Champagne-Ardenne (suite)
La Région Champagne-Ardenne a pour originalité d’être en outre le foyer de sociétés à succursales multiples, qui y sont encore fort actives après plusieurs concentrations. Aussi, le commerce de détail indépendant est-il moins représenté que dans la plupart des autres régions françaises et a-t-il subi une grande contraction dans les agglomérations rurales. Dans l’ensemble, on compte moins de commerces par habitant qu’à l’échelon national. C’est aussi en partie l’indice d’un sous-équipement, dont la Région est redevable à la proximité de Paris.
Enfin, la Région est l’avant-dernière, avant le Limousin, pour la fréquentation touristique. Elle connaît cependant un passage d’étrangers en route vers le sud et des résidences secondaires de Parisiens au nord-ouest. Le massif ardennais, la vallée de la Marne en aval d’Épernay, le pays d’Othe et les plateaux du Nord-Est reçoivent des estivants. On attend beaucoup des aménagements mettant en valeur les plans d’eau qui régularisent le débit de la Seine : lac d’Orient dans l’Aube (2 300 ha), barrage Marne dans le Der (1972, 4 300 ha) et barrage Aube (projeté, 2 600 ha).
L’évolution récente
Ces progrès tendent à stabiliser la population. Celle-ci demeure d’une grande fécondité (taux de natalité, 18,8 p. 1 000), la Région appartenant au bloc nataliste de l’Est. L’Aube, cependant, a une vitalité amenuisée et un vieillissement marqué. L’hémorragie de population n’est pas encore tout à fait stoppée : certes, pour la première fois, le solde migratoire est devenu positif entre 1962 et 1968, mais uniquement grâce aux immigrants de l’étranger ou d’Afrique du Nord. Paris attire encore un bon tiers des partants, bien qu’il commence à rendre à la Région une part de son trop-plein.
Un glissement de la population régionale se fait au profit de la Marne, dans l’ensemble, et surtout des villes. Le taux de croissance de celles-ci est de l’ordre de la moyenne française, plus élevé pour les plus grandes. Reims, excentrée, rayonne sur l’Aisne et tend à réorganiser autour d’elle le réseau des Ardennes et de la Marne. Troyes a pour zone d’influence son département. Les structures urbaines de la Haute-Marne sont plus menues.
La Région souffre du morcellement communal (2 016 communes, dont 55 p. 100 de moins de 200 hab.), bien que fusions et associations y soient actives. Ces communes investissent plutôt moins que la moyenne nationale. Cela tient en partie au fait que les revenus des ménages sont également un peu au-dessous de la moyenne. Parallèlement, l’effort de construction des logements, qui suit un rythme voisin de la moyenne nationale, porte trop sur les logements aidés, de petite qualité : malgré les guerres, la part des très vieux logements demeure supérieure au taux français.
La Région apparaît donc profondément transformée, mais encore insuffisamment équipée, industrialisée et irriguée par la circulation. L’amélioration de ses structures agricoles et de ses voies de communication la met à la veille de nouveaux développements, qui accentueront sans doute des différences internes déjà vigoureuses.
R. B.
➙ Ardennes (départ. des) / Aube / Châlons-sur-Marne / Charleville-Mézières / Marne / Marne (Haute-) / Reims / Troyes.
