Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

climat (suite)

Il convient de distinguer tout d’abord les climats tropicaux. On les trouve généralement entre les tropiques, au plus près d’eux, c’est-à-dire entre les 10e et 20e parallèles. Ce sont ces climats qui transgressent sur les façades orientales des continents jusqu’aux latitudes des déserts. Les climats tropicaux, climats chauds et arrosés (précipitations généralement comprises entre 1 et 1,50 m à 2 m), se manifestent par l’opposition entre une saison sèche (hiver de l’hémisphère) et une saison humide plus ou moins homogène en été, avec possibilité d’exaltations secondaires comme aux Grandes Antilles. Ils résultent soit du jeu des alizés (Antilles), soit de celui des moussons (Afrique occidentale, Inde, monde malais, etc.). Alizés et moussons d’été ont longuement parcouru les océans aux basses latitudes avant d’atteindre les continents. Ils sont chauds, humides, instables et perturbés par ondes de l’est et cyclones tropicaux. À cela il convient d’ajouter les perturbations orographiques qui donnent les fortes pluies du massif guinéo-libérien, des Ghāts occidentaux et aussi des côtes « au vent d’été » sur les îles tropicales. Toutes ces dispositions recouvrent en fait une grande diversité liée aux aspects « géographiques » : 423 mm d’eau à Saint-Louis et 8 mois très secs ; près de 4 300 mm à Conakry avec 5 mois fort peu arrosés, mais 1 300 mm en juillet ; entre les deux, Bombay : 1 808 mm, 7 mois franchement secs, 4 mois très humides (dont 617 mm en juillet).

Les climats équatoriaux, également chauds mais plus uniformément que les précédents, ont normalement une plus grande abondance pluviométrique, en même temps que des abats mieux répartis dans l’année. En général, ils connaissent une double exaltation. Cayenne, par environ 5° de lat. N. (3 210 mm), a une pointe en janvier et une en mai ; Akassa (3 655 mm), à la même latitude, les a en juin et octobre ; Singapour (2 413 mm), situé sur l’équateur, n’a aucun mois sous 100 mm. Une telle abondance résulte de la présence habituelle de masses d’air chaud, humide et instable (air de doldrum sur l’Amazonie, le Zaïre), et aussi du passage du front intertropical de convergence, dont le front de mousson n’est qu’un cas particulier. Il faut ajouter qu’ici les écarts thermiques saisonniers, très faibles, sont de beaucoup dépassés par les écarts diurnes (à Akassa, l’écart saisonnier est de 2,2 °C : mois le plus chaud, 26,6 °C ; le plus frais, 24,4 °C ; la variation diurne peut dépasser 10 °C).

Aux latitudes intertropicales, mis à part des accidents zonaux limités (sécheresse de la façade caraïbe du Venezuela, du Nordeste brésilien, des Somalies, du plateau du Deccan, etc.), on se trouve en présence d’une organisation zonale satisfaisante. Or, cette zonalité est obtenue de façons fort différentes. En Amérique, elle est fondamentalement le fait des alizés ; en Afrique occidentale, elle résulte d’un phénomène de mousson (alizé austral en affrontement avec l’harmattan saharien). Quant à l’Asie du Sud-Est (continentale et insulaire), à laquelle il convient d’ajouter le nord de l’Australie, elle reste elle aussi avant tout zonale. La pluviosité maximale n’est-elle pas, en effet, avec un rythme spécifique des très basses latitudes, sur Sumatra - Bornéo - les Célèbes, etc. ? Et pourtant, cette situation s’inscrit dans le cadre des moussons asiatiques, le mécanisme azonal le plus puissant du monde.


Le problème de l’azonalité ; l’organisation des climats selon les méridiens

L’analyse qui précède a fait apparaître un découpage « primaire », c’est-à-dire zonal, par référence aux critères thermométriques et pluviométriques. Cette disposition s’accorde avec les grands mécanismes atmosphériques, eux-mêmes fondamentalement zonaux (v. anticyclone et circulation). Cependant, si l’on prend en considération le détail qui s’exprime à l’intérieur des zones majeures, on constate que la zonalité, dans la logique des mécanismes atmosphériques, n’apparaît vraiment qu’en façade occidentale des continents. Au-delà des climats polaires et abstraction faite des minces façades humides des latitudes tempérées froides, c’est là qu’on relève, aux latitudes moyennes, des climats océaniques doux et à écarts thermiques modérés. Ils sont indiscutablement d’allure tempérée. Il est difficile d’en dire autant de ceux qui les prolongent vers l’est. Puis viennent, toujours à l’ouest des continents, les climats méditerranéens. Ils empruntent aux latitudes plus élevées la pluie et les coups de froid hivernaux et aux latitudes moins extrêmes la chaleur et la sécheresse de l’été. Les déserts chauds, pour leur part, sont corrélatifs des anticyclones dynamiques subtropicaux. Les climats tropicaux rappellent un peu les climats méditerranéens en ce sens qu’ils puisent leurs caractères fondamentaux aux latitudes qui les encadrent, la sécheresse d’hiver aux interventions subtropicales, voire polaires, l’abondance d’été aux processus intertropicaux. Les climats équatoriaux, enfin, sont en accord avec l’affrontement des alizés et la stagnation de masses d’air aux basses latitudes. Tout cela est bien en harmonie avec la zonalité majeure des centres d’action et des vents.

L’azonalité, pour sa part, se déploie au centre et à l’est des continents. On peut le constater, avec la sécheresse reconnue dans les régions centrales, en particulier aux latitudes tempérées moyennes et aux latitudes tempérées chaudes. En Asie, la sécheresse va du nord de la mer d’Aral jusqu’au golfe d’Oman. Mais c’est surtout à l’est que triomphe l’azonalité. Cela découle de la substitution d’une circulation méridienne saisonnière à la circulation zonale, prédominante à l’ouest. Des hautes latitudes jusqu’aux latitudes méditerranéennes, on assiste par exemple à des écoulements polaires hivernaux, auxquels succèdent, en été, des remontées chaudes (de la région de Boston à la Floride ; de celle de Vladivostok à celle de Canton). Bien que l’on puisse parler là dans certains cas (Asie) de phénomènes de mousson — mais il faudrait en discuter —, c’est plus près de l’équateur que ceux-ci interviennent clairement, sur le Sud-Est asiatique et l’Est africain en particulier, et surtout là où s’effacent les hautes pressions subtropicales.