Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chippendale (Thomas) (suite)

De Chippendale, qui fut en réalité l’initiateur du style anglais du xviiie s., on connaît un petit nombre de meubles, non signés mais conformes à ses desseins : une coiffeuse, une commode appartenant à une galerie d’art londonienne, une table de lunch, un « guéridon » et plusieurs chaises recueillies par la Victoria and Albert Museum. Thomas Chippendale céda son atelier, en 1778, à son fils Thomas (v. 1749-1822), qui fut peintre et graveur et publia en 1779 un Livre d’ornement.

G. J.

 J. P. Blake, Chippendale and his School (Londres, 1912 ; trad. fr. le Meuble anglais. Période de Chippendale, Hachette, 1924). / A. Coleridge, The Work of T. Chippendale and his Contemporaries in the Rococo Taste (Londres, 1970).

Chirāz

V. d’Iran, capitale de la province du Fārs ; 336 000 hab.


La ville est située à l’extrémité nord-occidentale d’un des principaux bassins du Fārs, commandant ainsi une riche région agricole encore partiellement exploitée en culture pluviale. Elle est d’autre part placée à un point de passage remarquable, sur la route qui conduit des grandes oasis de l’Iran central (Ispahan, Yezd) vers le golfe Persique, à l’endroit où les chaînes du Zagros, continues et difficilement franchissables plus au nord-ouest, s’abaissent et se morcellent. Cet emplacement général devait être nécessairement celui d’une ville importante. Les cités achéménides du Fārs, Pasargades et Persépolis, respectivement à 130 et 60 km au nord de Chirāz, ainsi qu’Istakhr, qui leur avait succédé à l’époque sassanide, avaient déjà mis en valeur cet emplacement. C’est seulement à l’époque islamique que Chirāz prit le relais, dans des conditions assez obscures, développée comme une base musulmane à la fin du viiie s. La ville a vécu dès lors comme un gros centre agricole, remarquable notamment par ses vignobles, dont sa situation routière favorable permettait d’exporter au loin les produits, dans tout le Moyen-Orient et aux Indes. Son rôle d’étape et sa fonction commerciale sont en effet toujours demeurés actifs, au milieu d’un pays parcouru depuis les invasions turco-mongoles par de puissantes confédérations nomades (Qachqāy, Khamsa), où elle est restée le principal pivot de la vie sédentaire. Sous cet angle, sa principale période de fortune se situe à l’époque séfévide (xvie-xviiie s.), et une consécration politique a été apportée par la courte période, sous la dynastie Zend (1750-1794), où Chirāz devint capitale de la Perse et où le centre fut remodelé de façon monumentale. La ville a connu un déclin relatif sensible à l’époque Qādjār, quand les routes caravanières du golfe Persique, longues et difficiles, furent délaissées au profit des accès nord-occidentaux du plateau iranien, par lesquels s’effectuèrent alors la liaison avec l’Europe et l’essentiel du commerce extérieur du pays. C’est à l’époque pahlavi que Chirāz renaît comme un centre régional actif. Une ville nouvelle, au plan géométrique, se développe à l’ouest de la vieille cité. À l’artisanat traditionnel et au bazar est venue s’ajouter une puissante industrie chimique, fabriquant des engrais, alimentée par un pipe-line à partir des champs pétrolifères de Gatchsārān. Une raffinerie a été projetée.

X. P.

 J. I. Clarke, The Iranian City of Shiraz (Durham, 1963).

chirurgie

Discipline médicale qui consiste à faire avec la main ou à l’aide d’instruments des actes opératoires sur un corps vivant.



Historique

Certains actes chirurgicaux ont été pratiqués dès la préhistoire. La preuve en est donnée par la découverte de crânes qui portent les marques de la trépanation. On peut démontrer que certaines de ces trépanations ont été faites sur le vivant et que les opérés ont survécu, puisque les bords de la perte de substance osseuse portent, sur quelques crânes, les marques incontestables d’un travail de réparation osseuse.

Pour Paul Broca, la trépanation chirurgicale dans la période préhistorique était dirigée contre l’épilepsie, maladie qui se rencontre chez les jeunes. On pratiquait à l’époque néolithique une opération chirurgicale consistant à ouvrir le crâne pour traiter certaines maladies internes. Le crâne des individus qui survivaient était considéré comme jouissant de propriétés particulières, d’ordre mystique, et lorsque ces individus venaient à mourir on taillait souvent dans leur paroi crânienne des fragments qui servaient d’amulettes.

Des bas-reliefs de Thèbes, de Louxor, de Dendérah représentent des membres amputés avec des instruments très semblables à ceux dont il est fait usage aujourd’hui. Des fresques égyptiennes remontant à 25 siècles av. J.-C. représentent la circoncision.

La pratique des embaumements avait conduit les Égyptiens à la connaissance de l’anatomie humaine, base de toute pratique chirurgicale sérieuse. À Alexandrie, la médecine grecque découvrit les bases d’une véritable anatomie humaine.


La période antique

La première période grecque porte sur les ve et ive s. av. J.-C. Elle est dominée par Hippocrate*, le maître de Cos, dont l’œuvre, écrite en langue grecque, est le premier témoin de la pensée médicale. Son Traité des articulations donne la description de la luxation de l’épaule, son Traité des fractures celle des fractures ouvertes.

La deuxième période s’étend sur les trois siècles qui précèdent l’ère chrétienne. Grâce à la dissection sur les cadavres humains (pratique des embaumements), de précieuses connaissances anatomiques sont acquises, et aussi des notions de physiologie. Deux grands noms dominent le début de cette période : Hérophile et Erasistrate.

Des écrits de ces deux périodes nous sont parvenus grâce à Celse (Aulus Cornelius Celsus), qui vécut dans les premières années de l’ère chrétienne, vraisemblablement sous Tibère, et dont le précieux livre De arte medica survécut au naufrage du Moyen Âge. Le livre de Celse résume l’ensemble des connaissances médicales et chirurgicales qui ont précédé celles de Galien*. Des 72 auteurs médicaux dont Celse a consulté et cité les ouvrages, seul Hippocrate* a survécu à la période médiévale : la plupart d’entre eux ne nous sont connus que par le livre de Celse.