Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cirque (suite)

Les principaux sauts sont le twist, qui désigne un saut oblique avec demi-pirouette, le full-twist, qui est une double pirouette, le flip-flap, saut en souplesse. Généralement, les troupes arabes offrent un échantillonnage complet de tous les sauts possibles. Il y a aussi les sauts pris sans élan naturel, soit avec la batoude américaine, soit avec la bascule. Les sauts à la bascule sont une spécialité hongroise (Hallassy, les Larrible, Pusztai, les Morways). On a vu également des sauteurs s’élancer d’une sorte de balançoire pour bondir à travers la piste (les Fercos, les Amoros).

Certains sauteurs adoptent une apparence volontairement comique ; ils sont alors présentés comme cascadeurs. Leur accessoire principal est une chaise ou un banc. Ce sont eux qui, sans en avoir l’air, perpétuent peut-être le plus littéralement l’art primitif du saltimbanque, celui qui, étymologiquement, « sautait sur le banc ». Le type du numéro des cascadeurs est animé par des acrobates, souvent travestis en marins qui feignent l’ivresse, titubent, se giflent, s’empoignent, entremêlent leurs mimiques de pirouettes, de sauts, de chutes, de glissades ultra-rapides (les Craddocks, les Ghezzi, les Johnsonn, les Plattas, les Tonellys).

Otons aux cascadeurs leur tenue fantaisiste, calmons leurs mouvements désordonnés et nous avons le pur travail athlétique appelé mains-à-mains, qui devient parfois le numéro désigné par « art et force » sur le programme. Là, deux, voire trois acrobates particulièrement musclés se soulèvent entre eux, formant des figures renouvelées de celles représentant les athlètes de l’Antiquité (les Athéna, les Kemmys, les Mangini, les Omanis). Certains, grâce à un enduit recouvrant leur corps, figurent des statues de bronze, de cristal, d’argent ou d’or (les Apollo).

Les athlètes de cirque travaillent parfois en « solitaire » ; ils sont alors « briseurs de chaînes » (Joe Breitbart) ou « leveurs de poids » (Massis). Dans ce dernier cas, ils prennent aussi le nom d’hommes-canons (Vigneron) lorsqu’ils utilisent comme haltères un affût de canon.

Les acrobates athlétiques peuvent pratiquer une sorte de jonglage, le « lancé porté » : une jeune femme est le poids vivant que se lancent deux athlètes sur un rythme de danse (les Gripp, les Fred Ilès).

La contorsion (Klischnig, Barbara la May, Albert Powell, Karey, les Bennett, Fatima Zohra) est une discipline particulière. Il y a deux sortes de contorsionnistes : les disloqués en arrière et les disloqués en avant ; les premiers sont les classiques « hommes-serpents », les seconds sont appelés « hommes-grenouilles », titres qu’ils précisent les uns et les autres par une tenue ad hoc. Sont dénommés « caoutchoucs » les acrobates qui cumulent ces deux dislocations en y ajoutant la désarticulation, troisième spécialité des contorsionnistes, celle qui leur permet de se déboîter les épaules, de faire virer complètement leurs bras dans l’axe de leur corps ou d’exécuter toute une gamme de grands écarts, en avant, en arrière, horizontaux ou verticaux, de se loger dans une boîte de dimensions réduites (Chester Kingston, Miss Dora, Rocky Randall) ou de feindre d’être une poupée de son (Joe Kay) que malmènent des partenaires burlesques.

Comme le saut, l’équilibre est à la base de bien des numéros ; toutefois sont qualifiés d’équilibristes ceux qui, recherchant au maximum les positions instables pour leur corps ou leur matériel, centrent tous leurs exercices sur cette instabilité. Les uns s’équilibrent sur des tables (les Taniar), des verres, des chaises étagées, d’autres sur des rouleaux croisés et en mouvement (Monroe), d’autres encore sur une canne (Little John) ou un doigt (Unus, Tay Ru).

Il y a aussi des équilibristes sur échelles. Celles-ci, simplement posées sur le sol, sont maintenues verticalement par l’acrobate grâce à un permanent mouvement des hanches, dans le numéro dit « des échelles libres » (les Medini). Et l’on ne saurait oublier le classique équilibre sur boule, corsé par la montée et la descente d’un plan très incliné (les Rodge, les Dors).

Une autre spécialité de l’acrobate-équilibriste est la perche. Il y a trois sortes de perchistes : ceux — les plus nombreux — qui travaillent sur une perche portée par un partenaire (les Gambys), ceux qui évoluent sur perche libre, c’est-à-dire sur un mât plus ou moins haut (Fattini), et ceux qui s’accrochent à des perches suspendues (les Berty - Borrest).

La perche portée peut l’être de cinq façons : sur l’épaule, en ceinture (posée dans une sorte d’étui accroché à la ceinture du porteur), sur le front, sur un bras ou encore sur la plante du pied. Dans ce cas, le perchiste est aussi « antipodiste ».

Les exercices à la perche portée consistent, pour le voltigeur, en « drapeaux » par les mains et par les pieds, ces derniers à l’aide d’une staffe (anneau de cordage ou de cuir), en équilibres de mains ou de tête. Des jongleries, voire des solos musicaux au clairon ou au violon, viennent parfois compliquer ces exercices.

Quant à la perche suspendue, elle est soit attachée sous la coupole du cirque, soit tenue par le porteur « à l’envers », c’est-à-dire accrochée par les jambes à un agrès.

Le numéro de perchiste fut introduit en Europe par des Asiatiques. Au bambou originel des perches orientales a succédé le tube d’acier télescopique, qui a d’ailleurs permis la multiplication des numéros de perche libre à grande hauteur. La perche libre, qui, bien qu’amarrée à sa base, oscille vertigineusement lors de la montée ou des équilibres de l’acrobate, est un numéro très spectaculaire.

Les numéros de cyclistes, qui furent tout d’abord des numéros de vélocipédistes, se sont surtout popularisés au début du xxe s. À bicyclette, les acrobates exécutèrent tout ce qui se réalisait à cheval (Arthur Klein Family) et même plus si l’on songe au fameux « looping the loop » (les Ancilloti). Les cyclistes utilisent aussi leurs bicyclettes comme agrès d’équilibre (les Ballan, les Thérons).

Les patineurs s’apparentent aux cyclistes par leur mobilité, et avec eux on assiste à une version ultra-rapide de l’équilibre avec l’étonnante vision de quelque jeune femme suspendue par une staffe au cou de son partenaire pour une révolution à l’horizontale, tandis que celui-ci vire le plus rapidement possible sur une plate-forme circulaire (les Avallon, les Whirlwinds).