Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Afrique du Sud (république d’) (suite)

Les Bantous (les statistiques rangent sous cette rubrique aussi les Bochimans et les Hottentots) constituent le groupe de beaucoup le plus nombreux. Les ethnies les plus importantes sont les Xhosas (surtout dans la province du Cap), les Zoulous (au Natal) et les Sothos (en Orange). Au recensement de 1970, les principaux groupes bantous étaient les suivants : Xhosas, 3 907 000 personnes ; Zoulous, 3 970 000 ; Sothos du Sud, 1 416 000 ; Sothos du Nord, 1 596 000 ; Tswanas, 1 702 000 ; Shangaans ou Tsongas, 731 000 ; Swazis, 487 000 ; Ndebelés, 410 000 ; Vendas, 360 000 ; divers, 168 000. 40 p. 100 seulement des Bantous vivent en milieu rural traditionnel, dans les réserves. Le reste réside soit dans les villes comme ouvriers, mineurs (dans le Witwatersrand) ou domestiques, soit dans les zones de colonisation blanche.

Les Coloureds sont les descendants métis des Européens débarqués au Cap, des esclaves orientaux importés et des indigènes. Nombreux surtout dans la province du Cap (1 752 000 sur 2 018 000 en 1970), ils constituent une catégorie sociale intermédiaire entre les Blancs et les Bantous.

Les Indiens sont concentrés surtout au Natal (515 000 sur un total de 620 000 en 1970), constituant le tiers de la population de Durban. Recrutés vers 1860 comme travailleurs agricoles sur les plantations de sucre, quand il était difficile de recruter de la main-d’œuvre noire, ils sont restés sur place. Leurs descendants se sont orientés surtout vers le commerce.

Environ le quart de la population totale vit dans des villes de plus de 50 000 habitants, ce qui représente l’un des taux d’urbanisation les plus élevés d’Afrique. L’urbanisation varie selon les groupes raciaux. 80 p. 100 des Blancs et des Indiens vivent dans les villes, contre 62 p. 100 des Coloureds et seulement 29 p. 100 des Bantous. En 1970, un cinquième de la population vivait dans les cinq plus grandes villes : Johannesburg, Le Cap, Durban, Pretoria et Port Elizabeth.


La vie économique

L’agriculture a été jusqu’en 1870 la principale source de revenus de l’Afrique du Sud. Elle est passée au deuxième rang après la découverte de l’or et du diamant, puis au troisième rang avec le développement, depuis la Première Guerre mondiale, de l’industrie. Actuellement, elle ne représente plus que 12 p. 100 du revenu national.

En 1972, sur un revenu national de l’ordre de 17 milliards de dollars, l’importance relative des principales activités économiques apparaît de la manière suivante : industrie (de transformation), 22,4 p. 100 (20,7 p. 100 en 1960), commerce, 13,2 p. 100 (14,1), mines, 11,1 p. 100 (13,8), agriculture, exploitation forestière et pêche, 9,8 p. 100 (12,1), transports, 8,7 p. 100 (10,2).

Ces chiffres montrent bien que, dès à présent, ce sont les revenus de l’industrie qui viennent en tête. C’est là une différence fondamentale avec la plupart des autres pays africains et l’indice d’une évolution économique avancée.


L’agriculture

Une grande partie du pays offre des conditions défavorables à l’agriculture, en raison d’une pluviosité insuffisante ou trop irrégulière, ou d’un manque de fertilité des sols.

Sur les hautes terres de l’Orange et au Transvaal, l’agriculture extensive, pratiquée dans de grandes exploitations, est centrée sur le maïs, cultivé dans le Maize Triangle surtout comme aliment du bétail. Dans cette région, ainsi que dans l’ensemble du Natal, le maïs (dont la production moyenne est de 6 Mt) est l’aliment de base des Bantous vivant dans les réserves.

L’extrémité méridionale, du Cap à Port Elizabeth, a un climat tempéré favorable à la culture du blé. Dans la région du Cap, on trouve des cultures méditerranéennes (principalement la vigne et les agrumes) et de l’Europe océanique (pommiers, poiriers), associées au tabac et à l’élevage laitier. La vigne couvre 70 000 ha autour de Stellenbosch, de Paarl, de Wellington, de Wolseley, de Worcester et de Robertson. Plusieurs milliers de fermiers, surtout boers, s’adonnent à cette culture pour la production de raisins de bouche, mais surtout de vins, certains excellents.

Seul le Natal pratique les véritables cultures tropicales. 250 000 ha sont consacrés à la canne à sucre sur la plaine côtière, suffisamment chaude et arrosée. Les fruits tropicaux, comme l’ananas et la banane, sont aussi cultivés sur la côte du Natal.

Bien qu’elle soit passée au troisième rang dans le revenu national, après l’industrie et l’exploitation minière, la production agricole n’a cessé d’augmenter en volume, faisant plus que doubler depuis 1947. La mécanisation s’est largement répandue et développée, surtout sur les terres exploitées par les Blancs : il y avait 6 000 tracteurs en 1937, et plus de 120 000 en 1961. L’État n’a cessé d’aider les producteurs par des prêts et par l’intermédiaire des coopératives, ainsi qu’en finançant de nombreuses stations de recherche. L’agriculture doit lutter contre l’érosion accélérée des sols (liée à l’irrégularité du climat), en particulier sur le plateau, où alternent pluies violentes et longues périodes de sécheresse. Cette lutte est menée d’une part en reboisant (les surfaces forestières ont triplé entre 1920 et 1963), d’autre part en généralisant la culture en courbes de niveau et en améliorant les rotations.


L’élevage

L’élevage trouve ici des conditions favorables. Les immenses étendues herbeuses du Veld se prêtent aussi bien à l’élevage des bovins qu’à celui des moutons. L’élevage bovin (12,5 millions de têtes) est pratiqué dans les ranchs des fermiers européens pour l’alimentation en viande des villes, pour la fourniture de produits laitiers, mais aussi traditionnellement, tant dans le Veld qu’au Natal, par les Bantous. Le mouton (30 millions de têtes), moins exigeant, trouve des conditions favorables sur les marges moins arrosées du Kalahari et du Karroo, en immenses troupeaux de plusieurs milliers de têtes dans des ranchs de 5 000 à 20 000 ha. Les deux tiers du troupeau ovin (20 millions de têtes, dont 18 de moutons à laine, mérinos et karakul) vivent dans la province du Cap. Les éleveurs sont groupés en coopératives et représentés par la National Wool Growers Association, dont le siège est à Bloemfontein. L’exportation de la laine se fait surtout par East London et Port Elizabeth.