Akkad (suite)
Décadence et fin de la dynastie d’Akkad
Faute d’un contrôle suffisant sur les vicaires, la classe dirigeante akkadienne ne peut maintenir sa prédominance, et elle finit par succomber, attaquée de tous côtés par les cités mésopotamiennes et les Barbares des monts Zagros et des steppes du désert de Syrie, attirés par les richesses de la grande plaine.
Déjà, Narâm-Sin a eu, semble-t-il, de sérieuses difficultés à endiguer une invasion venue d’Anatolie ou bien du pays des Gouti (dans les monts Zagros ; entre les hautes vallées des deux Zāb ?). Son successeur, Shar-kalî-sharri (« le Roi de l’Univers est mon Roi »), doit faire face à une foule de périls : révolte d’Ourouk, dont le vicaire se proclame roi (de Mésopotamie) ; défection de l’Élam, où le vicaire de Suse, Koutik-In-Shoushinak, se dit roi d’Awan, roi des Quatre-Régions ; raids des Gouti, des Amorrites, ou Sémites occidentaux, des pasteurs pillards, que le roi d’Akkad poursuit jusque dans leurs repaires du djabal Bichri (au nord-ouest de Mari). L’assassinat de Shar-kalî-sharri, suivi d’une anarchie de trois ans, marque la fin de l’Empire akkadien (v. 2200). La prédominance en Mésopotamie passe bientôt aux Gouti, mais les deux derniers rois d’Akkad maintiennent leur pouvoir au moins jusqu’à Eshnounna. Puis, vers 2165, la dynastie akkadienne disparaît, sans doute sous les coups des Gouti. Akkad, pillée sauvagement, n’est plus désormais qu’une ville de second plan, mais comme son existence est encore attestée au xviiie et au xviie s. av. J.-C., il est faux de dire, comme on le fait souvent, qu’elle a disparu avec sa dynastie.
L’héritage des rois d’Akkad
Leurs conquêtes sont éphémères, mais la sémitisation totale du nord de la basse Mésopotamie, le recul numérique des Sumériens, la diffusion de la civilisation mésopotamienne, de l’écriture et de la langue akkadiennes, la constitution d’une littérature écrite chez les Sémites du pays des Deux-Fleuves sont des faits importants et irréversibles. Si les méthodes brutales de Sargon et de ses successeurs ont laissé un mauvais souvenir dans la Babylonie sémitique, la mémoire des grands rois d’Akkad a été exaltée dans l’autre centre de langue akkadienne, l’Assyrie, dont les souverains ont repris plusieurs fois les noms de règne de Sargon, de Narâm-Sin ou de Rimoush et proclamé les mêmes prétentions à la monarchie « universelle ».
G. L.
➙ Assyrie [Littérature assyro-babylonienne] / Mésopotamie / Sumer / Suse.
C. J. Gadd, The Dynasty of Agade and the Gutian Invasion (Cambridge Ancient History, no 17, 1963). / W. Hinz, Persia c. 2400-1800 B. C. (Cambridge Ancient History, no 19, 1963). / P. Garelli, le Proche-Orient asiatique des origines aux invasions des peuples de la mer (P. U. F., coll. « Nouvelle Clio », 1969). / M. Sollberger et J. R. Kupper, Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes (Éd. du Cerf, 1971).