Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chostakovitch (Dmitri) (suite)

Les œuvres principales

• 15 symphonies (1925-1971), dont : no 2 avec chœur final, « Octobre » (1927) ; no 3 avec chœur final, « 1er -Mai » (1929) ; no 7, « Leningrad » (1941) ; no 11, « l’An 1905 » (1957) ; no 12, « l’An 1917 » (1961) ; no 13 avec basse solo et chœur de basses, « Babi Iar » (1962) ; no 14 pour 2 voix solistes et 19 instruments (1969).

• 6 concertos (1933-1967), dont 2 pour piano, 2 pour violon et 2 pour violoncelle.

• Musique de chambre : 13 quatuors à cordes (1938-1970), 1 quintette (1940), 2 trios (1923 et 1944), 1 sonate pour violoncelle et piano (1934), 1 sonate pour violon et piano (1968).

• Oratorios : le Chant des forêts (1949), cantate dramatique la Mort de Stenka Razine (1965), mélodies, chœurs, cantates.

• Opéras : le Nez (1927-28), Katerina Izmaïlova (1932-1962), Moscou, quartier Tcheremouchki (1958).

• 3 ballets, musiques de scène et de film.

H. H.

H. H.

 I. Martynov, Chostakovitch (Éd. du Chêne, 1946). / D. A. Rabinovich, Dmitry Shostakovitch (trad. du russe, Londres, 1959). / M. R. Hofmann, Dimitri Chostakovitch (Seghers, 1963).

chouans (les)

Paysans royalistes de l’ouest de la France qui prirent les armes contre la Ire République française.



Introduction

Le décret de février 1793, ordonnant la levée de 300 000 hommes, provoque en Bretagne une sourde exaspération. Cependant, ce n’est point tant l’enrôlement obligatoire qui va causer la rébellion, puisqu’il ne touche que 1 p. 100 de la population ; ce n’est pas non plus l’exécution de Louis XVI (21 janvier 1793), car les Bretons n’oublient pas que la monarchie n’a pas respecté les franchises de leur ancien duché, solennellement jurées par François Ier dans l’acte d’Union de 1532 ; c’est essentiellement la persécution des prêtres et de la religion catholique (un décret de mai 1792 ordonne la déportation des prêtres ayant refusé le serment à la Constitution civile du clergé). Voilà la cause fondamentale qui donne naissance dans le bas Maine et en Bretagne à la chouannerie, très différente par son caractère et son organisation militaire de la guerre de Vendée* et de la Grande Armée catholique et royale. En Bretagne, il n’y aura pas de grandes batailles. De petits groupes de paysans, ayant mis à leur tête pour les commander, souvent par force, des nobles, anciens officiers pour la plupart, se livrent à des coups de main, tendent des embuscades, cachés derrière les haies des chemins creux, puis disparaissent, s’égaillent et retournent à leurs champs jusqu’à la prochaine alerte ou la prochaine affaire.

Auparavant, une organisation plus politique de la révolte, moins profondément populaire aussi, l’Association bretonne, a été fondée clandestinement en décembre 1791 par le marquis Armand de La Rouërie (1750-1793), dont les buts principaux étaient « le retour à la monarchie, le salut des droits de la province et l’honneur breton ». Si l’Association bretonne avait pris fermement position en faveur du trône, c’était à la fois pour lutter contre la Révolution, destructrice des libertés provinciales, et pour imposer au roi le respect absolu de l’acte de 1532 en contrepartie de l’aide apportée par la Bretagne à la restauration de la monarchie. La Rouërie l’avait proclamé nettement dans son manifeste : « Et vous, Bretons, je veux vous aider à recouvrer vous-mêmes les anciennes franchises et les anciens droits qui étaient, à la fois, le rempart le plus solide de votre liberté politique et religieuse comme le plus sûr garant de votre paix intérieure et de la prospérité qu’elle produit. » La conjuration avait avorté par la mort de La Rouerie le 30 janvier 1793.


L’insurrection spontanée

La levée en masse (août 1793) étend la révolte. Encore faut-il observer que la chouannerie se cantonnera en haute Bretagne, dans une partie du bas Maine, qui s’agrégera sous la nom de « Petite Vendée » à la Grande Armée catholique, et, plus tard, en Normandie, avec Louis de Frotté.

L’Îlle-et-Vilaine s’agite. De tous côtés les paysans s’arment et menacent les villes, dont, sauf exception, la bourgeoisie adhère aux idées nouvelles. La chouannerie apparaît dans les Côtes-du-Nord, prend plus d’ampleur dans le Morbihan, mais, faute d’unité de commandement, la flambée n’est qu’un feu de paille. La deuxième Terreur (5 sept. 1793) aggrave la persécution religieuse, ce qui réveille la chouannerie dans toute la Bretagne, sauf le Finistère. Les chefs locaux les plus marquants se nomment Aimé du Boisguy dans le pays de Fougères, Amateur de Boishardy dans celui de Moncontour, Guillemot, qu’on appellera « le roi de Bignan », dans celui de Bignan, Georges Cadoudal (1771-1804), enfin, autour d’Auray. La mort de La Rouërie prive momentanément de direction les bandes éparses, quand apparaît le comte Joseph Geneviève de Puisaye (1755-1827). Normand, député de la noblesse aux États généraux, il est effrayé par le triomphe de la Montagne, en 1792 ; il se cache en Bretagne. Adroit, insinuant, il s’impose vite aux chouans, s’improvise leur général et se met en devoir de coordonner l’insurrection.


La première pacification

En 1794, la persécution religieuse rend la chouannerie plus ardente, de même que son organisation par Puisaye lui confère une valeur militaire jusqu’alors inconnue. La Convention, se rendant compte qu’elle n’en aura pas raison par la force, proclame une amnistie générale le 12 frimaire an III (2 déc. 1794) à condition qu’on dépose les armes dans le délai d’un mois. Les représentants Guezno et Guermeur, députés du Finistère, et le général Hoche, chargé du commandement des troupes de l’Ouest depuis le mois d’août, s’emploient à apaiser les esprits. De prime abord, les chouans n’accordent pas grande confiance à cette tolérance et les négociations connaissent des difficultés. Sur l’insistance de Hoche, la Convention rétablit la liberté des cultes par la loi du 3 ventôse an III (21 févr. 1795). Cette fois, des conférences plus sérieuses se tiennent près de Rennes, où chouans et républicains signent le 30 germinal (19 avr.) le traité de La Mabilais, suivi et confirmé par la loi du 8 floréal (27 avr.), qui accorde amnistie pleine et entière aux chouans.