Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cinéma (suite)

Cinémas d’art et d’essai

En France, la première salle « d’art et d’essai » fut le Vieux-Colombier (fondé en 1924, dans le local du théâtre, par Jean Tedesco). Deux ans plus tard, Armand Tallier et Laurence Myrga ouvraient le Studio des Ursulines. De nombreuses petites salles suivirent : on les appelait alors salles spécialisées ou studios d’avant-garde. Aux États-Unis, les salles similaires sont dénommées Art Houses.

En 1950, le critique cinématographique Jeander prit l’initiative du contrôle artistique d’une salle parisienne et, sous le patronage de l’Association des critiques français de cinéma, lui donna le nom de Cinéma d’art et d’essai ; cette salle était alors située au cinéma les Reflets, avenue des Ternes.

Quelques années plus tard, cinq salles parisiennes, Agriculteurs, Ursulines, Cardinet (salle maintenant disparue), Studio Parnasse et Cinéma d’essai se groupaient pour fonder l’Association française des cinémas d’art et d’essai (A. F. C. A. E.).

Le nombre des salles d’art et d’essai augmenta rapidement en France (plus de 370 en 1972). Les salles « classées » officiellement — une commission d’examen et de contrôle des programmes fonctionne au Centre national du cinéma — bénéficient d’un léger allégement fiscal et de quelques facilités d’ordre pratique et réglementaire. Les cinémas d’art et d’essai doivent, en principe, passer un certain nombre (pouvant aller jusqu’à 80 p. 100 pour Paris) de films « classés » (les 20 p. 100 de films restants ne devant toutefois pas être d’une qualité artistique rédhibitoire).

Suivant l’exemple français, d’autres salles d’art et d’essai se créèrent en Europe (Allemagne fédérale, Belgique, Pays-Bas, Pologne, Tchécoslovaquie, Suisse, etc.), et, à l’instigation de la France, fut fondée une Confédération internationale des cinémas d’art et d’essai (C. I. C. A. E.).


Les ciné-clubs

Ce sont des organisations privées, régies en France par la loi de 1901 sur les associations à but non lucratif, qui groupent des cinéphiles et les réunissent pour des projections de films ; ces projections sont, en principe, suivies de débats. En France, leur origine remonte à 1925 avec la fondation, par Charles Léger, du club Tribune libre du cinéma. Cette création fut suivie de plusieurs autres : les Amis de Spartakus, qui donnaient en général des films soviétiques alors interdits par la censure ; le Ciné-Club de Nice, animé par Jean Vigo ; le Ciné-Club de Paris ; le Ciné-Club 32 ; le Ciné-Club de la femme ; le Cercle du cinéma, fondé en 1936 par Henri Langlois et Georges Franju, et qui est à l’origine de la Cinémathèque française. À ces ciné-clubs vinrent s’ajouter en 1938 le Ciné-Club des Amis de Pour vous (hebdomadaire de cinéma édité par le journal l’Intransigeant) et le Ciné-Club des 5.

Dès 1945 commença la période la plus florissante des ciné-clubs dont le nombre s’accrut énormément en France puis à l’étranger. À Paris, les plus importants furent alors le Ciné-Club des 9, celui de la Chambre noire et le Ciné-Club de Chaillot (dans la salle du musée de l’Homme).

Les ciné-clubs doivent, en principe, se fournir en films par l’intermédiaire d’une des fédérations habilitées.

Les cinémas d’art et d’essai (notamment à Paris) ont pris en grande partie la relève des ciné-clubs. Cependant, ceux-ci, qui peuvent s’enorgueillir d’avoir beaucoup contribué à la formation du public, sont encore nombreux en France, qu’ils soient privés ou liés à des organismes confessionnels ou laïques.


Les cinémathèques

La cinémathèque est un organisme chargé d’assurer la conservation des films. En France, la première, consacrée aux courts métrages et aux films pédagogiques, fut la cinémathèque de la Ville de Paris, créée en 1919 sur l’initiative de Victor Perrot.

Après avoir ouvert un ciné-club où il ne montrait que des vieux films, Henri Langlois fonda (avec Georges Franju, Jean Mitry et l’aide de Paul Auguste Harlé, directeur d’une revue corporative de cinéma) la Cinémathèque française. Par la suite, cet organisme privé fut reconnu d’utilité publique, puis subventionné. Après les événements de 1968 (limogeage, puis réintégration d’Henri Langlois), le gouvernement français a créé une Cinémathèque nationale, dont les locaux et dépôts de conservation sont situés à Bois-d’Arcy, près de Versailles.

Des cinémathèques du même genre existent à New York (Muséum of Modem Art), à Londres (British Film Institute), en Allemagne (Deutsches Institut für Filmkunde et Deutsche Kinemathek), en U. R. S. S., en Pologne, en Tchécoslovaquie, au Canada, en Italie, en Suisse, en Belgique. Ces organismes se sont groupés en 1945 au sein de la Fédération internationale des archives du film (F. I. A. F.) ; Henri Langlois, après avoir fait adhérer sa cinémathèque à la F. I. A. F., s’en est séparé.

Les cinémathèques ne détiennent pas (sauf exceptions) les droits de représentations des films. En France, cependant, une tolérance existe (sauf interdiction expresse des ayants droit) qui, en principe, permet que les films soient projetés en public un maximum de trois fois (non consécutives) dans l’année. À Paris, les projections organisées sous la direction d’Henri Langlois ont lieu dans les salles de la rue d’Ulm et du palais de Chaillot.


Le cinéma d’amateur

Le nombre des particuliers utilisant une caméra de format réduit augmente tous les jours. La plupart emploient les films de formats les plus économiques, le 8 mm (et surtout le super 8). Les plus exigeants ou les plus fortunés utilisent le format 16 mm.

Des clubs où des cinéastes amateurs se réunissent existent un peu partout. À Paris, les plus importants sont le Club des amateurs cinéastes de France (C. A. C. F.) et la Société des cinéastes amateurs (S. C. A.). La plupart des clubs d’amateurs sont affiliés à la Fédération française des clubs de cinéma d’amateur.


Les festivals

Aussi bien en ce qui concerne le cinéma professionnel que le cinéma d’amateur, de nombreux festivals nationaux et internationaux ont lieu périodiquement. Certains sont immuables, d’autres plus ou moins éphémères. Les festivals internationaux les plus importants sont ceux de Cannes, de Venise, de Berlin, de Moscou, de Locarno, de Saint-Sébastien, de Karlovy Vary, de Mannheim, etc. Il faut également signaler ceux de Tours (remplacé en 1972 par Grenoble) et d’Oberhausen, pour les courts métrages, et ceux d’Annecy et de Mamaïa, pour les films d’animation.