Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cinéma (suite)

Le distributeur assure également la distribution du matériel publicitaire, loué ou vendu en ce qui concerne les photos et les affiches. Il s’occupe aussi de la fourniture à la salle des copies d’exploitation ainsi que de leur entretien et de leur vérification. De plus en plus, des firmes de « groupage » déchargent les maisons de distribution du soin de la « distribution physique » (publicité et films, séparément ou non).

Le service comptabilité du distributeur reçoit et vérifie le bordereau de recettes envoyé par la salle, qui, en France, en envoie également un exemplaire au contrôle du Centre national du cinéma (C. N. C.). Enfin, le distributeur envoie au producteur la part qui lui revient sur les recettes.

Les droits d’exploitation commerciale d’un film sont presque toujours limités dans le temps (le plus souvent à sept ans), tout comme les droits théâtraux ou littéraires (en général plus longs et limités pour les ayants droit à cinquante ans).

Cette limitation explique pourquoi tant de films disparaissent des écrans au bout d’un certain temps, certains à jamais et d’autres jusqu’à ce que leurs droits soient reconduits ou rachetés par une autre firme. Après expiration, les droits reviennent au producteur et au scénariste s’il s’agit d’un sujet original, à l’auteur ou à ses héritiers s’il s’agit d’une adaptation. Cela explique les nombreux « remakes », ou nouvelles moutures cinématographiques périodiques.

Au bout de cinquante années (périodes de guerres exclues), les droits d’une œuvre tombent dans le domaine public ; ainsi, les œuvres anciennes se trouvent-elles exemptes de tout droit de représentation commerciale.

Enfin, le distributeur assure les frais de tirage des copies, ainsi que les frais de douane et de doublage pour les films étrangers.


L’exploitation

Le cinéma fut, on le sait, à l’origine une curiosité d’abord scientifique, souvent donnée en même temps que des démonstrations de rayons X.

Cependant, il ne tarda pas à devenir un spectacle que l’on exhiba dans les lieux les plus divers, allant du musée à la baraque foraine, en passant par les salles de café, les jardins d’hiver des casinos, les cafés-concerts, les grands magasins (Dufayel), les salons privés. À l’origine, on utilisait souvent, à défaut d’électricité, la lampe (chalumeau) oxhydrique, ce qui n’était pas sans risques ; en 1897, une de ces lampes provoqua l’incendie du Bazar de la Charité, à Paris.

Aux États-Unis, après l’utilisation individuelle des appareils à oculaires d’Edison, les premières salles de projections cinématographiques s’appelèrent populairement Nickelodeons, parce que l’entrée y coûtait 5 cents (une pièce de nickel).

À Paris, ce n’est qu’à partir de 1906 qu’on assista à l’ouverture de salles spécialement conçues pour le cinématographe. Les trois premières furent : le Cinématographe Lumière, le Cinéma Bonne-Nouvelle, le Cinématographe du boulevard Poissonnière. À la même époque, le music-hall Moulin-Rouge accueillait le « cinéma parleur de la maison Gaumont ».

À Paris, la première salle d’exclusivité équipée en 1928 pour le film sonore et parlant fut l’Aubert-Palace, boulevard des Italiens.

Avant 1940, les salles d’exclusivité parisiennes passaient en général un seul grand film, avec un complément composé de courts métrages et d’actualités. Par contre, les salles de quartier donnaient régulièrement deux grands films couplés à chaque programme hebdomadaire.

Dans les grandes salles, les films muets étaient accompagnés musicalement soit par un orchestre, soit, plus modestement, par un ou deux instrumentistes (piano-violon). La plus grande salle d’Europe est le Gaumont-Palace de Paris, qui contint jusqu’à 6 500 places, et qui avait été construit à la place de l’ancien Hippodrome couvert. Aux États-Unis, la plus vaste est le Radio-City Cinema-Music-Hall de New York (plus de 7 000 places).

Certaines très grandes salles d’exclusivité donnaient entre 1930 et 1938, sur scène, avant le film, des « mini-revues » luxueuses, à la manière de certaines salles américaines ; de nombreuses salles de quartier passaient des attractions (numéros de cirque ou de music-hall, chanteurs ou chanteuses). À partir de 1928, certaines salles parisiennes (Paramount-Opéra, Gaumont-Palace, Rex, Marignan, etc.) utilisèrent un écran géant à caches mobiles qui permettait de projeter des séquences très agrandies de films (grandes scènes de batailles, etc.) ou d’actualités. Ces grandes surfaces permettaient également d’agrémenter la projection des génériques d’un environnement par jeux de lumières ou projections dessinées changeantes.

Ces grandes salles avaient également en général un orgue électrique et parfois un système de fontaines lumineuses (comme au Rex, à Paris, première salle « atmosphère » d’Europe).

Une grande partie des salles appartiennent à différents circuits (chaînes de cinémas multiples) ou sont groupées par intérêt en différentes combinaisons (immuables ou variables) ; de moins en moins nombreuses sont celles qui restent totalement indépendantes.

Les différents stades de l’exploitation commerciale d’un film sont :
1o la première exclusivité (pour accélérer la « remontée » et le volume des recettes, il existe désormais le plus souvent un système d’exclusivités multiples, le film sortant en même temps sur plusieurs salles, alors qu’avant 1939 un film ne faisait en principe son exclusivité, de plus longue durée, que dans une seule salle) ;
2o l’exclusivité secondaire ou de continuation ;
3o la sortie générale ;
4o la deuxième vision ;
5o les reprises.

L’exploitant prend en charge la publicité de la salle. Pour l’exclusivité, la publicité de lancement est en général prise en compte par la maison de distribution. Le transport des films est à la charge des salles.


Exploitation « substandard »

Des exploitants ambulants, ou « tourneurs » (qui tendent à disparaître), donnent des séances, en général rurales, dans des locaux non spécialement aménagés ; ils utilisent des appareils portatifs projetant des programmes commerciaux tirés sur copies 16 mm sonore, par réduction photographique de versions standards 35 mm. Ils louent généralement au forfait leurs programmes aux firmes.