Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cirque (suite)

Au numéro de voltige peut se rattacher celui que l’on appelle « la poste ». Dans cet exercice, l’écuyer (André Rancy, Emilien Bouglione) arrive en piste avec deux chevaux, un pied posé sur chacun d’eux ; les montures trottent de front avec un certain espace entre elles, et la position de leur conducteur est légèrement arquée, car entre ses jambes doivent passer un par un d’autres chevaux dont il attrape les guides, devenant ainsi conducteur d’un attelage.

Proche de cette attraction est celle des jeux romains, où ne figurent que deux ou quatre chevaux, évoquant un bige ou un quadrige.

La haute école au cirque, sans être aussi académique que celle de Saumur ou de Vienne, est le numéro d’art du programme. Le cavalier (ou la cavalière) fait exécuter à sa monture des galops, des voltes, des piaffes et le spectaculaire pas espagnol (Baucher, James Fillis, Albert Carré, Schumann, les Rancy, Vasconcellos, Moeser, Knie, Dany Renz, Sabine Rancy).

« Le cheval et la danseuse » est une variante du numéro de haute école classique. Le cavalier et sa monture sont rejoints par une ballerine « à terre » qui, avec grâce et élégance, imite les pas du cheval.

Une autre variante est la présentation d’un cheval non monté mais dirigé par un écuyer qui le suit à pied en maniant de longues guides (José Moeser). Ce numéro est parfois pimenté d’un fulgurant saut plané du cheval appelé capriole (Alexis Gruss, Freddy Knie).

Peut se rapprocher du numéro de haute école celui de la « statue équestre ». Une écuyère, toute de blanc vêtue, fait monter son cheval également immaculé sur une petite estrade et lui impose l’immobilité tandis que jouent les lumières sur ce tableau vivant.

Le numéro dit « d’élévation » englobe les acrobaties à cheval, notamment les pyramides d’écuyers, les tête-à-tête, les colonnes et certains « pas de deux » athlétiques (les Frediani, les Pissiuti, les Caroli).

Enfin, les chevaux de cirque sont parfois dressés (par Glasner, Rossi Rosaire, par exemple) à jouer les « savants », les « acrobates », les « comédiens ».

Dans le premier cas, le cheval semble se livrer à quelques simples calculs et « sait » désigner la plus jolie spectatrice ; le cheval acrobate, lui, saute divers obstacles, s’équilibre sur des cylindres animés, se balance, plonge, devient funambule, ou encore contorsionniste, dans un vieux numéro forain dit « le cheval caoutchouc » ; le cheval comédien interprète de petites saynètes, feint d’être blessé, de rire, de se moquer de son maître et joue au « musicien ».


Les clowns

Aux numéros équestres vinrent tout d’abord s’ajouter des numéros comiques, qui créaient une plaisante diversion. Ostensiblement gauches, les artistes, dont l’allure et le costume évoquaient quelque campagnard balourd ou malicieux, furent appelés clowns en France comme en Angleterre, où ce mot signifiait « paysan ».

À l’origine, le clown était naturellement écuyer et acrobate. L’évolution du personnage se matérialisa, au fil des ans, par un dédoublement de sa personnalité, ce qui donna naissance à deux types distincts d’amuseurs de piste : le faire-valoir, à la face blanchie et aux costumes pailletés et scintillants, qui reste pour nous le vrai clown (tels Alex, Antonet, Bocky, Foottit, Ilès, Maiss, Manetti, Pipo), et son partenaire, le pitre au maquillage outrancier et aux vêtements grotesques, que l’on nomme auguste (Beby, Charlie Cairoli, Charlie Rivels, Chocolat, Dario, Emmet Kelly, Mimile, Popov, Porto, Rhum, Zavatta).

Cette appellation d’« auguste » est née de la déformation d’une expression populaire allemande signifiant « idiot », qui jaillit spontanément de la bouche des spectateurs d’outre-Rhin à la vue d’un palefrenier maladroit (Tom Belling) qui créa ainsi, plus ou moins consciemment, le rôle.

Les duos clownesques qui donnèrent naissance à quelques équipes du rire dont le succès est demeuré légendaire (Foottit et Chocolat, Antonet et Beby, Ilès et Loyal, etc.) se muèrent parfois en trio, surtout après l’engouement que manifestèrent les Parisiens pour trois frères : Paul (1877-1940), François (1879-1951) et Albert (1885-1961) Fratellini.

Dans le trio clownesque (les Andreu-Rivels, les Dario-Bario, Cairoli, Porto, Carletto), il y a deux augustes aux silhouettes parfois différentes, parfois identiques (comme chez les Espagnols Rudi Llatta). Mais, alors que les duos jouent souvent de petites comédies dialoguées et musicales, les trios interprètent plutôt des sketches à accessoires qui transforment la piste en un extravagant chantier jonché d’objets hétéroclites et truqués (les Francesco).

Très proches des clowns sont les excentriques. Leur talent est souvent mieux goûté au music-hall ; toutefois, leur présence a enrichi les pistes de rires neufs (Charlie Rivels, Joe Jackson, Frank Pichel, les Pierrotys, Mac Ronay, Maria Valente, Nello, Don Saunders, Pierre Etaix). Grock (Adrien Wettach, 1880-1959) fut le plus célèbre des excentriques.


Le régisseur

Près des clowns et proche de tous les numéros, il y a un personnage dont l’importance est capitale dans un cirque : le régisseur. On l’appelle « monsieur Loyal », car plusieurs générations portèrent ce nom et marquèrent le rôle. Monsieur Loyal vient le premier solliciter l’attention du public ; il fait les annonces, stimule les rappels, donne la réplique aux clowns et aux augustes, se mêlant parfois à leurs jeux ou sanctionnant leurs facéties. C’est un parfait maître de la cérémonie du spectacle.


Les acrobates

L’acrobatie a de multiples aspects au cours d’un spectacle de cirque. On en distingue deux sortes principales : les acrobaties « à terre », ou « au tapis », et les acrobaties « aériennes ».

L’acrobate au tapis — ainsi appelé car le tapis est l’accessoire principal de ses évolutions — est sauteur, cascadeur, athlète, contorsionniste, équilibriste, cycliste, patineur, perchiste, barriste.

Le saut est à la base de la majorité des acrobaties. Autrefois, chaque artiste se devait d’enrichir son travail de quelques bonds ; il remerciait ainsi les spectateurs de leurs applaudissements, quelle que soit sa personnalité artistique ; par ailleurs, lors du « final », toute la troupe empruntait la batoude pour revenir saluer.