Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Champagne-Ardenne (suite)

Le vignoble de Champagne y tient une place de choix, avec quelque 15 000 exploitations, 20 000 ha et une vente annuelle de 100 millions de bouteilles (15 p. 100 du produit agricole). Épernay et Reims se partagent à peu près les ventes, qu’alimente pour un dixième le vignoble annexe du sud-est de l’Aube. La Champagne crayeuse est devenue une région riche, où de très grands exploitants produisent des céréales, des betteraves et de la luzerne. Les bois de pins plantés au xixe s. sont en train de disparaître, et des fermes nouvelles ont été créées. Les plateaux sont surtout céréaliers aussi, mais les autres parties de la région sont plus tournées vers l’élevage, essentiellement laitier : la Haute-Marne et la région de Vitry ont d’importantes fromageries.

Dans l’ensemble, les structures sont saines : l’exploitation moyenne est deux fois plus étendue qu’en France (38 ha contre 18), et 70 p. 100 de la surface sont cultivés dans des exploitations de plus de 50 ha. Le remembrement y est très avancé. La mécanisation ne va pas jusqu’au sur-équipement. Toutefois, la transformation des produits est insuffisante, les industries agricoles et alimentaires n’intervenant que pour 37 p. 100 de la valeur ajoutée par l’agriculture (France, 66 p. 100). La Région est la première en France pour le rapport exportations-importations agricoles.

Les produits végétaux l’emportent largement (58 p. 100 contre 45 en France) : la Région produit 10 p. 100 des céréales françaises (28 p. 100 du produit agricole régional), 16 p. 100 des betteraves et 55 p. 100 de la luzerne déshydratée. Elle compte le premier département français pour les récoltes de blé, d’avoine et la consommation d’engrais (Marne). Les progrès du maïs sont importants, surtout depuis 1969. La Région est également la première en France pour les plantations de peupliers, dans les fonds de vallées. Les structures de l’élevage sont plus concentrées que dans la moyenne française, et, surtout dans les secteurs de grande agriculture, se développe l’élevage de taurillons, qui permet à la Région de réduire son retard dans les productions animales.

La population agricole est de 85 000 actifs pour 39 000 exploitations, dont 20 000 salariés. Elle diminue moins vite que dans le reste de la France, alors que la production agricole s’accroît plus vite. Cela tient surtout à ce qu’elle a atteint un certain équilibre dans le Vignoble et la Champagne crayeuse, les secteurs herbagers de la périphérie connaissant encore l’exode.


L’industrie

La Région est mal pourvue en ressources naturelles. On n’y exploite plus le fer. L’industrie du bois est active (cinquième Région française), mais morcelée, malgré l’extension d’usines de contre-plaqués et d’agglomérés (Épernay, Saint-Dizier). Il y a seulement un peu de pétrole à Saint-Martin-de-Bossenay (départ. de l’Aube) et deux installations électriques notables : la centrale nucléaire franco-belge de Chooz (270 MW) et l’usine de Revin, qui pompe ses eaux dans la Meuse (600 MW). La Région est toutefois alimentée par le gaz de Groningue et possède une puissante station d’interconnexion électrique à Creney (près de Troyes). Son sous-sol n’offre guère que des carrières : du calcaire, de la craie (Omey), un peu de tourbe (marais de Saint-Gond) et surtout d’abondantes nappes de graviers dans les vallées, dont l’exploitation pose des problèmes de coordination et d’aménagement.

L’industrie, qui occupe 165 000 salariés auxquels s’ajoutent 42 000 travailleurs du bâtiment (branche en forte croissance), a du mal à progresser, même si son taux d’expansion est égal à la moyenne française. En effet, la décentralisation parisienne, qui a profité à la Région entre 1955 et 1963, s’est bien ralentie depuis. Elle a, cependant, eu pour conséquence de réussir certaines conversions (le travail de la laine a presque disparu à Reims et bien diminué à Sedan) et de diversifier les industries régionales.

C’est désormais la métallurgie qui domine (71 000 actifs, dont 5 000 dans la sidérurgie, surtout dans les Ardennes, 38 000 dans la première transformation des métaux, 20 000 dans les constructions mécaniques) ; textile et habillement, généralement en régression, occupent 37 000 salariés. Deux branches encore sont mieux représentées que dans la moyenne française : les bois et l’ameublement (13 000 salariés), les matériaux de construction et le verre (10 000 salariés), mais la première régresse. La chimie est très peu développée (4 000 salariés), mais progresse, ainsi que les industries agricoles et alimentaires (18 000 salariés).

En dehors de la bonneterie troyenne (un quart de la production française, 15 000 salariés), de la métallurgie des Ardennes (fonderie et estampage surtout) et de la Haute-Marne (forges et coutellerie), on ne peut citer une orientation prédominante tant est grande la diversité. Mais les progrès récents ont surtout introduit des ateliers d’entreprises dont le siège n’est pas dans la région. Aussi, l’industrie de Champagne-Ardenne est-elle peu pourvue en cadres, en main-d’œuvre qualifiée, en laboratoires et son avenir dépend-il largement de décisions extérieures.

Les structures se sont améliorées grâce à des concentrations et à la disparition de maintes entreprises familiales, qui restent cependant nombreuses dans des secteurs traditionnels. La place des établissements de 200 à 1 000 salariés est supérieure à celle qu’ils tiennent en moyenne en France, mais il n’y a pas de très grandes usines (2 500 salariés au maximum). Ces changements se sont accompagnés d’une redistribution géographique : la Marne, troisième en 1962 pour le nombre des actifs industriels après l’Aube et les Ardennes, est en tête depuis 1968.


Le tertiaire

À l’opposé, le secteur tertiaire croît bien plus vite qu’on ne le prévoyait : il a créé dix fois plus d’emplois que l’industrie dans les dernières années. Il occupe 217 000 personnes, dont 62 000 dans l’Administration. Cela tient surtout au développement des services administratifs, mais aussi des services aux entreprises et aux particuliers. Ce phénomène est fondamental : bien que les créations, comme pour l’industrie, soient plus celles de succursales d’établissements parisiens que de firmes proprement régionales, cela signifie que la qualité des services s’améliore et doit être mise en rapport avec le développement des fonctions régionales de Reims. Cette ville, en effet, intervient pour près de 30 p. 100 dans le total des créations, la Marne en recevant en tout la moitié. L’installation de l’université de Reims (11 000 étudiants) n’y entre que pour une part, mais en est le symbole.