Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Céphalopodes (suite)

Luminescence

Bien des Céphalopodes sont luminescents, soit qu’ils contiennent des Bactéries lumineuses (Sépioles, Spirule), soit qu’ils élaborent une sécrétion luminescente (Heteroteuthis), soit encore qu’ils portent des photophores à tissu photogène qui se compliquent parfois de réflecteurs, de lentilles ou d’écrans colorés, lorsque le tégument à chromatophores les recouvre. Thaumatolampas diadema a plusieurs organes lumineux sous les yeux, sous le corps, sur les bras. Watasenia scintillans des eaux japonaises porte sur ses saillies oculaires et sur ses bras quelques photophores bien différenciés et sur son corps des centaines de petits photophores. Bathothauma longimanus, Toxeuma belone, formes de profondeur, ont des yeux pédoncules à photophores qui, selon Joubin, pourraient aider à la recherche des proies ou à leur attraction.


Réactions de fuite

Pour fuir devant un ennemi, la plupart des Céphalopodes rejettent l’encre produite par la poche du noir. Ils expulsent très brusquement par l’entonnoir cette encre qui les masque, puis, pâlissant tout aussi brusquement, ils fuient, laissant leur adversaire désorienté. L’encre des Pieuvres serait toxique pour les Anguilles et même pour les autres Pieuvres.


La mémoire des Pieuvres ; expériences d’apprentissage

Non protégés par une coquille mais dotés d’un cerveau perfectionné, les Céphalopodes réagissent promptement à la vue d’ennemis ou de proies, selon des processus où doit intervenir la mémoire. De fait, de nombreuses expériences faites sur les Pieuvres indiquent que ces animaux peuvent être entraînés à reconnaître des objets et même à subir un véritable apprentissage. Si l’on récompense par une proie la Pieuvre qui saisit un objet et si on la punit par une décharge électrique lorsqu’elle s’élance sur un objet de forme différente, elle apprend vite à ne saisir que le premier. Elle apprend ainsi à discerner entre des figures, des signes noirs sur fond blanc, des cylindres diversement sculptés. Le sens tactile, fort développé au niveau du bord des ventouses, permet à des Pieuvres rendues aveugles de reconnaître des objets poreux trempés ou non dans des solutions acides, amères ou sucrées.


Écologie

Les Céphalopodes abondent dans toutes les mers, des cuvettes littorales aux abysses, mais, sauf pour les formes les plus communes ramenées par les sennes, les chaluts ou les nasses, il est en général bien difficile de connaître leurs conditions d’existence, les phases de leur développement, l’ampleur de leurs déplacements. Certains ne sont connus que par un seul exemplaire, rencontré par un filet au cours d’une pêche profonde ; d’autres n’ont été trouvés que dans l’estomac de Mammifères marins, de Poissons et même d’Oiseaux de mer, ce qui a parfois fourni des indications sur la profondeur à laquelle se sont faites les captures.

Le problème de la répartition des Céphalopodes est étroitement lié au mode de développement des œufs des diverses espèces. Beaucoup de Décapodes benthiques pondent de gros œufs riches en vitellus qui évoluent en larves semblables aux adultes et adoptent d’emblée le mode de vie de ceux-ci. Par contre, les Calmars, les Architeuthacés, qui ont une vie pélagique, pondent de petits œufs d’où éclosent des larves planctoniques. Dans le premier cas, le pouvoir de dispersion est très réduit, alors que dans le second il est surtout fonction de l’importance des courants.

Les Octopodes, en majorité benthiques, comprennent des espèces à petits œufs et d’autres où les œufs sont relativement grands ; ces dernières ont de même un pouvoir de dispersion réduit, qui favorise l’isolement de races, alors que les premières contribuent à la stabilité des formes cosmopolites.


Déplacements ; migrations

La plupart des Céphalopodes effectuent des déplacements d’amplitude plus ou moins grande.

De très nombreuses espèces océaniques montent en surface de nuit pour redescendre en profondeur avant le lever du jour. Mais le rôle du facteur luminosité semble être beaucoup moins important dans les déplacements horizontaux, qui relèvent des courants, de la température des eaux, de la salinité, de la direction des vents, de leur force et aussi de facteurs internes à l’époque de la reproduction. On a du reste constaté que, dans les zones de rencontre des courants, se produisaient des concentrations d’animaux, recherchées par les pêcheurs.

Dans l’Atlantique Nord, les Histioteuthis, les Cranchidés, bathypélagiques, restent en profondeur pendant le jour, puis remontent en surface la nuit, suivant en cela les migrations journalières du plancton et des Poissons.

Ce sont aussi des déplacements provoqués par la recherche de la nourriture qu’effectuent les Calmars Loligo Forbesi. Dans l’Atlantique Nord, ces animaux suivent les bancs de Harengs. En fin d’été et en début d’automne, ces Calmars arrivent en grand nombre dans les eaux écossaises et, en deux semaines, ils ont gagné toute la mer du Nord.

L’allongement des jours et l’accroissement de la luminosité en début d’année semblent être les causes de la migration des jeunes Céphalopodes vers les eaux peu profondes. À peu près aux mêmes époques, du reste, les adultes gagnent aussi les mêmes eaux pour y frayer et pour pondre.

Les migrations de ponte coïncident souvent avec l’état de maturation des gonades, mais il n’est nullement démontré que ce soit cet état qui déclenche les mouvements migratoires. Par analogie avec ce qu’on a reconnu chez d’autres migrateurs, on peut aussi penser que c’est dans l’activité accrue du système neuro-endocrinien, stimulé par des conditions favorables de température et de luminosité, qu’il faut rechercher les causes du déterminisme des migrations.


Relations avec les autres animaux

Les Céphalopodes sont recherchés par de nombreux Poissons, par les Cétacés, les Oiseaux. Dans l’estomac des Cachalots, on en a trouvé au moins 22 espèces.

Ces géants des mers s’attaquent même à de grands Architeuthis.

Les Albatros, les Manchots en font une grande consommation. Mais on a souvent observé que si, dans un rassemblement de Céphalopodes, l’un d’eux est blessé, les autres se précipitent sur lui et le dévorent.