Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cavendish (Henry)

Physicien et chimiste anglais (Nice 1731 - Clapham, près de Londres, 1810).



L’homme

Deuxième fils de lord Charles Cavendish, duc de Devonshire, et de lady Anne Grey, fille du duc de Kent, Henry Cavendish, comme tous les cadets, n’a d’abord à sa disposition qu’un modeste patrimoine. Grand et mince, gauche d’allure, timide au-delà de toute expression, il est en outre doté d’une voix aiguë et grêle, qui lui fait redouter la conversation, et d’une sensibilité maladive, qui lui inspire l’horreur de la société. Il ne se mariera jamais. Ses parents ne semblent pas s’intéresser à lui, et il n’a d’autre compagnon que lui-même.

Il fait ses premières études dans une pension de Hackney, près de Londres, entre en 1749 au Peterhouse College de Cambridge et en sort en 1753, sans avoir acquis aucun diplôme. Ce n’est que plus tard que va se révéler son goût pour les sciences expérimentales et qu’il mènera ses recherches, dans un isolement absolu.

En 1773, un de ses oncles, qui a réalisé en Inde une immense fortune, en fait son unique héritier. Cavendish se trouve subitement le plus riche de tous les savants. Cependant, il ne change rien à la simplicité de ses habitudes. Il a quitté la maison paternelle et réside à Clapham, dans la banlieue de Londres, où, pendant plus de cinquante années, les moindres détails de son existence seront minutieusement réglés. Il commande par écrit ses repas à ses serviteurs et ne possède qu’un habit, de forme démodée, que l’on renouvelle à des dates fixes, toujours avec la même sorte de drap. Mais il constitue un cabinet de physique et une immense bibliothèque dans sa maison de Bedford Square, à 2 lieues de sa résidence ; il y admet tous les visiteurs, et lui-même n’y prend jamais un livre sans remplir un récépissé. Bien qu’il se montre d’une grande générosité envers les étudiants et les malheureux, sa fortune ne cessera de croître jusqu’à sa mort.


Le savant

Cavendish doit être tenu pour l’un des créateurs de la chimie, car il a introduit dans cette science des habitudes de méthode et de précision à peu près inconnues avant lui. En 1766, il présente à la Société royale, qui l’a admis dans son sein, un premier mémoire, On Factitious Airs (Sur les airs factices). Il y établit qu’il existe des gaz différents de l’air, que l’hydrogène (inflammable air), qu’il a, le premier, isolé, pèse dix fois moins que l’air atmosphérique (common air), que le gaz carbonique (fixed air) pèse moitié plus, que la présence de ce dernier dans l’atmosphère suffit pour empêcher les combustions et arrêter la vie. En 1783, il fait une analyse de l’air plus précise que celle de Lavoisier*. L’année suivante, il reconnaît que le produit de la combinaison de l’hydrogène et de l’oxygène n’est autre que l’eau. En 1785, il combine l’azote et l’oxygène par action des étincelles électriques.

En même temps, il s’intéresse à la physique, mais ses publications sont de plus en plus rares. En 1798, pourtant, c’est le célèbre mémoire où il explique comment il a mesuré, à l’aide de la balance de torsion, la constante d’attraction universelle et comment il en a déduit la densité moyenne de la Terre.

Mais il laisse à sa mort vingt paquets de manuscrits, qui restent soixante ans dans les archives de la famille. Plus tard, un autre Cavendish fondera à Cambridge un laboratoire de physique qui deviendra célèbre.

Son premier directeur, l’illustre Maxwell*, va passer les dernières années de sa vie à déchiffrer ces papiers. Et Cavendish apparaîtra tout à coup comme le plus grand physicien de son époque. Avant tout le monde, il a défini les chaleurs massiques et les chaleurs latentes, et a eu l’idée de la conservation de l’énergie. Avant Charles de Coulomb*, il a étudié les forces électrostatiques, observé l’électrisation superficielle des conducteurs, défini la capacité et pressenti la notion de potentiel. Avant Ohm*, il a conçu la résistance électrique ; il a même effectué des mesures en utilisant son propre corps comme galvanomètre.

R. T.

 G. Wilson, The Life of the Honble H. Cavendish (Londres, 1848). / A. J. Berry, Henry Cavendish, his Life and Scientific Work (Londres, 1960). / P. Lépine et J. Nicolle, Sir Henry Cavendish (Seghers, 1964).


Les chimistes britanniques contemporains de Cavendish


Joseph Black,

chimiste et physicien écossais (près de Bordeaux 1728 - Edimbourg 1799). Il quitte très jeune ses parents, établis en France, pour se rendre en Écosse, et son enseignement de la chimie à Edimbourg lui confère une grande renommée. En 1754, il découvre le gaz carbonique, premier gaz reconnu comme différent de l’air, et, l’année suivante, la magnésie. Il est aussi un grand physicien. Il est le premier, vers 1760, à distinguer la quantité de chaleur de la température. Imaginant la « méthode des mélanges », il détermine plusieurs chaleurs massiques ainsi que la chaleur de fusion de la glace en 1762.


Joseph Priestley,

chimiste et théologien anglais (Fieldhead, près de Leeds, 1733 - Northumberland, Pennsylvanie, 1804). Il débute comme prédicateur dans le Suffolk en 1755 et enseigne en même temps la physique et la chimie à des enfants. Il publie une Histoire de l’électricité qui, en 1766, lui ouvre les portes de la Société royale. Puis, à trente-quatre ans, il entreprend des expériences de chimie. Recueillant les gaz sur la cuve à mercure, il peut isoler ceux qui sont solubles dans l’eau : chlorure d’hydrogène, gaz sulfureux, ammoniac, gaz carbonique. Il étudie notamment ce dernier, découvre la respiration des végétaux et observe que l’air « corrompu » par des souris redevient capable d’entretenir la vie si l’on y plonge quelque temps des plantes vertes. Sa principale découverte est celle de l’oxygène, qu’il obtient en 1774 en chauffant au soleil, au moyen d’une lentille, l’oxyde de mercure ou le minium. Son adhésion au socinianisme et son enthousiasme pour la Révolution française lui attirent les persécutions de son gouvernement, et il s’embarque en 1794 pour l’Amérique, où il bénéficiera de la protection de Jefferson.