Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Aix-en-Provence (suite)

La croissance récente

Le plan directeur d’aménagement urbain de 1961 prévoit les tendances nouvelles, mais en se fondant sur l’hypothèse d’une expansion démographique lente. Les immeubles collectifs apparaissent : Saint-Eutrope dans la partie septentrionale (vers Sisteron) regroupe 7 000 habitants répartis dans 2 000 logements ; on compte 4 000 personnes pour 1 200 logements sur la route de Vauvenargues, au-delà du lycée Cézanne, vers le nord-est ; les habitants nouvellement installés sont 4 000 au Val-Saint-André, sur la route de Nice ; au sud enfin s’établissent près de 10 000 personnes réparties dans plus de 2 500 logements vers la Fenouillères et Pont-de-l’Arc, sur la route de Marseille. Avec ces nouvelles implantations, la limite contraignante des installations ferroviaires a été franchie. Là où se trouvaient des prés irrigués se dressent les ensembles d’habitation qui masquent mal parfois le parcellaire hérité d’une longue histoire rurale. Cette explosion périphérique, anarchique ou canalisée, est révélatrice d’un dynamisme urbain ; mais les logements à vocation sociale, encore peu répandus, l’inadaptation de la voirie, la déficience des équipements collectifs et des centres commerciaux montrent bien que tous les problèmes sont loin d’être résolus. À côté des améliorations en cours, la mise en place d’une Z. U. P. apparaît comme un des remèdes possibles à l’extension urbaine. Située au sud-ouest de la ville, elle abritait déjà 7 000 habitants en 1970. Les étapes de la croissance urbaine, qui se traduisent à l’heure actuelle par la coexistence d’un vieux centre historique préservé et d’une Z. U. P. en cours d’implantation, révèlent l’ampleur de l’urbanisation actuelle.

Aix n’apparaît pas encore sur la liste des 30 premières agglomérations du pays (alors que Marseille se situe au troisième rang), mais l’évolution du chiffre de population montre une croissance récente accélérée. La population, qui s’élevait à 26 000 habitants dès 1765, n’atteignait pas encore 30 000 habitants en 1921 ; elle dépasse ensuite 40 000 habitants en 1936, 50 000 habitants en 1964 et avoisine 113 000 habitants en 1975. Avec la Seconde Guerre mondiale arrivent les réfugiés des régions envahies. Les retraités s’installent. Vers 1960, les grands travaux régionaux, puis l’afflux d’une masse de réfugiés d’Afrique du Nord contribuent à l’expansion. Entre les deux recensements de 1962 et 1968, la région Provence-Alpes - Côte d’Azur avait augmenté de 17 p. 100, l’agglomération marseillaise de 14,6 p. 100, mais la population d’Aix s’était accrue d’un tiers. Aix grandit deux fois plus vite que sa région ; la ville ne peut plus apparaître comme une cité moyenne gênée par l’essor de sa voisine méditerranéenne. Elle évolue au même rythme que les communes de l’agglomération marseillaise, et cet essor est dû à des bilans migratoires toujours positifs, bien supérieurs au solde naturel.

Cette vitalité reste liée à l’université et aux différents services offerts par la ville, mais aussi à des activités extérieures à l’agglomération grâce à la présence des industries du secteur oriental de l’étang de Berre et au centre voisin de Cadarache, pour lesquels Aix joue un rôle résidentiel grâce à l’attrait de son site et à la valeur de ses équipements. Plusieurs instituts ont été créés pour les étudiants étrangers et la ville est animée chaque été par un festival de musique renommé. À Aix, siège de la cour d’appel, sont également domiciliés Services météorologiques, Eaux et Forêts, Conservation des hypothèques, Direction des bases aériennes.

Longtemps gêné, Aix est désormais intégré à l’espace marseillais et la ville profite des échanges avec son ancienne rivale. La hiérarchie des centres d’attraction communale montre que sa zone d’influence dominante se situe essentiellement au nord et qu’elle recoupe au sud celle de Marseille au niveau de Gardanne. La polarisation des pouvoirs de direction permet de classer Aix dans les centres régionaux, pour le nord des Bouches-du-Rhône. La ville souhaiterait trouver une assise industrielle qui consoliderait sa croissance sans renier l’élégance toute classique de sa physionomie.

Aix-en-Provence conserve un atout important avec son établissement thermal ouvert toute l’année et où l’on traite les affections vasculaires (phlébites, artérites), gynécologiques et articulaires (post-traumatiques et rhumatismales).

R. D. et R. F.


Aix-en-Provence, ville d’art

Proche d’Aix-en-Provence, l’oppidum celto-ligure d’Entremont (iiie s. av. J.-C.) est d’un intérêt majeur pour la connaissance de l’art gaulois, malgré sa destruction en 123 av. J.-C. De la ville romaine, les invasions barbares ne laissèrent debout que des vestiges insignifiants.

Au Moyen Âge, le palais-forteresse des comtes de Provence, édifié sur les ruines mêmes du prétoire romain, fut le centre d’une cour raffinée et puissante. Face à la ville comtale, l’archevêché regroupait la ville archiépiscopale, c’est-à-dire le Bourg-Saint-Sauveur. La première cathédrale romane, élevée vers 1080 à la place du temple d’Apollon — et près d’un baptistère chrétien du vie s. encore conservé —, est remplacée au xiie s. par la nef du Corpus Domini, voûtée en berceau, s’ouvrant sur un charmant cloître aux arcades en plein cintre et à chapiteaux sculptés. La cathédrale s’agrandit en 1285 d’une haute nef gothique accolée au vaisseau roman. Le xve siècle lui apportera le fameux triptyque dit du Buisson ardent, peint par Nicolas Froment en 1476 pour le roi René et sa seconde femme, Jeanne de Laval, qui sont représentés en donateurs. Non moins célèbre, le tableau de l’Annonciation, dû à un maître resté anonyme (v. 1443), est conservé à l’église de la Madeleine. Du début du xvie s. datent les vantaux sculptés du portail de la cathédrale et la suite de tapisseries figurant l’Histoire de la Vierge et l’Histoire de la Passion, chef-d’œuvre des lissiers flamands exécuté à l’origine pour la cathédrale de Canterbury et acheté par un chanoine du chapitre d’Aix au xviie s.