Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Afrique du Sud (république d’) (suite)

La république d’Afrique du Sud fait débuter son histoire en 1652, date à laquelle fut créé le premier établissement hollandais permanent au Cap. Pourtant, de nombreux Européens abordèrent les côtes du pays bien avant. En 1485, le navigateur portugais Diego Cam (ou Cão), qui avait découvert le Congo, atteint la région de Walvis Bay. En 1487, Bartolomeu Dias contourne l’Afrique du Sud et parvient jusqu’au fleuve appelé aujourd’hui Great Fish River ; à son retour, le roi de Portugal donne son nom au cap de Bonne-Espérance. En 1497, lors du voyage de Vasco de Gama, des contacts peu amicaux sont établis entre Namas et Portugais. Durant tout le xvie s., les Portugais, qui, pourtant, ont découvert le pays, n’y installent aucun poste, la région leur paraissant hostile et peu riche.


L’établissement des hollandais

Alors que la puissance portugaise diminue, celle des Provinces-Unies s’affermit. La Compagnie hollandaise des Indes orientales, fondée en 1602, sert de base à leur expansion coloniale vers l’Afrique et l’Asie. Et, tandis que des Anglais plantent l’Union Jack en Afrique du Sud (mais sans reconnaissance officielle), ce sont finalement des Hollandais qui, par une expédition de trois navires, dont le commandement est confié à Jan Anthonisz Van Riebeeck, fondent le premier établissement permanent, Le Cap, simple escale de la Compagnie des Indes.

À l’origine, tous les habitants sont des salariés de la Compagnie des Indes, hormis quelques Allemands et Scandinaves. Amsterdam leur confère peu à peu le titre de « burger », c’est-à-dire de citoyen. Des fermes « libres » s’installent ; les premiers conflits avec les Namas éclatent. Par ailleurs, les Bochimans se déplacent sans cesse autour des propriétés européennes : on les accuse de voler du bétail. Ni les Namas ni les Bochimans ne sont assez bien organisés et assez bien armés pour résister aux Hollandais : ils sont donc refoulés peu à peu. Toutefois, le conflit avec les Namas devient assez aigu pour que Van Riebeeck, qui a conservé à terre ses fonctions de commandant, leur déclare une guerre qui s’achève en 1660. Van Riebeeck fait dresser une palissade pour marquer la frontière, mais les colons font mouvement au-delà, ce qui prolonge le conflit avec les indigènes.

En 1660, la colonie compte 304 Européens, dont 93 fermiers libres, sur lesquels 54 n’ont pas de terres. Ces colons, les free burghers, passeront à la postérité sous le nom de Boers, le mot boer désignant un paysan en hollandais. Du manque de terres résulte l’esprit pionnier, qui prendra une grande force avec le « Trek ». La Compagnie des Indes, qui est essentiellement une entreprise commerciale et non un organisme de colonisation agraire, est sans cesse en conflit avec les colons ; à partir de 1662, date où elle rappelle Van Riebeeck, tous les gouverneurs (titre conféré en 1672) qui lui succèdent sont contestés. À la suite de nouvelles luttes entre fermiers et Namas, qui se terminent en 1677, de nombreuses tribus namas émigrent plus au nord, ce qui laisse de vastes terres libres pour la colonisation. À cette époque, les métissages entre Blancs et Namas donnent naissance à un peuple de métis, les « Basters » ou « Griquas ». De nouvelles villes sont créées, notamment Stellenbosch.

En 1685, la révocation de ledit de Nantes produit une importante immigration de protestants français. Lorsque Symon Van der Stel quitte son poste de gouverneur en 1699, l’assimilation de ces nouveaux venus est en bonne voie ; on estime que les huguenots constituent alors le sixième de la population européenne de la colonie. Tandis que l’expansion territoriale se poursuit, l’esclavage se développe : les esclaves proviennent de Namas détribalisés, qui, peu à peu, deviennent esclaves, ou de Noirs achetés à Madagascar et au Mozambique. Les Blancs les considèrent comme des êtres inférieurs ; au xixe s., la secte protestante des doppers dira même que les Noirs n’ont pas d’âme.


Le conflit avec les noirs

Les Namas, refoulés par les colons, sont presque anéantis par l’épidémie de variole de 1713. Des campagnes sont menées contre les Bochimans ; elles atteignent leur point culminant en 1774 et prennent la forme d’un véritable génocide.

Les Boers vont alors se heurter aux Bantous ; la migration des tribus bantoues provoque, vers 1775, la rencontre entre Bantous et Boers. Une série de conflits se déroule durant les années 1779-80 : c’est la première « guerre cafre » (cafre = xhosa). Inférieurs en nombre, les Boers mettent au point la méthode du laager. Le laager (en afrikaans moderne laer) est un camp retranché constitué par les chariots à bœufs ; sur ce fortin, les assauts bantous se brisent ; ensuite, les cavaliers boers prennent en chasse les Bantous qui se retirent. Comme ces derniers ne parviennent pas à s’emparer des laagers, les Boers prennent peu à peu le dessus.

Le gouverneur de l’époque préfère conclure un accord avec les Bantous, car la situation financière de la Compagnie des Indes est alarmante : la frontière est fixée à la Great Fish River. Les Boers sont mécontents : ils prétendent que les Bantous leur doivent réparation des troupeaux qu’ils leur auraient volés et ils font observer que de nombreuses fermes sont déjà installées au-delà de la frontière fixée.


Intervention britannique et naissance du conflit anglo-boer

Plusieurs événements viennent aggraver le mécontentement des Boers. En premier lieu, la Compagnie des Indes cesse ses paiements en 1791. En second lieu, à la suite de la Révolution française, les Provinces-Unies se transforment en République batave (1795), et la Compagnie des Indes disparaît. Enfin, les guerres européennes, consécutives à la Révolution française, sont marquées par des incursions anglaises au Cap, parmi lesquelles les débarquements de juin 1795 et janvier 1806.

Après la capitulation des garnisons locales et le traité de 1814, la colonie passe sous administration anglaise. Au début, les Anglais ne sont pas mal accueillis : les fonctionnaires prêtent serment sans difficultés à la Couronne anglaise. Mais, entre 1806 et 1834, tout un ensemble de mesures prises par les Anglais vont soulever la fureur des Boers. Ceux-ci reprochent aux Anglais de prendre la défense des Noirs : en effet, certaines missions anglaises engagent une action humanitaire en faveur des indigènes. La justice mise en place par les Anglais, aux dires des Boers, est systématiquement favorable aux Noirs ; certains Boers condamnés lors de litiges avec des Noirs sont considérés comme des « martyrs ». Par ailleurs, la fixation de la frontière au fleuve Orange, la modification du système d’acquisition des terres et le développement de la colonisation anglaise, dès 1819, sont d’autres motifs de conflits. Enfin, l’abolition de l’esclavage, en 1833, porte au paroxysme le ressentiment des Boers.