Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

agriculture (suite)

On comprend donc que beaucoup de spécialistes et d’hommes politiques se montrent aujourd’hui pessimistes en ce qui concerne la situation de l’agriculture dans le monde. On prend conscience de l’impossibilité qu’il y a à maintenir, durant de longues périodes, des taux de croissance de production voisins de 3 p. 100. Or il faudrait dépasser ce taux, si l’on voulait améliorer rapidement la situation alimentaire de l’ensemble de l’humanité.

On est pourtant peut-être moins alarmiste qu’il y a quelques années. La situation des pays tropicaux, théâtre des explosions démographiques les plus rapides, semblait particulièrement catastrophique, car on ne trouvait pas les moyens de provoquer l’augmentation des rendements et des récoltes. Les conditions se transforment. Les progrès de la sélection végétale et animale, la connaissance accrue du rôle des matières organiques dans le sol, les oligo-éléments, la défense antiparasitaire ont permis d’obtenir des rendements que l’on croyait jusque-là réservés aux seuls pays du monde tempéré. On arrive à associer de manière intime élevage et culture, ce qui permet d’améliorer les deux. Enfin, les engrais chimiques se montrent efficaces dans la lutte contre les déficiences de sols trop longtemps exposés au lessivage qui suit les chutes de pluie abondantes. Ainsi on assiste à un véritable démarrage de l’agriculture des régions chaudes : le cap difficile est déjà franchi pour certains pays humides, il l’est aussi pour des régions de nuance plus sèche. Et il se peut que, du même coup, l’opposition entre un monde tempéré et développé et un monde tropical, qui regroupe tous les déshérités, soit à la veille de s’estomper. De la solution des problèmes agricoles dépend en effet le démarrage de la plupart des économies sous-développées. On commence à sentir l’obstacle fléchir.

P. C.

➙ Activité économique / Agrumes / Aliment / Alimentation / Arboriculture / Assolement / Betterave / Cadastre / Caoutchouc / Céréales / Constructions rurales / Coton / Développement / Eau / Élevage / Exploitation agricole / Fertilité / Fourrages / Horticulture / Légumineuses / Machinisme agricole / Migrations / Oléagineux / Paysan / Rural (monde) / Rurale (économie) / Sélection végétale / Semences / Sol / Sucre / Textiles / Tropicales (cultures) / Vigne / Viticulture.

 M. Bloch, les Caractères originaux de l’histoire rurale française (Les Belles Lettres, 1931 ; nouv. éd., en 2 vol., A. Colin, 1952-1956). / G. Roupnel, Histoire de la campagne française (Grasset, 1932). / R. Dion, Essai sur la formation du paysage rural français (Arrault, Tours, 1934). / P. Gourou, les Pays tropicaux (P. U. F., 1946 ; rééd., 1966). / D. Faucher, Géographie agraire (Libr. de Médicis, 1949) ; le Paysan et la machine (Édit. de Minuit, 1954). / P. George, la Campagne. Le fait rural à travers le monde (P. U. F., 1956) ; Précis de géographie rurale (P. U. F., 1963). / A. Meynier, les Paysages agraires (A. Colin, 1958 ; rééd., 1967). / W. Allan, The African Husband-man (Edimbourg, 1965). / P. P. Courtenay, Plantation Agriculture (Londres, 1965). / R. Livet, l’Avenir des régions agricoles (Édit. ouvrières, 1965). / A. V. Chayanov, The Theory of Peasant Economy (Homewood, Illinois, 1966). / R. Launay, J.-P. Beaufrère et G. Debroise, l’Entreprise agricole (A. Colin, 1967). / L. Symons, Agricultural Geography (Londres, 1967). / P. Viau, l’Agriculture dans l’économie (Éd. ouvrières, 1967). / P. Lelong, les Marchés agricoles (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1970). / H. de Farcy, Economie agricole (Sirey, 1971) ; l’Espace rural (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1975).

Agrippa (Marcus Vipsanius)

Général et homme politique romain (63 - Campanie 12 av. J.-C.).


Sa destinée est liée à celle d’Auguste*. D’origine modeste, il est le compagnon d’études du jeune Octave (le futur Auguste) et il se trouve avec lui à Apollonia, en Illyrie, lors de la mort de César. C’est lui qui persuade son ami d’aller à Rome réclamer l’héritage du dictateur.

À une force peu commune et à des qualités guerrières Agrippa sait allier le sens de la prudence et de la mesure, la clairvoyance et l’honnêteté. Pline l’Ancien le dit assez rustre, mais ce soldat écrira ses mémoires et un livre de géographie, fréquentera les poètes (Horace, Virgile), collectionnera des statues grecques (l’Apoxyomène de Lysippe) et organisera des expositions d’art à Rome.

Après avoir été chargé de poursuivre Cassius, l’assassin de César, Agrippa prend une part importante à la guerre de Pérouse, au cours de laquelle il fait capituler les partisans italiens d’Antoine (40). Il conduit une opération similaire en Aquitaine et une autre chez les Germains, puis prépare la guerre contre Sextus Pompée, équipant une flotte et créant un port en Campanie, le Portus Julius, issu de la jonction du lac Lucrin au lac Averne. Sextus Pompée est vaincu à Mylae et à Nauloque (36). Agrippa prend enfin part à la bataille décisive d’Actium (31), ce qui fait de lui un artisan essentiel de la victoire impériale. Prudent, il évite de rendre son ami jaloux : il refusera deux fois les honneurs du triomphe.

Dès 33, en qualité d’édile, il entreprend de vastes travaux dans Rome. Pline l’Ancien semble émerveillé par tout ce qu’il arrive à construire en un an : deux aqueducs, l’Aqua Julia (qui passe par la porte majeure) et l’Aqua Virgo (fontaine de Trevi), 700 abreuvoirs, 105 fontaines, 130 citernes, 170 bains publics gratuits. Du même temps datent les thermes d’Agrippa et le Diribitorium, le plus vaste édifice d’une seule portée, qui servait à diverses formalités publiques. La Cloaca maxima est reconstruite. Quelques années plus tard, c’est la réédification au champ de Mars du Panthéon, temple dédié « à tous les dieux ». Grâce à Agrippa surgissent encore le portique de Vipsania Polla, au champ de Mars, les Saepla Julia, un nouveau pont sur le Tibre. En Gaule, il bâtit la Maison carrée et le pont du Gard ; à Athènes, un théâtre, l’Agrippeion, et probablement une nouvelle rampe d’accès à l’Acropole. Il a formé 240 esclaves ingénieurs spécialisés dans ces travaux, et cette équipe, qui dirige une véritable armée de maçons, lui survivra. Il est consul trois fois (la troisième fois en 27) et préfet de la ville (fonction créée pour lui en 21).