Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cervelet (suite)

Le trouble de l’équilibre est retrouvé à la stature debout, au cours de laquelle le cérébelleux se tenant jambes écartées, avec son polygone de sustentation élargi, est animé d’oscillations en tous sens, qui ne sont pas majorées par l’occlusion des yeux. La marche est hésitante, saccadée ; elle se fait jambes écartées, bras en balancier, un peu comme celle d’un homme ivre. Le trouble de la régulation du tonus est attesté par une hypotonie, le plus souvent avec réflexes ostéotendineux longs à s’amortir, pendulaires. Les mouvements passifs ont une amplitude supérieure à la normale.

L’incoordination cérébelleuse est double : elle l’est dans l’espace et dans le temps. Le mouvement volontaire est retardé dans son démarrage, saccadé dans sa course, imprécis dans son but ; il manque de mesure (dysmétrie) ; son amplitude est trop grande (hypermétrie). Le mouvement volontaire nécessitant la réalisation simultanée de plusieurs gestes est difficile : chaque mouvement est décomposé (asynergie). L’incoordination dans le temps est mise en évidence par l’impossibilité d’effectuer rapidement des mouvements alternatifs : c’est l’adiadococinésie, bien mise en évidence par l’épreuve des marionnettes ; le mouvement demandé dépasse son but : c’est la dyschronométrie. Dysmétrie, hypermétrie, dyschronométrie et asynergie sont recherchées par la manœuvre des index portés simultanément sur le nez.

Le tremblement du cérébelleux est l’inverse de celui du parkinsonien : absent au repos, il n’apparaît que lors du mouvement ou du maintien d’une attitude. Il est lié à une incoordination dans la contraction des différents groupes musculaires mis en œuvre.

Les troubles de l’élocution (dysarthrie) et de l’écriture (macrographie) sont encore les témoins de l’incoordination cérébelleuse.

J. E.

 M. Guerra, le Syndrome cérébelleux et le syndrome vestibulaire (Masson, 1953). / A. Kreindler et N. Stériade, la Physiologie et la Physiopathologie du cervelet (Masson, 1958).

César (Jules)

En lat. Caius Iulius Caesar, homme d’État romain (Rome 100 ou 101 - id. 44 av. J.-C.).


Il appartenait à la famille patricienne des Iulii, qui, par homonymie, prétendait remonter à Iule, fils d’Enée, et, par ces intermédiaires, à Vénus elle-même. Il était en rapport avec le parti démocrate par sa tante paternelle, qui avait épousé Marius, et par sa femme Cornelia, fille de Cinna.

En 82, Sulla le somme de répudier Cornelia. Il refuse et, poursuivi par la haine du dictateur, doit se cacher, puis s’éloigner de Rome. Officier, il prend part à des opérations en Asie, se distingue au siège de Mytilène (80), puis en Cilicie, dans la lutte contre les pirates (79). Sulla mort, il réapparaît à Rome, où il amorce sa carrière politique (78).


Début d’une carrière

Il commence par accuser publiquement des gouverneurs partisans de Sulla, Cneius Cornelius Dolabella et Caius Antonius Hybrida. C’est l’occasion de faire connaître la qualité de son éloquence et de se mesurer aux plus illustres avocats (77-76). Il part ensuite pour Rhodes afin de perfectionner son talent auprès du célèbre rhéteur Molon et aussi dans le dessein de fuir temporairement certaines inimitiés qu’il a suscitées à Rome. En cours de route, il est pris par des pirates, à qui il verse une plus forte rançon que celle qu’ils demandaient, mais sur lesquels il se venge peu après.

En 73, il rentre à Rome, où, en son absence, on l’a nommé pontife. Il entreprend alors résolument de gravir la carrière des honneurs, ce qu’il exécute à la manière d’une opération commerciale, car, très dépensier et endetté, il est poussé par la nécessité de disposer des capitaux qui permettent de flatter le corps électoral et s’attache aux basques de Licinius Crassus, réputé l’homme le plus riche de Rome. Après avoir poursuivi son activité d’accusateur des partisans de Sulla, il obtient pour 68 la questure, dont il accomplit les fonctions en Espagne Ultérieure. Si l’on en croit les anecdotes, il manifeste déjà, en paroles, sa grande ambition. Traversant une localité perdue, il avoue qu’il préfère être le premier dans un village que le second à Rome. Au pied d’une statue d’Alexandre, il gémit de n’avoir encore rien fait, alors qu’à son âge Alexandre avait conquis le monde.

Sénateur en 67, c’est en tant que défenseur du parti populaire qu’il a l’occasion de soutenir Pompée, d’origine équestre. Edile en 65, il fait remettre en place sur le Capitole la statue de Marius et surtout assure sa popularité en donnant de grands jeux et en travaillant à la décoration du Forum. Au même moment, il trempe dans un complot qui doit porter Crassus à la dictature et qui échoue. Il semble avoir pris la précaution de ne point trop se compromettre. De même, lors de la conjuration de Catilina, il est au nombre des sympathisants, prêt, si le coup réussit, à en profiter. Il vient d’être élu au grand pontificat, en 63, quand on juge les complices de Catilina. Son autorité lui permet d’obtenir la clémence de leurs juges. Il se sent toutefois mal à l’aise. Préteur en 62, il s’en prend à ceux qui l’ont compromis. À ce moment, il répudie sa femme du moment, Pompeia, qui le trompe avec le célèbre démagogue et agitateur Publius Appius, futur Clodius, mais arrive, en même temps, à éviter de compromettre celui-ci en prétendant qu’il divorce parce que « la femme de César ne doit pas même être soupçonnée », l’un de ses mots fameux qui sont plus des arguments retors que de la simple rhétorique.

Propréteur en Espagne Ultérieure (61), il fait quelques opérations militaires sur les côtes et dans la montagne, de manière à revenir très vite à Rome pour reprendre le fil des intrigues, mais riche de butin et pourvu du prestige du général victorieux. Pompée était revenu d’Orient, en général vainqueur, dix-huit mois plus tôt, sans réussir à exploiter son prestige. César, au contraire, se met rapidement d’accord avec les deux rivaux du moment, Pompée et Crassus, pour former ce que l’on a appelé le premier triumvirat, qui n’est qu’une association d’ambitieux. Fort de cet appui, il réussit à se faire élire consul quelques semaines après son retour d’Espagne (août 60). Son collègue au consulat est M. Calpurnius Bibulus, un conservateur, qu’il a déjà eu pour collègue, bon gré mal gré, lors de son édilité. Mais il parvient à le neutraliser : Bibulus restera bientôt enfermé chez lui.