Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chine (suite)

La Chine orientale correspond approximativement aux « dix-huit provinces » traditionnelles et à l’ancienne Mandchourie (appelée aujourd’hui Chine du Nord-Est). Dans cette Chine orientale, les principaux traits du relief sont orientés N.-E. - S.-O. (direction sinienne), mais une chaîne de direction grossièrement O.-E., comme celles de l’Asie centrale, la chaîne des Qinling (Ts’in-ling), prolongée par les plus modestes Huaiyangshan (Houai-yang-chan), sépare une Chine septentrionale, aux reliefs amples et calmes (Chine du Nord-Est et Chine du Nord) et une Chine méridionale (appelée aussi Chine du Sud-Est), au relief généralement peu élevé, mais tourmenté. Ainsi qu’il apparaîtra, la distinction est également valable sur le plan climatique.

Le Nord-Est comprend un cadre de hauteurs à l’ouest, au nord et à l’est, et une région déprimée au centre. À l’ouest, le Grand Khingan (1 200 km du nord-est au sud-ouest) est le rebord du plateau mongol. C’est une moyenne montagne de 1 200 m d’altitude environ, aux sommets plats, en pente douce vers l’ouest, mais en pente abrupte vers l’est ; ce massif de terrains cristallins et volcaniques — granites et basaltes au nord, liparites et trachytes au sud — est pénéplané, basculé vers l’ouest et cassé par une grande faille à l’est. Au nord, le Petit Khingan est une basse montagne (600-800 m), également cristalline. À l’est, les « Longues Montagnes Blanches » (Changbaishan) [Tch’ang-pai-chan] sont parallèles au Grand Khingan, donc orientées N.-E. - S.-O., mais beaucoup plus vigoureuses, avec des crêtes et des bassins longitudinaux et des cônes volcaniques récents ; elles correspondent à un bloc soulevé de terrains cristallins, affecté par des coulées de lave quaternaire qui ont parfois bloqué les vallées. Elles se prolongent par la presqu’île de Liaodong (Leao-tong), qui est également un horst cristallin mais plus bas. Au centre, la plaine mandchoue est drainée vers le nord par la Soungari, vers le sud par le Liaohe (Leao-ho) ; au nord, la plaine de la Soungari se tient vers 120-200 m ; au sud, la plaine du Liaohe est beaucoup plus basse ; la partie centrale est plus élevée (200-270 m) et de topographie mouvementée ; la plaine mandchoue occupe en effet une zone effondrée entre des failles, mais fort inégalement, et sa partie centrale serait même actuellement en voie de soulèvement.

La Chine du Nord présente dans le prolongement du Grand Khingan un gradin occidental élevé. Les monts du Hebei (Ho-pei), qui dominent la plaine de Pékin par un escarpement (qui est une grande flexure), les monts du Shānxi (Chan-si), les Wutaishan (Wou-t’ai-chan) et surtout les Taihangshan (T’ai-hang-chan) sont un bloc calcaire limité au-dessus de la Grande Plaine par un escarpement rectiligne de 2 000 m de dénivellation ; les plateaux du Shānxi et du Shănxi (Chen-si), coupés de bassins profonds qui sont des fossés tectoniques (vallée du Fenhe [Fen-ho], vallée de la Wei), sont traversés par la grande boucle du Huanghe (Houang-ho), elle aussi dirigée par des failles, et sont presque complètement recouverts par le lœss. Celui-ci enveloppe la région des plateaux, jusque vers 2 000 m d’altitude, d’un manteau d’épaisseur considérable (parfois 200 m) et est l’élément dominant de la topographie de détail. C’est en effet un terrain tendre, facilement érodé par le vent et surtout par les eaux. Il est poreux et se délite verticalement : les vallées s’y enfoncent entre des murs verticaux où les hommes ont creusé des habitations troglodytes, leurs champs se trouvant ainsi au-dessus de leurs demeures. Mais les plateaux (yuan) cèdent rapidement la place à des crêtes (ling) ou à des collines séparées par des ravins, et le paysage est extrêmement disséqué. L’origine du lœss prête encore à controverses : il semble qu’il s’agisse d’un dépôt éolien, le vent ayant remanié et transporté des boues fluvio-glaciaires.

De même, dans le prolongement de la presqu’île de Liaodong, à l’est, un gradin oriental élevé est représenté par la presqu’île du Shandong (Chan-tong) : c’est un bloc soulevé entre des failles N.-E. - S.-O., mais cassé en deux par des failles perpendiculaires, la partie occidentale portant le mont sacré Taishan (T’ai-chan). Entre le gradin occidental et le gradin oriental, la Grande Plaine s’étend sur 330 000 km2 : elle occupe un fossé tectonique dessiné sans doute au Pliocène et remblayé par les alluvions lœssiques du Huanghe, qui atteignent d’énormes épaisseurs (de 800 à 1 000 m). La Grande Plaine et la plaine du Nord-Est se terminent sur la mer par des côtes basses et marécageuses. Les alluvions fluviales ne progressent guère sur la mer en raison d’une subsidence générale, mais s’accumulent sur de très grandes profondeurs. La presqu’île de Liaodong et le sud de la presqu’île du Shandong ont des côtes rocheuses et découpées avec de belles rades (Lüda [Liu-ta] et Qingdao [Ts’ing-tao]).

Le relief de la Chine méridionale, au sud des Qinling (Ts’in-ling), est plus confus. On retrouve la disposition générale de la Chine septentrionale, une zone déprimée centrale entre deux gradins plus élevés, à l’ouest et à l’est. Toutefois, la zone déprimée n’est pas ici une plaine ; c’est une vaste région peu élevée (moins de 400 m en général), mais accidentée de basses montagnes à raides versants convexes. Deux vallées importantes sont orientées ici encore N.-E. - S.-O., celle du Xiang (Siang), dans le prolongement du lac Dongting (Tong-t’ing), et celle du Gan (Kan), dans le prolongement du lac Poyang (P’o-yang). Par ailleurs, une chaîne O.-E., celle des Nanling (Nan-ling), coupe en deux la région déprimée ; elle est franchie assez aisément aux cols de Zheling (Tchö-ling), face à la vallée du Xiang, et de Meiling (Mei-ling), face à la vallée du Gan. Le gradin occidental comprend les très hautes montagnes du Sichuan (plus de 7 000 m) et du Yunnan occidental, dont les crêtes prolongent celles des montagnes tibétaines, mais avec une orientation méridienne cette fois. En contrebas des premières, le Bassin rouge est une zone de collines déblayées dans une épaisse série de grès rouges tendres ; en contrebas des secondes, le Yunnan oriental, le Guizhou (Kouei-tcheou), le Guangxi (Kouang-si) constituent la plus grande et la plus riche zone de reliefs calcaires du monde, avec, en particulier, les extraordinaires « forêts de pierre », les karsts à pitons de Guilin (Kouei-lin). Le gradin oriental comprend deux chaînes parallèles O.-E., elles aussi : Wuyishan (Wou-yi-chan) et Daiyunshan (Tai-yun-chan) ; l’ensemble est un immense batholite granitique, recouvert par endroits de nappes de rhyolites. Le relief montagneux de la Chine méridionale donne sur la mer une côte admirable. Au sud de la grande baie d’Hangzhou (Hang-tcheou), où la marée a une ampleur remarquable (8 m), la côte est découpée en une multitude de petits estuaires et frangée par plus de 3 000 îlots. La côte étant en voie de subsidence, c’est une côte à rias, très favorable à la vie maritime, en dépit d’une certaine régularisation.