, Ménélik Ier. Celui-ci, toujours selon cette tradition, fut le premier empereur de la dynastie salominienne et monta sur le trône vers 975 av. J.-C.

La première mention du royaume des Aksoumites et de son roi Zoscales figure dans le Périple de la mer Érythrée, œuvre d’un auteur grec inconnu, datée généralement du milieu du iie s. de notre ère. Cet auteur nous décrit la puissance du roi d’Aksoum et la richesse du commerce du port d’Adoulis.

Toutefois, les vestiges de constructions importantes déjà dégagés lors des fouilles en cours, au sud de la ville, attestent qu’Aksoum fut le siège d’une brillante civilisation bien avant cette époque.

En 300 apr. J.-C., un roi d’Aksoum envahit l’Arabie du Sud et en occupe une partie. Il s’intitule lui-même roi d’Aksoum, de Himyar, de Saba, de Rayden et de Salhen. Mais c’est entre 325 et 360 que la civilisation d’Aksoum atteint son apogée. À cette époque, le roi Ezana était en relation avec l’empereur Constantin. Comme lui, il adopte la religion chrétienne, depuis lors la religion d’État de l’Éthiopie. Le souverain règne alors sur un vaste territoire s’étendant de Méroé à l’Arabie du Sud.

Vient ensuite une période obscure de près de deux siècles, après laquelle apparaît un grand roi, Kaleb, qui envoie une expédition pour détruire l’État juif d’Arabie du Sud. Il est encore fait mention de certains de ses successeurs, mais le royaume décline peu à peu, tandis que l’islām se développe et que les Arabes bloquent le trafic de la mer Rouge, ruinant son commerce.

Aksoum conserve de nombreux vestiges de sa splendeur passée, notamment des obélisques de pierre monolithe sculptés, dont le plus grand dépasse 30 m.

G. M.

➙ Éthiopie.

 J. T. Bent, The Sacred City of the Ethiopians (Londres, 1893). / L. J. Morié, Histoire de l’Éthiopie (Nubie et Abyssinie) depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours (Challamel, 1904 ; 2 vol.). / E. Littmann, D. Krencker, Th. von Lüpke et R. Zahn, Deutsche Aksum-Expedition (Berlin, 1913 ; 4 vol.). / A. Kammerer, Essai sur l’histoire antique de l’Abyssinie. Le royaume d’Aksoum et ses voisins de Meroe et d’Arabie (Geuthner, 1926). / C. Conti Rossini, Storia d’Etiopia (Milan, 1928). / E. A. W. Budge, History of Ethiopia, Nubia and Abyssinia (Londres, 1928 ; 2 vol.). / D. R. Buxton, The Christian Antiquities of Northern Ethiopia (Cambridge, 1947). /J. Doresse, l’Empire du Prêtre Jean (Plon, 1957 ; 2 vol.).