Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chamonix ou Chamonix-Mont-Blanc (suite)

Centre modeste du haut Faucigny (vallée supérieure de l’Arve et commune de Vallorcine), Chamonix devint célèbre dès les débuts de l’histoire du tourisme, au xviie s., avec la visite des « glacières ». Bien alimentés par d’énormes chutes de neige (plus de 3,50 m à Chamonix, près de 10 m au hameau du Tour, probablement 50 m sur le versant occidental du mont Blanc) et par un climat qui est considéré comme le plus froid des Alpes françaises (température moyenne annuelle de Chamonix : 5,9 °C), les glaciers occupent près du quart de la superficie du bassin de l’Arve en amont de Passy et ils descendent sur le versant très raide du val de Chamonix jusque dans la zone habitée. Cette disposition a émerveillé les premiers visiteurs. Puis l’ascension du mont Blanc (1786) ouvre l’ère des escalades. Au spectacle de la haute montagne et à l’alpinisme, le xxe s. ajoute la pratique du ski en hiver, mais aussi au printemps et en été sur les glaciers.

La vallée de Chamonix fut visitée d’abord par de grands voyageurs et des privilégiés de la fortune, suffisamment nombreux pour que soient aménagés quatre hôtels dès 1831. Depuis la seconde moitié du xixe s., la construction de grandes routes et de voies ferrées (Le Fayet en 1898, Chamonix en 1901), puis les crémaillères (Montenvers en 1908, Bionnassay en 1912), les téléphériques, la vulgarisation de l’automobile ont permis l’arrivée de foules de plus en plus nombreuses. Depuis l’ouverture du tramway de Vallorcine en Suisse (1908), le val de Chamonix n’est plus une impasse, et, en 1965, l’inauguration du tunnel du Mont-Blanc l’a placé sur l’un des grands axes de la circulation européenne (Paris-Genève-Turin-Rome).

Malgré le développement des sports d’hiver (qui trouvent dans le secteur de Megève une topographie plus favorable), la fréquentation touristique de Chamonix présente un maximum estival (40 p. 100 des nuitées de l’année en juillet et en août contre 30 p. 100 de décembre à mars). Dans toute la haute vallée de l’Arve, de Sallanches à Chamonix, la capacité d’accueil est de 72 500 personnes en été et de 50 000 en hiver, y compris les sanatoriums et les maisons d’enfants.

Il ne reste plus grand-chose de l’ancien bourg du Prieuré, chef-lieu de la commune de Chamonix. L’habitat rural traditionnel était dispersé en hameaux. Les hôtels, magasins, villas et collectifs qui constituent aujourd’hui Chamonix ont été construits soit au-delà de l’Arve, dans le quartier de la gare, soit sur le cône du Brévent, qui offre une vue magnifique sur le mont Blanc.

M. L.

champ et charge électriques

Le champ est l’espace dans lequel un corps électrisé est soumis à des forces ; la charge est la grandeur caractérisant l’électrisation d’un corps.


La loi de la gravitation est à l’origine de la notion de charge électrique. Deux masses s’attirent proportionnellement à leurs grandeurs et à l’inverse du carré de leur distance ; deux petits objets électrisés s’attirent ou se repoussent proportionnellement à l’inverse du carré de leur distance et à ce qu’il est convenu d’appeler leurs charges électriques. On peut comparer deux masses en comparant leur poids en un même lieu ; de même, le rapport de deux charges électriques est égal à celui des forces qu’elles subissent, en un même point, de la part d’autres objets électrisés. Ce rapport est partout le même. Il peut être négatif, puisqu’il existe deux électricités. Le signe absolu d’une charge est affaire de convention ; la tradition a établi comme positive celle que prend un métal frotté par un isolant ; en conséquence, l’électron a le signe moins, ce qui est peut-être regrettable.

Toute matière peut recevoir une charge électrique ; on interprète cela en disant qu’elle est constituée de protons (positifs) et d’électrons portant par nature une charge dont la valeur absolue est la même. L’électrisation traduit simplement un déséquilibre, une différence entre le nombre total de protons et celui d’électrons dans un volume donné.

L’unité naturelle de charge est celle d’une particule élémentaire ; l’unité officielle est le coulomb (C), qui vaut 6,284 × 1019 charges élémentaires. Pour deux charges ponctuelles, la force est
F = (1/4πε) (Q1Q2/R2),
F étant exprimée en newtons, Q1 et Q2 en coulombs, R en mètres et ε étant la permittivité du milieu qui sépare les charges.

Dans les expériences d’électrostatique, la charge mise en jeu est de l’ordre de 10−9 C par centimètre carré de surface électrisée ; des valeurs plus élevées ne peuvent être normalement réalisées, car le champ produit dépasserait la rigidité diélectrique de l’air.

La quantité de charge transportée par un courant dans un conducteur est beaucoup plus grande (1 A = 1 C/s), mais alors les charges en mouvement (électrons dans un métal, ions dans un électrolyte) sont sans cesse mêlées à des charges de signe opposé, immobiles ou non, de telle sorte que l’action sur l’air (ou l’isolant) ambiant est presque entièrement supprimée.

Le champ électrique en un point est la force subie en ce point par une charge unité quasi ponctuelle ; l’électron en donne une image excellente. On obtient un champ défini en établissant par un générateur une différence de potentiel entre deux conducteurs. S’il s’agit de plaques parallèles grandes par rapport à leur distance, le champ est uniforme. On mesure un champ en différence de potentiel par unité de longueur. L’unité officielle est le volt par mètre ; ce champ agirait sur une charge ponctuelle (imaginaire) d’un coulomb avec une force d’un newton :

Un champ existe partout où des charges peuvent agir ; il y a donc des champs extrêmement intenses à l’échelle moléculaire dans la matière et qui sont responsables de la plupart de ses propriétés (cohésion, structure, affinité chimique, action sur la lumière, etc.). À distance, un morceau de matière produit généralement un champ beaucoup plus faible par compensation entre les actions des particules élémentaires de signes opposés.

Dans un isolant (air, huile, plastiques) peuvent exister des champs importants (de 106 à 108 V/m) jusqu’à la limite (mal définie) correspondant à la rigidité diélectrique du milieu. Dans un conducteur ne peuvent exister que des champs très faibles, en raison de l’intensité des courants que de tels champs y produisent (cuivre, 0,01 V/m ; eau salée, 200 V/m).

Les lignes de champ sont tangentes au champ en chacun de leurs points ; elles partent des charges positives et se terminent sur les charges négatives.