Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cologne

En allem. Köln, v. d’Allemagne occidentale, sur le Rhin ; 846 000 hab.



Le développement urbain

La zone rhénane de Cologne connaît très tôt l’installation des hommes. La victoire de César sur les Eburons amène la colonisation romaine. En 49 apr. J.-C., une colonie y est établie, à laquelle est donné le nom d’Agrippine, épouse de l’empereur Claude (Colonia Claudia Ara Agrippinensis). Le premier évêque est cité au début du ive s. Charles Martel réside à Cologne. Charlemagne élève la ville au rang d’archevêché en 785. Le xiiie s. marque un nouvel essor commercial ainsi que la chute du pouvoir épiscopal (1288). Entre-temps, en 1248, l’archevêque Konrad von Hochstaden avait ordonné la construction de la célèbre cathédrale. Le rôle spirituel de Cologne est consacré, en 1388, par la création de l’université. La ville faisait partie de la Hanse et possédait le droit d’étape, qui obligeait tous les navigateurs à débarquer leurs marchandises dans la cité. Le déplacement des voies de communication, à la suite de l’essor du commerce atlantique, au xvie s., entraîna un relatif déclin. L’occupation de la Rhénanie par la France, après 1794, amena la fermeture de l’université ainsi que la sécularisation des couvents et abbayes. Après 1815, la Rhénanie devint prussienne, l’université fut restaurée. L’essor des chemins de fer, de la navigation rhénane et de l’industrie se répercuta sur l’économie urbaine. La ville fut cernée d’un ensemble de fortifications encore visibles dans le plan actuel, notamment à travers le Ring. Mais la fonction militaire ne stérilisa point les autres. Le roi Frédéric-Guillaume IV donna l’ordre, en 1842, d’achever la cathédrale, dont la construction était encouragée par l’élite intellectuelle de l’Allemagne, qui y attachait une valeur de symbole. C’est en 1880 que le « Dom » fut consacré pour l’ensemble des bâtiments. À l’époque, c’était la construction la plus haute du monde. Des initiatives privées et communales contribuèrent à faire de Cologne un des centres culturels les plus actifs de l’Allemagne.

À la fin du xixe s. et au début du xxe s., une série d’annexions de communes suburbaines permit d’augmenter la superficie de la ville et de promouvoir un urbanisme à l’échelle d’une métropole. Aujourd’hui, la superficie totale s’élève à 25 137 ha, dont 15 240 sont situés sur la rive gauche et 9 877 sur la rive droite du Rhin. Ce dernier chiffre montre le dynamisme de la ville ; celle-ci est née sur la rive opposée. Les deux parties sont occupées à 40 p. 100 chacune par des maisons, usines et voies de communication. Les surfaces agricoles s’étendent sur 30 p. 100 de l’étendue de la ville, ce qui laisse d’importantes possibilités d’extension. Quant aux forêts, elles occupent 26 p. 100 de la surface sur la rive droite, contre 6,6 p. 100 sur la rive gauche. Par contre, les espaces verts, installations sportives, cimetières sont plus étendus sur la rive gauche. Contrairement à de nombreuses autres villes allemandes, Cologne continue à voir sa population augmenter, quoique l’accroissement soit devenu lent.


La population

Métropole rhénane dès le Moyen Âge, Cologne a grandi rapidement à partir de la seconde moitié du xixe s. En 1871, la population se montait seulement à 202 000 habitants. Elle atteignit 537 000 habitants en 1905, 772 000 en 1939 pour retomber à 595 000 en 1950, par suite des destructions de la Seconde Guerre mondiale. En effet, si la ville a été détruite à 75 p. 100, le centre fut démoli à 93 p. 100. Le célèbre « Dom » ne fut pas épargné. La reprise fut rapide, à l’image de la reconstruction de l’Allemagne entière. Dès 1961, le total de 1939 était largement dépassé avec 809 000 habitants ; à la fin de 1969, la ville atteignait 866 000 habitants. Comme pour le reste de l’Allemagne, on note un déséquilibre dans la répartition démographique : les femmes constituent 52,5 p. 100 de la population. La natalité a tendance à fléchir et on remarque un certain vieillissement de la population. De plus, l’augmentation démographique est avant tout le résultat de l’excédent des naissances et non plus de l’excédent migratoire. Comme dans les autres grandes villes, l’augmentation de la population se fait surtout au profit des zones suburbaines. C’est ainsi que, si la ville a augmenté de 5,5 p. 100 entre 1961 et 1968, l’arrondissement Cologne-Campagne s’est accru de 270 p. 100.

La vieille ville, cernée par le Ring, n’abrite que 145 000 habitants. Ce chiffre tend à rester stable. Les autorités ne souhaitent pas que le cœur historique se dépeuple. La partie « rive droite » tend à augmenter plus rapidement que la partie « rive gauche ». Elle contient dès maintenant 300 000 personnes, soit plus du tiers de la population urbaine. Du fait de son caractère industriel plus marqué, nombreux sont les salariés à changer de rive.

La ville, organisme gigantesque et complexe, présente des aspects très différenciés. Les densités sont très contrastées, dans l’ensemble moins fortes sur la rive droite. Les taux de natalité sont également variés, plus faibles dans les quartiers de la vieille ville. Les différences sont dues à l’âge des lotissements et des immigrants ; la prédominance des jeunes ménages dans les quartiers neufs est ici le facteur explicatif de la plus forte natalité.


L’industrie

Elle est très bien représentée. Son essor est à mettre en relation avec les activités traditionnelles de la ville, et notamment le commerce. En effet, la fonction de plaque tournante sur le plan des voies de communication ainsi que le dynamisme d’un patronat avisé et éclairé sont les facteurs explicatifs essentiels. La ville est un véritable intermédiaire entre Allemagne du Nord et du Sud ainsi qu’entre Allemagne de l’Ouest et de l’Est, au sens géographique du terme. Son poids industriel est comparable à celui des grandes métropoles de la Ruhr. Il peut étonner étant donné la proximité de celle-ci et le fait que, dans les environs immédiats de la ville, on ne trouve aucune ressource naturelle importante, si ce n’est l’énorme gisement de lignite du massif de la Ville (80 Mt par an), mais dont l’extraction, toutefois, n’est pas à mettre en relation directe avec l’essor urbain. L’industrie est née ici de la cité, c’est-à-dire de la conjonction des capitaux, de la facilité des transports et du dynamisme individuel. À cela, il faut ajouter le rôle fondamental joué par l’atmosphère régionale et l’existence d’une université célèbre.