Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chlorures d’acides carboxyliques (suite)

Préparations

Pratiquement, toutes les préparations font appel à l’acide carboxylique ou à un de ses sels alcalins.

Les chlorures d’acides minéraux (ou assimilés) transforment les acides en chlorures d’acides :
R—COOH + PCl5 → OPCl3 + HCl + R—COCl,
R—COOH + SOCl2 → SO2 + HCl + R—COCl,
R—COOH + COCl2 → CO2 + HCl + R—COCl.

OPCl3 transforme les sels alcalins, pris sans excès, en chlorures d’acides :
3 RCO2Na + OPCl3 → OPO3Na3 + 3 R—COCl.

Les chlorures d’acides sont nettement plus volatils que les acides correspondants. Miscibles aux hydrocarbures, ils agissent assez vite sur les fonctions hydroxylées et aminogénées pour que leur solubilité dans l’eau, les alcools, les aminés n’ait guère de sens.


Propriétés chimiques


Réductions

Les chlorures d’acides sont réduits catalytiquement (Pt, Pd) en deux phases :
R—COCl + H2 → HCl + R—CHO ;
R—CHO + H2 → R—CH2OH.

L’arrêt à l’aldéhyde exige l’emploi d’un catalyseur désactivé par chauffage sur support de sulfate de baryum ou par empoisonnement partiel.

Les métaux sembleraient devoir conduire à une réduction duplicative :
2 R—COCl + 2 Na → 2 NaCl + R—CO—CO—R,
mais la dicétone-α est réduite en ion ène-diolate qui agit sur deux nouvelles molécules de chlorure d’acide ; d’où le diester d’ènediol


Action des composés à hydrogène mobile

Le schéma est en général le suivant :
R—COCl + Hρ → HCl + R—CO—ρ.

• Hydracides. L’équilibre
R—COCl + HI ⇌ HCl + R—COI
est très favorable au second membre.

• Eau. L’hydrolyse est instantanée pour les premiers termes et plus lente pour le chlorure de benzoyle :
R—COCl + H2O → R—COOH + HCl.

• Alcools et phénols. L’alcool R′OH (ou le phénol ΦOH) conduit vraisemblablement à un intermédiaire :

Si l’alcool est primaire ou s’il s’agit d’un phénol, ce complexe perd un proton ; d’où la formation de l’ester R—COOR′ ou R—COOΦ.

Mais, s’il est tertiaire, le complexe perd le radical R+ ; d’où le schéma global suivant :
R—COCl + (R′)3COH → R—COOH + (R′)3CCl.
On évite partiellement la seconde évolution en opérant en présence d’une base tertiaire (acylation pyridinée, meilleure préparation des esters).

• Aminés non tertiaires. Elles conduisent à des amides :
R—COCl + 2 HN(R′)2 → (R′)2NH2, Cl + R—CO—N(R′)2.

• Hydrogène lié au carbone. En présence de chlorure d’aluminium, le benzène est acylé :

mais, sans catalyseur, les composés comprenant le groupe —CH2— lié à deux accepteurs sont acylés :


Actions des dérivés métalliques

• Les sels haloïdes lourds (KBr, RI) conduisent à un nouvel halogénure d’acide :
CH3—COCl + KI → KCl + CH3—COI (iodure d’acide).

• Les alcoolates, même tertiaires, engendrent des esters :
R—COCl + R′O → Cl + R—COOR′.

• Les sels d’acides conduisent à des anhydrides :
CH3—COCl + CH3—CO2Na → NaCl + CH3—CO—O—CO—CH3.

• Les organométalliques agissent de deux façons :

On s’arrête assez facilement à la première réaction si R′M est un organocadmien R′—CdCl, plus difficilement si c’est un acétylénique sodé R—C ≡ CNa, plus difficilement encore si c’est un organomagnésien R′MgX.


Propriétés de l’hydrogène en α

• Les chlorures d’acides sont, à chaud, en présence d’une aminé tertiaire qui leur enlève HCl, transformés en le cétène (R)2C = C = O, qui, généralement, se polymérise.

• En présence de chlorure d’aluminium, CH3—COCl se condense à lui-même :

C. P.

choc

En angl. shock, état précaire dans lequel se trouve plongé un malade ou un blessé gravement atteint par un trauma violent ou un trouble intense. Les causes du choc sont très variées, et quelques-unes donnent un aspect particulier à tel ou tel individu.


On distingue ainsi le choc traumatique et le choc hémorragique, souvent contemporains, le choc obstétrical, le choc toxi-infectieux, le choc anaphylactique, le choc d’origine cardiaque, etc., mais on a pu reconnaître des caractères communs à tous les choqués, quelle que soit la cause de leur état.


Mécanismes et signes du choc

Dans presque tous les cas, on retrouve l’incapacité du système circulatoire à remplir ses fonctions de ravitaillement des tissus organiques en oxygène et en substances énergétiques nutritives. Habituellement, cette inaptitude se traduit par le « collapsus cardio-vasculaire », c’est-à-dire la chute de la tension artérielle par diminution du débit cardiaque et, paradoxalement en apparence, par la vasoconstriction dans les territoires périphériques. Ces composants se retrouvant aussi bien dans les chocs non hémorragiques que dans les cas de soudaine spoliation sanguine, il faut supposer que c’est la distribution de la masse sanguine qui est désorganisée et qu’une trop forte proportion de cette masse est immobilisée. Tout se passe comme si le choqué avait perdu une partie de son sang circulant dans ses propres tissus.

Les signes de ces divers désordres sont très variés et rarement réunis. Ils témoignent, dans un premier temps, plus ou moins bref, de la réaction de défense de l’organisme atteint et, dans un deuxième temps, de la défaillance de cette réaction face à une agression trop violente.

La pâleur est un signe toujours présent ; les sueurs sont fréquentes, le pouls est rapide et filant, la respiration est courte et superficielle. La sensibilité générale s’atténue rapidement ; le coma traduit la souffrance cérébrale (directe ou indirecte). La tension artérielle s’abaisse et la température centrale varie dans le même sens, mais avec un retard plus ou moins marqué.

La perte de connaissance suivie de chute est le signe que le cerveau est mal irrigué ; cette chute, en mettant le corps en position horizontale, minimise ce défaut d’irrigation (le sang revient à la tête).

L’agitation est également significative et traduit une souffrance cérébrale moins profonde, mais elle augmente le danger, car elle s’accompagne d’une consommation d’oxygène inutilement augmentée dans des secteurs musculaires sans intérêt.

Actuellement, la plupart des chocs accompagnant des blessures graves chez des individus sains, par ailleurs, sont relativement bien tolérés et surmontés en quelques heures grâce au traitement. Chez les sujets déficients, le cercle vicieux choc - défaillance circulatoire - hypoxie - choc est plus difficile à briser.