chœur (suite)
En Allemagne, J.-S. Bach ne disposa jamais que de petits ensembles, qui convenaient d’ailleurs mieux à l’exécution d’œuvres comme la Messe en si mineur et les Passions. Händel, par contre, bénéficia de chœurs plus étoffés, mais ne compromit jamais, pas plus que Bach, l’équilibre entre les parties instrumentales et les parties vocales. C’est tout à fait exceptionnellement qu’en 1737 il dirigea 100 musiciens et 80 choristes, lors de l’exécution, à l’abbaye de Westminster, du funeral anthem qu’il avait composé à l’occasion de la mort de la reine Caroline. Ce n’est guère qu’à la fin du xviiie s. que l’on prit l’habitude, à Londres, de donner les oratorios classiques avec des masses chorales importantes. En 1784, pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de Händel, le Messie fut exécuté par 250 musiciens et 300 choristes sous la direction de J. Bates. Vers la même époque, la Révolution française suscita la fondation de grands chœurs populaires. Des auditeurs nouveaux prirent goût aux concerts publics réunissant de gros effectifs de voix et d’instruments.
Le xixe s. fut, pour une part, le siècle de la musique chorale. Il fut marqué par de grands événements. Citons notamment le festival de Vienne (novembre 1843) organisé par la Société des amis de la musique, où l’on entendit la Création de J. Haydn avec le concours de 988 musiciens, dont 660 choristes, et le festival préparé et dirigé par Berlioz au palais de l’Industrie, le 1er août 1844, qui réunissait 1 022 exécutants. Les grandes réalisations chorales se multiplièrent par la suite dans les festivals de Leeds et de Sheffield ainsi que dans le festival rhénan, célébré en alternance à Cologne, à Düsseldorf et à Aix-la-Chapelle. En France, la première audition de la Passion selon saint Matthieu de J.-S. Bach, organisée par la chorale Concordia, eut lieu en 1886, sous la direction de Ch.-M. Widor, et celle d’Israël en Égypte en 1891, sous la direction de Gabriel-Marie. Il faut aussi citer les exécutions du Messie dues à l’initiative de la Société Händel et dirigées en mai 1910 par Félix Raugel, la création à Vienne, la même année, de la huitième symphonie de Gustave Mahler pour grand orchestre et trois chœurs (Symphonie des Mille), sous la direction de l’auteur, enfin l’audition du Requiem de Berlioz à l’Opéra de Paris (26 novembre 1944), sous la baguette de Charles Munch.
Des compositeurs contemporains comme D. Milhaud et A. Honegger ont tenté de varier et d’enrichir la technique chorale en usant du chœur parlé, pratiqué déjà dans l’Antiquité grecque. L’opposition entre la déclamation parlée et rythmée et la déclamation chantée a été, en intervenant à bon escient, un facteur d’accroissement de l’intensité dramatique.
Depuis 1945, de nombreuses chorales d’amateurs, fondées par des animateurs dévoués et compétents, atteignent parfois à la qualité des chorales professionnelles. Jamais le chant collectif n’a connu une plus grande vogue dans les divers groupes sociaux, au concert et dans la chanson.
A. V.
L. de Rillé, Du chant choral (Perrotin, 1856). / J. Samson, Grammaire du chant choral (Henn, Genève, 1947). / F. Raugel, le Chant choral (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1948 ; 3e éd., 1966) ; l’Oratorio (Larousse, 1950). / P. Kaelin, le Livre du chef de chœur (Kister, Genève, 1949).
