Bacille ne prenant pas la coloration de Gram et appartenant à la famille des Entérobactéries.
Bactériologie
Le Colibacille se cultive facilement sur des milieux ordinaires ; il possède des antigènes somatiques, flagellaires et d’enveloppe qui permettent son identification sérologique précise (importance épidémiologique). Il sécrète une endotoxine parfois responsable de graves manifestations générales, mais sa virulence est très variable. Le Colibacille est un hôte habituel de l’intestin, en équilibre avec les autres germes de la flore digestive ; ce n’est que s’il se multiplie à l’excès ou s’il atteint d’autres organes que l’intestin qu’on peut parler d’infection colibacillaire ou colibacillose.
Mécanisme des infections à Colibacille
Le Colibacille n’est pas pathogène sur un organisme sain. Les colibacilloses ont donc le plus souvent une cause qu’il faut rechercher et traiter pour guérir l’infection.
L’origine de l’infection est le plus souvent endogène, c’est-à-dire que le germe en cause provient du malade lui-même. Les troubles intestinaux jouent un rôle essentiel : toute cause susceptible de perturber le fonctionnement intestinal (telle une constipation rebelle) favorise la pullulation du Colibacille, qui, à travers la muqueuse, va passer dans le sang et aller se fixer au niveau de différents organes et en particulier le rein et les voies biliaires. Ces localisations sont favorisées par des malformations ou des maladies gênant la fonction rénale (lithiase, adénome prostatique) ou la fonction biliaire (dyskinésie biliaire). La grossesse, source de compression des voies excrétrices du rein, peut être à l’origine d’infections urinaires tenaces qui disparaissent après l’accouchement.
À partir de ces infections locales, aiguës ou chroniques, des infections générales sont possibles avec passage dans le sang et localisation à tout l’organisme (septicémies). Ces maladies succèdent parfois à une intervention chirurgicale sur l’appareil digestif ou sur les voies urinaires.
Variétés de colibacilloses
Les infections à Colibacille sont nombreuses.
Les atteintes régionales sont dominées par les infections urinaires : la pyélonéphrite de la grossesse peut se compliquer de suppuration rénale. La cystite aiguë ou chronique, avec les brûlures lors de la miction et l’existence de pus dans les urines, est fréquente.
Les infections biliaires avec cholécystite, plus fréquentes chez la femme que chez l’homme, sont souvent graves, surtout chez le sujet âgé.
Les localisations digestives sont très graves chez le nourrisson, lorsque certains Colibacilles, de type sérologique particulier, sont responsables de gastro-entérites aiguës. Des toxicoses souvent mortelles peuvent survenir en l’absence d’un traitement précoce. Le diagnostic, fait grâce à la culture des selles, est complété par une identification du type antigénique du Colibacille. Ces germes particuliers sont responsables d’épidémies redoutables dans les crèches ou hôpitaux et imposent isolement et désinfection. Les otites à Colibacille sont peu fréquentes, sauf chez le nourrisson.
Les infections générales, avec septicémies, sont le plus souvent secondaires à une infection locale. Il existe des septicémies d’origine digestive, au cours d’une appendicite ou d’une cholécystite. Les septicémies d’origine urinaire ou d’origine génitale (en particulier après un avortement) sont souvent redoutables. Au cours de ces atteintes générales s’observent des localisations pulmonaires, des abcès du cerveau, des atteintes cardiaques (endocardites).
Diagnostic des infections à Colibacille
L’examen et la culture des urines confirmeront l’existence d’une infection urinaire. La culture des selles est nécessaire en cas de diarrhée infectieuse. Les hémocultures sont indispensables lors d’un état septicémique. C’est la recherche des caractères antigéniques du Colibacille en cause qui permet de déterminer son pouvoir pathogène.
Traitement
Les antibiotiques sont indispensables dans les infections graves, pyélonéphrites, cholécystites, septicémies. On associe à ce traitement général le traitement du foyer initial.
Dans les infections urinaires chroniques, on utilise également les antibiotiques après étude de la sensibilité du Colibacille aux différentes substances antibactériennes (v. antibiotique). On prescrit aussi des antiseptiques urinaires et des boissons pour favoriser la diurèse.
On recherche systématiquement une anomalie de l’appareil urinaire (lithiase, malformation du rein, prostate adénomateuse) ou une maladie susceptible de comprimer vessie ou uretères (fibrome). Cette cause doit être si possible traitée. On régularise le transit intestinal s’il existe de la constipation. Dans certains cas, une cure thermale est nécessaire.
P. V.
A. Domart, Comment traiter l’infection urinaire à colibacille ? (Flammarion, 1954). / F. Kaufmann, Erlebte Bakteriologie zur Geschichte der Salmonella und Escherichies Forschung (Copenhague, 1967).