Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

climatisme (suite)

Rôle physiologique des éléments des climats

• La composition de l’air. La teneur en oxygène (1/5) et en azote (4/5) ne varie pas d’un lieu à l’autre, mais, la pression diminuant avec l’altitude, il s’ensuit une baisse de la pression partielle d’oxygène entraînant l’anoxie*. Pour des altitudes moyennes, cette anoxie oblige l’organisme à mettre en circulation et à produire un nombre accru de globules rouges, d’où l’intérêt des stations de 700 à 1 400 m dans le traitement des anémies.

Le gaz carbonique (CO2) est plus abondant dans les villes (où il peut atteindre 0,5 p. 100) que dans les campagnes ; il diminue avec l’altitude, et sa disparition dans les grandes hauteurs rendrait compte de certains troubles du mal des montagnes (acapnie).

L’oxyde de carbone (CO), produit comme le CO2 par les foyers dômestiques ou industriels et par les autos, peut atteindre des proportions nocives (v. carbone).

D’autres gaz nocifs, également d’origine industrielle, peuvent s’accumuler au-dessus des villes et à proximité des usines (anhydride sulfureux, dérivés nitrés, etc.).

La teneur de l’air en particules microbiennes et en poussières est, elle aussi, beaucoup plus importante dans les villes qu’en altitude ou même en plaine.

Le degré hygrométrique, ou humidité relative, de l’air dépend du régime des pluies, mais aussi de la facilité du sol à absorber l’eau, de sa déclivité, du voisinage de grandes nappes d’eau (mers, lacs, fleuves) et de forêts. Un fort degré hygrométrique adoucit le climat en réduisant les écarts de température, mais il n’est généralement pas favorable aux insuffisants respiratoires.

• La température. Il existe, même dans de faibles écarts de latitude, des climats froids et des climats chauds ; mais ce qui importe, ce sont les écarts de température entre le jour et la nuit d’une part, entre les saisons d’autre part. Un climat avec de faibles écarts de température est doux ; il convient aux sujets nerveux, instables, irritables. Un climat avec de forts écarts de température est rude ; il est stimulant et excitant, donc favorable dans les convalescences, les asthénies, les anémies. Les climats doux se rencontrent dans les régions maritimes, les climats rudes en altitude ou loin des côtes.

• Les vents. Faibles, ils renouvellent l’atmosphère et balayent les éléments nocifs ; ils stimulent la respiration et le tonus général et sont généralement favorables. Forts et irréguliers, ils gênent la respiration, dessèchent la peau et les muqueuses et sont généralement néfastes. Les vents marins, humides et adoucissants, sont mieux supportés que les vents de terre (mistral, fœhn).

• Les radiations solaires. Leur intensité est proportionnelle à l’ensoleillement. Outre les rayons visibles, elles comprennent les infrarouges — chargés d’énergie, qui se transforme au niveau de la peau en chaleur, cause des brûlures des coups de soleil — et les ultraviolets, doués d’une action chimique dite « actinique » qui cause la pigmentation (le bronzage de la peau). Les infrarouges parviennent au sol même en cas de temps couvert et d’humidité, alors que les ultraviolets, très intenses en altitude, diminuent avec celle-ci, étant absorbés par l’air et la vapeur d’eau. Les ultraviolets sont très importants dans le traitement du rachitisme, des décalcifications et de certaines maladies de la peau (acné).


Indications et avantages des différents climats

Les zones polluées, notamment celles de certaines grandes agglomérations urbaines ou industrielles, sont néfastes pour tous, bien-portants ou malades. L’éloignement dans un climat plus sain est donc souhaitable. Pour les malades, le choix du climat est essentiel, puisqu’il permet dans certains cas une véritable action thérapeutique : c’est donc le médecin qui est qualifié pour faire ce choix. Pour les sujets sains, un choix est utile aussi ; il faut tenir compte du tempérament, des prédispositions morbides, de l’état actuel du sujet pour décider d’un lieu de vacances, d’une nouvelle résidence, d’un voyage et penser aux avantages ou inconvénients éventuels des sites où on décide de vivre.

• Les climats de plaine ou de faible altitude sont d’autant plus humides et plus doux qu’on s’approche des côtes. L’éloignement des villes, la proximité de forêts (Arcachon) sont bénéfiques. Les sujets nerveux, surmenés y trouvent l’apaisement. La plupart des convalescences s’y déroulent favorablement, et les affections respiratoires à type inflammatoire sont améliorées (Pau). Il n’existe pratiquement pas de contre-indications aux climats de plaine.

• Les climats de moyenne altitude (500 à 1 000 m) sont plus toniques et généralement bien tolérés. La sécheresse, l’ensoleillement, la facilité que ces éléments apportent à la respiration chez les dyspnéiques ont conduit à y créer de nombreux sanatoriums (Hauteville-Lompnes), préventoriums (Chanay) et maisons d’enfants (Saint-Gervais).

• Les climats de haute altitude (1 000 m et plus) sont généralement rudes ; ils sont toniques, voire excitants ; ils conviennent aux anémies et asthénies des convalescences (Villars-de-Lans). Les affections osseuses (rachitisme, tuberculoses osseuses) y sont améliorées par les fortes radiations ultraviolettes (Font-Romeu). L’absence presque totale d’allergènes, notamment de poussières, les rend favorables dans l’asthme (Combloux, Megève) et la tuberculose (plateau d’Assy). Par contre, les sujets atteints d’affections congestives et hémorragiques des poumons ne les supportent pas toujours. L’artériosclérose, l’hypertension, les atteintes cardiaques, les névroses et les excitations constituent des contre-indications.

• Les climats marins océaniques sont humides, ce qui limite les variations de température, mais la fréquence des vents leur confère une action stimulante sur certains sujets : enfants lymphatiques, convalescents (Roscoff) ou atteints de maladies osseuses, notamment la tuberculose osseuse (Berck). Par contre, les sujets excitables, nerveux et les tuberculeux pulmonaires ne doivent pas y séjourner.

• Le climat méditerranéen est doux et apaisant (Cannes, Hyères), favorable aux états congestifs, mais en été la chaleur fait parfois préférer les hauteurs voisines (Grasse).

Enfin, dans de nombreuses stations, l’action favorable du climat peut être combinée soit avec une cure thermale ou hydrominérale (Mont-Dore), soit avec une cure marine constituant la thalassothérapie (Roscoff, Quiberon). Citons encore, parmi les stations à la fois climatiques et hydrominérales, Bagnères-de-Luchon, Aix-les-Bains, Evian, Amélie-les-Bains, etc.

J. B.

 Annuaire des stations thermales et climatiques et des établissement médicaux français (Expansion scientifique française).