Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Charles VIII (suite)

 Sources. G. de Jaligny, Histoire de Charles VIII, roy de France (Impr. royale, 1684). / J. Masselin, Journal des états généraux tenus à Tours en 1484 (Éd. A. Bernier, 1835). / Lettres de Charles VIII, roi de France, éd. par P. Pélicier (Laurens, 1898-1905 ; 5 vol.). / Mémoires de Communes, éd. par J. Calmette et G. Durville, t. III (Champion, 1925).
F. Delaborde, l’Expédition de Charles VIII en Italie, histoire diplomatique et militaire (Firmin-Didot, 1888). / G. Dodu, les Valois, histoire d’une maison royale, 1328-1589 (Hachette, 1934).

Charles IX

(Saint-Germain-en-Laye 1550 - Vincennes 1574), roi de France (1560-1574).


Fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, Charles IX est d’abord duc d’Orléans. Élevé par une nourrice huguenote qui ne le quittera plus, il est instruit et dirigé par l’érudit Jacques Amyot et par le cardinal de Lorraine ; mais il reste peu doué pour l’étude. Sévère et mélancolique, il excelle par contre dans les exercices corporels ; il aime à forger et se passionne pour la chasse.

Après la mort de son frère aîné, François II, les états généraux accordent de grands pouvoirs à Catherine de Médicis. Charles IX est sacré le 15 mai 1561 et, quelques mois après, le petit roi préside le colloque de Poissy, où s’affrontent catholiques et protestants, sans résultat pour l’unité de la foi. À ce moment, le calvinisme fait des progrès à la Cour, car l’influence de Coligny y est grande et le roi ne cache pas ses sympathies pour les huguenots.

Comprenant le danger, les triumvirs catholiques (Montmorency, Guise et Saint-André) ramènent la famille royale de Fontainebleau à Paris. La guerre s’allume, puis s’éteint à la mort des protagonistes, Guise et Saint-André.

La reine régente, voulant renforcer le pouvoir royal, fait déclarer le roi majeur à Rouen le 17 août 1563, mais son fils lui demande de conserver l’autorité réelle. En mars 1564, la Cour entreprend à travers la France un long voyage dont la reine mère attend un profit politique. Le prestige qui entoure la personne royale est resté intact, et cette longue pérégrination contribue, en effet, à renforcer le loyalisme des sujets.

Ce voyage mûrit le roi ; s’il conserve à sa mère toute sa confiance, il se montre jaloux de son frère Henri, le brillant duc d’Anjou. Il déteste les étrangers, surtout les Espagnols, dont les intrigues l’inquiètent et, s’il se montre assez favorable aux protestants, il s’oppose fermement à leurs violences. Celles-ci s’expliquent par la crainte d’une alliance de la Cour avec les Espagnols. Aussi, Charles IX recrute-t-il 16 000 Suisses (1567) ; le duc d’Anjou empêche les huguenots d’assiéger la capitale, mais il ne peut ni les vaincre ni même les poursuivre.

La guerre traîne et se termine à la paix de Saint-Germain en 1570. Des changements surviennent alors dans les rapports de la mère et du fils. Charles IX, qui, depuis 1568, souffre de la tuberculose, s’est épris d’une protestante, Marie Touchet, dont il aura un fils, Charles, le Grand Bâtard d’Auvergne. Catherine s’est alarmée et marie le roi à Élisabeth d’Autriche, fille de l’empereur Maximilien II. Ce mariage, qui a lieu à Mézières en 1570, contribue à émanciper Charles IX de l’influence maternelle ; mais sa jalousie envers son frère, devenu le chef du parti catholique, l’incite à se rapprocher des protestants, et Coligny revient à la Cour en septembre 1571.

Diplomate avisé l’amiral prend vite une grande autorité sur l’esprit du roi : il lui conseille de mettre fin aux guerres civiles en rapprochant les deux partis, puis d’intervenir aux Pays-Bas ; cette politique devait être le prélude à une guerre contre l’Espagne. Charles IX, très hostile au roi d’Espagne, est favorable à ce projet. Il fiance sa sœur Marguerite au roi de Navarre.

Henri signe une alliance défensive avec l’Angleterre (Blois, mars 1572) et autorise la levée clandestine de troupes protestantes ; celles-ci doivent aider leurs coreligionnaires des Pays-Bas, les « Gueux de la mer », qui viennent de se révolter contre l’Espagne. Mais les 4 000 calvinistes de Genlis sont battus à Mons, et leur chef, qui a des lettres compromettantes du roi, est désavoué par Charles IX, qui s’éloigne de Coligny.

D’autre part Catherine de Médicis craint la guerre contre l’Espagne ; elle pense que la France est trop affaiblie par ses divisions intestines pour la mener à bien ; de plus, elle redoute de perdre toute influence sur son fils ; aussi cède-t-elle aux instances de l’ambassadeur espagnol don Francés de Álava et cherche à se débarrasser de Coligny, qu’elle fait arquebuser le 22 août. Cet attentat rend le roi furieux : il jure de venger l’amiral, qui n’est que blessé, et lui donne ses propres gardes. Pourtant, dans la nuit de la Saint-Barthélémy (nuit du 23 au 24 août 1572), il ne s’oppose pas au massacre des protestants, dont les chefs sont réunis à Paris à l’occasion du mariage du roi de Navarre.

Il semble que Catherine, affolée par les conséquences de l’attentat manqué, ait laissé les Guises organiser ces tueries et que ces derniers en aient profité pour les étendre exagérément. Le roi, durant les massacres, n’a pas quitté sa chambre du Louvre et a sauvé quelques familiers. Toutefois, le 26, il tient un lit de justice où il revendique l’entière responsabilité de la Saint-Barthélémy. Celle-ci rallume évidemment les guerres religieuses.

En 1573, le duc d’Anjou est élu roi de Pologne ; Charles IX accompagne son frère, mais, malade, il doit s’arrêter à Vitry-le-François. La dernière année de règne est troublée par les intrigues de son dernier frère, François, duc d’Alençon, qui veut reprendre les projets de Coligny et rejoindre Ludovic de Nassau aux Pays-Bas. Le roi étant de plus en plus malade, Catherine de Médicis, qui veut réserver le trône à Henri, fait emprisonner les partisans du duc d’Alençon pour les empêcher de proclamer ce dernier roi avant le retour du roi de Pologne. Charles IX s’éteint à Vincennes le 30 mai 1574.

P. R.

➙ Catherine de Médicis / Religion (guerres de) / Valois.