Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chrétiennes (littératures) (suite)

Le théologien le plus notable du viiie s. byzantin est Jean Damascène, auteur d’une somme philosophique, hérésiologique et théologique intitulée Source de la connaissance. Les lettres du ixe s. sont dominées par la figure de Photios, patriarche de Constantinople, écrivain brillant et grand érudit dans les domaines les plus divers ; il décrivit le contenu de sa riche Bibliothèque, de première valeur pour les savants d’aujourd’hui en ce qu’il fournit, à grand renfort de citations, l’analyse de nombreux écrits anciens perdus depuis. À la même époque, Siméon Métaphraste illustre l’hagiographie byzantine en constituant une vaste collection de vies de saints et de récits de martyres. Un autre Siméon, dit « le Nouveau Théologien », est un mystique et un poète, qui célèbre l’éclat de la lumière divine intérieure à l’homme en état de grâce ; ces méditations ne sont pas exemptes d’un certain panthéisme, par où Siméon a préparé la voie au quiétisme des hésychastes ; or, on sait que l’hésychasme s’implantera dans les monastères du mont Athos et du mont Sinaï, et qu’il aura pour principal représentant, au xive s., Grégoire Palamas. Quant à l’exégèse, ses principaux représentants byzantins sont, aux xe et xie s., Aréthas, Théophylacte et Euthyme Zigabène.


Le domaine oriental

Par « christianismes orientaux », on entend les chrétientés nationales qui, à partir du ive s. et en étroite union avec les Grecs, se développèrent en Syrie, en Arménie, en Géorgie, en Égypte et en Éthiopie, et qui donnèrent naissance à une littérature écrite en chacune de ces langues. Dans ces trois derniers pays, on se borna à peu près à traduire du grec les textes bibliques, liturgiques et canoniques (ce qui ne veut pas dire que ces traductions mêmes soient dénuées d’importance, dans la mesure où les originaux en ont été perdus ; on sait, par exemple, le retentissement justifié qu’a eu la découverte, en Haute-Égypte — à Nag Hamadi —, d’une bibliothèque gnostique en langue copte, c’est-à-dire égyptienne) ; en revanche, Syriens et Arméniens furent les auteurs d’une production littéraire propre.

Le plus ancien écrivain syrien chrétien est, au milieu du ive s., Aphraates. Mais le plus important est, quelques années plus tard, Éphrem, exégète, théologien (mariologie) et polémiste, dont plusieurs ouvrages subsistent dans l’original syriaque ou en traduction arménienne. Quant à la littérature arménienne, le fondateur en est, au ve s., Mesrop ; après lui viennent Moïse de Khorène et Eznik de Kolb, ce dernier étant connu comme l’auteur d’une apologie de la foi chrétienne, Contre les hérésies.

J. P.

➙ Afrique romaine / Alexandrie / Ambroise (saint) / Antioche / Arménie / Athanase (saint) / Augustin (saint) / Basile (saint) / Byzantin (Empire) / Christianisme / Clément d’Alexandrie (saint) / Cyprien (saint) / Cyrille (saint) / Église catholique / Gnostiques / Grégoire de Nazianze (saint) / Grégoire de Nysse (saint) / Jérôme (saint) / Origène / Orthodoxes / Tertullien.

 M. Schanz, C. Hosius et G. Krüger, Geschichte der römischen Literatur (Munich, 1890-1904 ; 3e éd., 1907-1913 ; 4 vol.). / K. Krumbacher, Geschichte der byzantinischen Literatur (Munich, 1891 ; nouv. éd., 1897). / R. Duval, la Littérature syriaque (Lecoffre, 1899). / W. Schmid et O. Stählin, Geschichte der griechischen Literatur (Munich, 1929). / P. Courcelle, les Lettres grecques en Occident, de Macrobe à Cassiodore (De Boccard, 1948) ; Recherche sur les « Confessions » de saint Augustin (De Boccard, 1950). / J. Daniélou, Origène (la Table ronde, 1948) ; Histoire des doctrines chrétiennes avant Nicée (Desclée, 1958-1961 ; 2 vol.). / J. Pépin, Mythe et allégorie (Aubier, 1958) ; Théologie cosmique et Théologie chrétienne (P. U. F., 1964). / J. Fontaine, Isidore de Séville et la culture classique dans l’Espagne wisigothique (Études augustiniennes, 1959). / E. J. Goodspeed, A History of Early Christian Literature (Chicago, 1966).

christianisme

Religion de ceux qui croient en la divinité de Jésus*, appelé aussi Christ.



Le christianisme des premiers temps (ier-iiie s.)

Ce que l’on remarque chez les premiers Pères de l’Église chrétienne, ceux que l’on appelle les Pères apostoliques, contemporains des Apôtres ou leurs héritiers directs, c’est l’influence sur eux du judaïsme*. On a plus l’impression d’une continuité avec la religion mosaïque que d’une rupture. La jeune Église chrétienne apparaît comme le véritable Israël, et l’Ancien Testament est attentivement scruté à la lumière du Nouveau.

Des croyances juives, on insiste sur celles qui sont relatives à un Dieu transcendant, dont les attributs sont la toute-puissance et la liberté souveraines. C’est le Dieu jaloux et absolu beaucoup plus que le Dieu de bonté. C’est l’auteur de la Loi, qui, si elle est abrogée en ce qui concerne les prescriptions rituelles, demeure valable pour tout ce qui regarde les impératifs moraux, autant, cependant, que ceux-ci ne s’opposent pas au commandement nouveau.

Toutefois, ce qui est neuf, c’est la croyance ferme et définie en la divinité de Jésus et en sa mission salvatrice pour toute l’humanité ; c’est la triple intuition de saint Paul : l’universalité du royaume de Dieu et du salut par la foi, la primauté de l’esprit sur la lettre, la liberté des enfants de Dieu. La croyance chrétienne est fortifiée par toute une vie sacramentaire et communautaire aussi, qui est celle des premiers chrétiens. Les témoignages historiques abondent très tôt en ce qui concerne le baptême et l’eucharistie, mais aussi apparaît très tôt une Église organisée sous la direction de l’évêque. Ce rôle de l’épiscopat, symbole de l’unité dans une même foi, est attesté par saint Ignace d’Antioche au iie s. et par saint Clément d’Alexandrie au iiie s.

Dès cette haute époque se dessine la figure d’une « Ecclesia » hiérarchisée, dont l’épiscopat est à l’origine de sa vie dogmatique et sacramentaire. Mais déjà la figure du Christ semble la pierre d’achoppement qui avait été prédite. Saint Ignace doit combattre une des premières hérésies, celle du docétisme, qui enseignait que l’humanité du Christ n’était qu’une apparence. Il précise, le premier des Pères, ce dogme chrétien essentiel qu’est l’Incarnation. Les sources où il a puisé sont à la fois les Épîtres pauliniennes et l’Évangile de Jean.