Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chine (suite)

La différence de relief s’explique en grande partie par une différence de structure. La Chine septentrionale est un bouclier (« Sinian Shield »), un socle de terrains cristallins : la région a été plissée pour la dernière fois avant le Cambrien ; les plis ont été usés jusqu’à la racine, et les terrains cristallins sont, en partie, recouverts par une épaisse couverture sédimentaire de couches primaires et secondaires, dont des calcaires et des terrains houillers. L’ensemble est consolidé ; les plissements primaires ne l’ont guère affecté, et les plissements typiquement chinois du Crétacé n’ont guère provoqué que des ondulations. Les plissements himalayens l’ont, par contre, cassé par des failles ; les grandes lignes de relief S.-O. - N.-E. sont des escarpements de faille, et le relief présente des blocs soulevés et des blocs affaissés. Les failles sont très récentes ; elles joueraient encore, continuant à soulever les horsts et à affaisser les fossés. Les tremblements de terre sont fréquents à l’ouest : celui du Gansu (Kan-sou), en 1920, fit 850 000 victimes. Une faille majeure explique également l’escarpement des Qinling au-dessus de la Wei et du Huanghe.

La Chine méridionale comporte sur le bouclier précambrien des séries sédimentaires semblables à celles du Nord, mais beaucoup plus épaisses et, de ce fait, beaucoup plus souples. Ces séries ont été plissées à plusieurs reprises — au Crétacé pour la dernière fois (« orogenèse sinienne »). Les plissements, assez lourds, ont été accompagnés de montées de granites et d’éruptions de rhyolites. Ces plis ont été érodés et enfouis en partie sous leurs propres débris, qui ont constitué une couverture discordante de grès rouges restée à peu près horizontale. L’ensemble est massif et consolidé, mais les plis crétacés jouent encore un rôle important dans le relief, donnant des crêtes S.-O. - N.-E. Les granites sont souvent en creux, et les rhyolites donnent des sommets. Les traits essentiels du relief — ainsi les Wuyishan — sont dus à des failles tertiaires. Nous avons proposé d’appeler pseudo-socle une telle structure. (V. Asie de la mousson.)


Le climat

Alors que la Chine occidentale est aride, voire désertique (si l’on excepte l’extrême sud de l’Himālaya), la Chine orientale reçoit d’abondantes pluies d’été. Ces pluies sont d’importance variable, et elles diminuent considérablement au nord-ouest, dans la région des plateaux de lœss, où apparaît déjà l’aridité de la Chine occidentale : Xi’an (Si-ngan) ne reçoit que 414 mm de pluies (mais Lanzhou [Lan-tcheou] en reçoit 800 mm). En effet, la « saison des pluies », générale sur toute la Chine orientale, est de durée inégale : plus de six mois à Canton, quatre mois à Shanghai, mais seulement deux mois à Pékin et trois mois à Changchun (Tch’ang-tch’ouen), dans le Nord-Est. De ce fait, la quantité totale des pluies diminue également du sud vers le nord : à cet égard, les Qinling (Ts’in-ling) et les Huaiyangshan (Houai-yang-chan) sont une limite importante séparant une Chine méridionale humide d’une Chine septentrionale plus sèche. Cependant, le fait capital n’en demeure pas moins qu’en juillet et en août il pleut abondamment sur toute la Chine orientale : juillet reçoit 270 mm de pluies à Canton, 121 mm à Shanghai, 228 mm à Pékin et 167 mm à Changchun. Ces mois d’été uniformément pluvieux sont aussi des mois chauds : juillet accuse 28,4 °C à Canton, 27 °C à Shanghai, 26,3 °C à Pékin et 23,6 °C encore à Changchun (par 43° de lat. N.). Il y a ainsi une remarquable unité des mois d’été sur toute la Chine, sur près de 25° de latitude.

Par contre, les hivers (et les saisons intermédiaires) sont très différents. D’abord au point de vue thermique : Haikou (Hai-k’eou), dans l’île de Hainan, n’a pas de mois dont la température moyenne soit inférieure à 15 °C ; la moyenne de janvier est de 13,8 °C à Canton, de 2,7 °C à Shanghai, mais de 8,2 °C à Chongqing (Tch’ong-k’ing) ; en revanche, elle descend à – 4,4 °C à Pékin, à – 16,9 °C à Changchun, à – 25 °C sur l’Amour, avec des minimums absolus de – 43 °C. En Chine du Nord, la maison doit être chauffée : le kang (k’ang) est une sorte de bat-flanc chauffé par en dessous, sur lequel on s’assied et on se couche. La limite la plus nette est celle des Nanling et des Wuyishan, au sud et à l’est desquels l’hiver est doux, et aussi les Qinling, au sud desquels le Sichuan a un hiver clément. La saison végétative est de douze mois au sud des Nanling, de onze mois au Sichuan, de neuf mois dans la vallée du Yangzi, de cinq mois à Harbin, dans le Nord-Est. Il est à remarquer, cependant, que l’hiver est presque partout froid ou très froid et que Canton est, à sa latitude (celle du tropique), un des endroits du monde où l’hiver est le plus froid. D’autre part, l’hiver n’est pas vraiment sec en Chine méridionale : Canton reçoit 43 mm de pluies en janvier, et Shanghai nettement plus encore (58 mm). Au contraire, au nord des Qinling, l’hiver est très sec : Pékin reçoit seulement 3 mm de précipitations (sous forme de neige) en janvier, et Changchun 7 mm.

Les climats de la Chine orientale sont donc divers. Au sud des Nanling et à l’est des Wuyishan, on peut parler d’un climat « pénétropical », un climat vraiment tropical n’existant qu’à Hainan (janvier a une moyenne de 18,1 °C à Haikou [Hai-k’eou]), dans la presqu’île de Leizhou (Lei-tcheou) et dans le sud du Yunnan. À Canton, l’hiver est frais : janvier et février ont une moyenne inférieure à 15 °C. Par ailleurs, si l’été est bien la grande saison des pluies (de mai à septembre), il pleut également de la mi-février à la mi-avril : c’est la période du « crachin », de très nombreuses heures de pluies fines, d’humidité atmosphérique maximale ; puis, dès la mi-avril, vient une période d’orages. L’année compte ainsi 143 jours de pluie : il n’y a guère comme période sèche que celle qui s’étend de la mi-septembre à la mi-février, encore que le beau temps n’empêche pas le passage de typhons en septembre et en octobre, et que novembre même ne soit pas absolument sec.