Clément d’Alexandrie (suite)
La date et les circonstances de sa conversion sont mal connues. Clément voyage à travers les provinces de langue grecque, cherchant à parfaire sa formation auprès des maîtres les plus renommés. Mais l’événement qui détermine son orientation intellectuelle est la rencontre à Alexandrie du philosophe Pantène vers 180. Élève, puis assistant de son maître, Clément ouvre à son tour une école dans la même ville vers 190. La persécution de Septime Sévère en 202-203, qui ravage l’Église d’Égypte, l’oblige à quitter Alexandrie. Retiré en Cappadoce auprès de l’évêque Alexandre, son ancien élève, Clément meurt en exil entre 211 et 216.
Un humaniste chrétien
Une partie des œuvres de Clément ont été perdues ; mis à part une homélie, seuls trois grands ouvrages nous restent.
Le Protreptique, ou Exhortation aux Grecs, est une invitation à la conversion destinée à un public païen. Après la polémique traditionnelle contre les mythes païens, Clément met en valeur la part de vérité contenue dans le message philosophique du paganisme. Mais la vérité totale ne se trouve que chez les Prophètes bibliques et dans le Christ lui-même, qui est la révélation dernière de la vérité absolue.
Le Pédagogue est la suite de ces exhortations sous une forme plus familière, un guide pratique à l’usage du païen converti. Les termes de pédagogue et de pédagogie, souvent employés, disent clairement le but de l’ouvrage.
Les Stromates, ou Tapisseries (nous dirions maintenant « Mélanges »), sont un traité de huit livres sur des sujets dont la diversité donne à l’ensemble une allure assez disparate. L’ouvrage s’adresse à un large public qu’intéressent les problèmes philosophiques et il étudie surtout les rapports entre la culture grecque et le christianisme : il est inachevé et, s’il paraît mal composé, c’est que la mort empêcha Clément de mettre au point le plus long de ses écrits.
Les anciens auteurs ont donné à Clément d’Alexandrie le titre de « saint », mais l’Église des siècles postérieurs ne l’a pas inscrit au catalogue officiel des saints. Érudit, Clément n’est guère connu que des érudits : la présentation intellectuelle de son œuvre n’a pas attiré la piété populaire, et même certaines sectes gnostiques ont fait un mauvais usage de ses idées parfois imprécises ou nuageuses. À un siècle épris de philosophie, « Platon éclairé par l’Ecriture », il a présenté la pensée chrétienne comme la seule vraie philosophie. Dans le développement du christianisme, Clément d’Alexandrie a été le premier humaniste chrétien.
I. T.
G. Lazzati, Introduzione allo studio di Clemente Alessandrino (Milan, 1939). / M. Pohlenz, Klemens von Alexandrien (Göttingen, 1943). / C. Mondésert, Clément d’Alexandrie (Montaigne, 1944). / C. Camelot, Foi et gnose chez Clément d’Alexandrie (Vrin, 1945). / E. F. Osborn, The Philosophy of Clement of Alexandria (Cambridge, 1954). / P. Valentin, Clément d’Alexandrie (Éd. ouvrières, 1963). / A. Méhat, Étude sur les « Stromates » de Clément d’Alexandrie (Éd. du Seuil, 1967).