Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chartisme (suite)

(Newport, Montmouthshire, 1784 - Bristol 1877). C’est le seul des chefs chartistes à être allé jusqu’à l’insurrection armée. Il exerce le métier de tailleur à Newport, au pays de Galles. Son langage véhément lui vaut une grande audience. En 1839, il entraîne un groupe d’ouvriers gallois, surtout des mineurs, en une attaque contre la ville de Newport ; l’assaut est vite repoussé, mais fait une vingtaine de morts. Arrêté et condamné à la pendaison, Frost est finalement déporté.


George Julian Harney

(Deptford 1817 - Richmond, Surrey, 1897). D’origine ouvrière, il adhère très jeune au chartisme, dont il devient l’« enfant terrible ». Figure de révolutionnaire romantique, au style très quarante-huitard, il connaît la prison en raison de ses déclarations violentes. Après 1848, il essaie de regrouper les militants chartistes autour de thèmes révolutionnaires inspirés de Marx. C’est avec Ernest Jones le plus internationaliste des leaders chartistes.

➙ Grande-Bretagne / Socialisme.

 M. Hovell, The Chartist Movement (Manchester, 1904 ; 3e éd., 1966). / E. Dolléans, le Chartisme, 1830-1848 (Floury, 1912 ; 2 vol. ; 2e éd., Rivière, 1949). / G. D. H. Cole, Chartist Portraits (Londres, 1941 ; 2e éd., 1965). / L. de Rosa, Storia del cartismo (Milan, 1953). / A. Briggs (sous la dir. de), Chartist Studies (Londres, 1959). / F. C. Mather, Chartism (Londres, 1966).

Chartres

Ch.-l. du départ. d’Eure-et-Loir, sur l’Eure, à 86 km de Paris ; 41 251 hab. (Chartrains). L’agglomération compte 75 000 hab.



La géographie

Chartres occupe, dans l’ouest du Bassin parisien, une position de carrefour et de marché. Elle se fixe très tôt à un éperon calcaire de confluence entre l’Eure et le vallon des Vauroux, à la croisée des routes de Paris vers la Bretagne et de la Loire vers la Basse-Seine (Orléans-Rouen). Entourée des riches campagnes céréalières de Beauce, dont elle fait figure de capitale, proche des collines herbagères du Perche et du Thimerais, elle voit précocement aussi s’affirmer sa fonction agricole (marché de grains, de produits d’élevage, de légumes).

Éclipsée par sa rivale Orléans, puis par Paris, mais héritière d’un prestigieux rayonnement religieux et artistique au Moyen Âge, placée à la tête d’un département en 1790, Chartres est restée une ville de relais, d’échanges, de services. Confirmée dans sa fonction d’étape au xviiie s. par la route (N. 10 Paris-Bayonne), au xixe s. par le rail (Paris - Le Mans - Bretagne), elle commande dix routes nationales, une autoroute, cinq voies ferrées, anime une lucrative fonction de redistribution (commerces d’alimentation, d’équipement, grandes surfaces). Ville d’art, ville de pèlerinage, elle entretient un mouvement touristique de deux millions de personnes annuellement. Siège de services administratifs et hospitaliers, elle est aussi un important centre d’assurances. Son secteur tertiaire représentait, en 1968, 59 p. 100 de ses emplois (16 500 sur 28 000).

Mais l’économie chartraine est en pleine mutation. Favorisée par le voisinage de Paris, l’excellence de la desserte, l’abondance d’une main-d’œuvre rurale chassée par la mécanisation et la concentration des terres, elle a été, des villes de la couronne parisienne, l’une des plus marquées par la décentralisation industrielle. Longtemps pauvrement équipée (meunerie, fonderie, mécanique agricole, engrais, imprimerie, vitrail), elle inaugurait en 1958, avec le transfert de la société la Radiotechnique de Suresnes (tubes électroniques, plus de 1 000 salariés), un mouvement qui, en dix ans, aboutissait à la création de 4 500 emplois nouveaux dans les domaines techniquement évolués de la construction électrique, électronique et mécanique, de précision surtout. Chartres fabrique aujourd’hui des récepteurs de radio et de télévision, des appareils électromagnétiques, des sièges et accessoires automobiles, des machines agricoles, du matériel de broyage, des crics hydrauliques, des profilés d’aluminium, des produits d’entretien, des matières plastiques, des produits pharmaceutiques, photographiques, des jouets. Le secteur industriel, qui ne représentait en 1954 que 30 p. 100 des emplois, en représentait 39 p. 100 en 1968. Son extension s’est accompagnée d’un fort appel à l’emploi féminin : 39 p. 100 des actifs totaux.

Chartres a conservé sur sa butte, à l’ombre de sa cathédrale, qui la désigne à 30 km, ses vieux quartiers pittoresques, ses vieilles ruelles étroites et tortueuses, son centre d’affaires, d’administration, d’animation culturelle. Serrée dans les vestiges de son rempart du xive s., elle s’entoure de boulevards ombragés. Difficile d’accès de l’est, où rampes et degrés doivent racheter, des bas quartiers de l’Eure, une dénivellation de 20 à 30 m, elle s’est étendue, depuis un siècle, de plain-pied sur son plateau, vers le sud-ouest, de part et d’autre des routes du Mans et de Tours. Une première accrue, géométriquement tracée, d’habitat bourgeois, ponctuée d’établissements publics (hôpital, écoles, caserne), prend appui sur une trame rayonnante (le Grand Faubourg, les Petits Bleds, Saint-Lubin, Saint-Brice). Une deuxième, depuis la Seconde Guerre mondiale, a débordé deux bourgs ruraux, Lucé (14 026 hab., zone industrielle de 86 ha) et Luisant (4 951 hab.). Une fois franchi l’obstacle du chemin de fer, qui emprunte le vallon des Vauroux, elle gagne vers l’ouest Mainvilliers (8 600 hab., zone industrielle ; cité de Rechèvres). Dans les autres directions, vers le nord, l’est et le sud-est, l’extension, contrariée par la coupure de l’Eure, par ses prés inondables, par l’emprise de l’aérodrome, est plus discontinue : une frange de faubourgs mal venus (Saint-Maurice, le Bourg-Neuf, les Filles-Dieu, Saint-Barthélémy, Saint-Chéron, la Grappe) sépare encore la ville des bourgs de Lèves (3 152 hab.), de Champhol (1 147 hab.), du Coudray (1 300 hab.). Mais la jonction est amorcée. Une cité pavillonnaire groupe aux Filles-Dieu plus de 100 logements (Bel-Air), deux ensembles collectifs à Saint-Chéron, plus de 600. À Beaulieu, au sud-est, un grand ensemble de 1 518 logements abrite 7 000 personnes et une zone industrielle de 109 ha a été établie. À l’est, entre les routes de Paris et d’Angerville, une zone à urbaniser en priorité (Z. U. P.) de 3 900 logements est en construction sur 185 ha pour recevoir 15 000 personnes (la Madeleine). La conquête de son plateau oriental commence à donner à Chartres un équilibre urbanistique qui lui a longtemps manqué. Elle témoigne de la vigueur de l’expansion actuelle de l’agglomération (près de 20 p. 100 d’accroissement entre 1968 et 1976).

Y. B.