Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cluny (suite)

 Dom Marrier, Bibliotheca cluniacensis (1660 ; rééd., Protat, Mâcon, 1915). / J. Virey, l’Abbaye de Cluny (Laurens, 1927 ; nouv. éd., 1950). / G. de Valous, le Monachisme clunisien des origines au xve siècle (Picard, 1935 ; 2 vol. ; 2e éd., 1970). / J. Evans, The Romanesque Architecture of the Order of Cluny (Cambridge, 1938). / P. Schmitz, Histoire de l’ordre de saint Benoît, t. II (Maredsous ; 1942) ; « Cluny » in Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. XIII (Letouzey, 1953). / L’Esprit de Cluny (Zodiaque, la Pierre-qui-Vire, 1963). / J. Hourlier, Saint Odilon, abbé de Cluny (Publications universitaires, Louvain, 1964). / N. Hunt, Cluny under Saint Hugh, 1049-1109 (Londres, 1967). / K. J. Conant, Cluny, les églises et la maison du chef d’ordre (Protat, Mâcon, 1968). / R. Oursel, Évocation de la chrétienté romane (Zodiaque, la Pierre-qui-Vire, 1968).


L’art de Cluny

Entre 1798 et 1823, l’abbaye de Cluny, vendue comme bien national, fut en grande partie détruite. Il en subsiste les bâtiments conventuels du xviiie s., le farinier du xiiie s., qui abrite le musée lapidaire et les objets provenant des fouilles de l’Américain Kenneth John Conant, des tours d’enceinte et le croisillon sud du grand transept de l’abbatiale dite « Cluny III ».

Une première église, très modeste, Cluny I, fut élevée dès la fondation de l’abbaye, au début du Xe s. Saint Mayeul, abbé de 948 à 994, fit élever une nouvelle église de grandes dimensions, Cluny II, probablement voûtée, avec un chevet très développé : un chœur flanqué de collatéraux et d’annexes de profondeur décroissante, plan en échelon très vite imité de la Suisse à la Normandie (Romainmôtier, Chapaize, Bernay). Un narthex, sorte d’église antérieure, fut ajouté à l’ouest de la façade. Cette église persista jusqu’au xviie s., et des fouilles ont permis d’en restituer l’essentiel.

Quand elle fut devenue trop petite pour le nombre croissant des moines, saint Hugues lui adjoignit, à partir de 1088, Cluny III, l’édifice religieux le plus vaste de l’Occident médiéval. Urbain II, en 1095, consacra l’autel majeur, mais la construction se poursuivit jusque vers 1132. Une partie des voûtes de la nef s’effondra en 1125. Innocent II célébra la dédicace solennelle le 25 octobre 1130. Le narthex occidental fut construit par la suite.

L’église de Cluny III, dédiée à saint Pierre et à saint Paul, mesurait 171 mètres de long, narthex compris. La voûte de la nef s’élevait à 30 mètres de haut. Le chevet à déambulatoire et à cinq chapelles rayonnantes était précédé de deux transepts flanqués de chapelles et séparés l’un de l’autre par un chœur. À l’ouest du grand transept, le plus occidental, s’allongeait la nef de onze travées à bas-côtés doubles. Toute l’église était voûtée. Quatre clochers couronnaient les croisées des transepts et les deux bras du grand transept. Il en reste un, octogonal, celui de « l’Eau bénite », au-dessus du croisillon sud. L’élévation intérieure était à trois étages : grandes arcades, arcatures aveugles ou faux-triforium et fenêtres hautes. L’arc brisé régnait dans les voûtes en berceau et aux grandes arcades. Le décor (peinture, sculpture, mobilier) était d’une grande richesse.

Il subsiste une partie du décor sculpté, pilastres cannelés et chapiteaux à feuilles d’acanthe du transept, fragments du portail ouest, qui avait un tympan orné du Christ en majesté entre les symboles des évangélistes, et surtout chapiteaux figurés des colonnes du rond-point de l’abside, qui représentent les tons de la musique, les fleuves et la flore du paradis terrestre, les saisons et les vertus cardinales. La date de ces chapiteaux, antérieure ou postérieure à la consécration de 1095, fait l’objet de discussions passionnées.

Les ateliers de peinture ne nous sont plus connus que par des descriptions du décor de l’abbatiale, par quelques manuscrits et par les peintures murales de Berzé-la-Ville, qui fut, à quelques kilomètres de Cluny, la demeure campagnarde de saint Hugues. La chapelle haute de Berzé-la-Ville conserve un chœur et une abside ornés de peintures sur fond bleu, qui révèlent d’une part une connaissance certaine d’ateliers italo-byzantins et d’autre part une parenté dans le dessin, au moins pour le Christ en majesté de l’abside, avec des tympans romans de Bourgogne, tel celui d’Autun. La date de ces peintures est discutée, parfois fixée vers 1100, parfois repoussée jusque vers 1150.

L’art de Cluny III rayonna à travers la Bourgogne romane, à Paray-le-Monial et à Autun* notamment. Son rôle dans l’évolution de l’architecture et de la sculpture monumentale romane fut considérable, même si on refuse les datations les plus précoces. Son usage de l’arc brisé, du décor à l’antique (pilastres, acanthes), le verticalisme et l’ampleur de son architecture eurent des répercussions sur l’art gothique, tandis que son plan à double transept se perpétuait dans les cathédrales anglaises.

A. P.

coagulation

Transformation d’un liquide, et spécialement du sang, en une masse solide.


Quand on prélève du sang dans une veine et qu’on le recueille dans un tube de verre, on s’aperçoit qu’au bout de quelques minutes ce sang fluide s’est pris en masse. On peut retourner le tube sans qu’une goutte ne tombe à terre : on dit que le sang a coagulé.


Physiopathologie

La coagulation est le mécanisme essentiel de l’hémostase, c’est-à-dire de l’ensemble des processus qui concourent à arrêter les hémorragies. (Le terme d’hémostase désigne également l’acte chirurgical qui arrête l’écoulement du sang.) C’est aussi le principal mécanisme des thromboses*, c’est-à-dire de la formation de caillots à l’intérieur même des vaisseaux (artères ou veines) avec, dans la majorité des cas, des conséquences graves, parfois dramatiques. Le fait qu’un même processus puisse être tantôt bénéfique (arrêt d’une hémorragie), tantôt maléfique (thrombose vasculaire) corrobore bien l’opinion que l’on a actuellement d’un équilibre permanent entre les tendances coagulantes et les facteurs biologiques qui s’y opposent.