Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Castor (suite)

 R. Hainard, Mammifères sauvages d’Europe, t. II (Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1950 ; 2e éd., 1961). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. XVII : Mammifères (Masson, 1955). / F. H. Van Den Brink, Guide des mammifères d’Europe (Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1966). / P. H. Plantain, Au pays des castors (Stock, 1975).

Castro (Fidel)

Homme d’État cubain (Mayarí, province d’Oriente, 1927).



Introduction

La famille Castro Ruz appartient à la classe dirigeante traditionnelle des propriétaires terriens ; cette origine rurale, provinciale, explique peut-être la passion que Fidel a toujours manifestée pour les choses de la terre. Fils de bonne famille, élevé au milieu de nombreux frères et sœurs, il suit le « cursus » traditionnel : bon élève chez les Jésuites, il passe à la faculté de droit pour devenir « licenciado », avocat, comme tant d’autres fils de famille en Amérique latine.

À l’université, il découvre la vie politique cubaine sous son plus mauvais jour, celui du terrorisme armé, terrorisme des gangsters qui ont fait leur apparition depuis 1944, terrorisme désespéré de la gauche insurrectionnelle, qui, depuis l’échec de 1934, pratique la violence pour la violence. Un exemple de révolutionnaire ne résistant pas à ce milieu, c’est Rolando Masferrer, ancien de la guerre d’Espagne, qui participe avec Castro en 1947 à une tentative de débarquement à Saint-Domingue, contre Trujillo, avant de devenir sénateur de Batista et d’organiser sa bande contre-révolutionnaire, les « Tigres de Masferrer ». Après l’échec de Saint-Domingue, Fidel Castro adhère au Parti du peuple cubain, fondé en 1946 par Eduardo Chibás (1907-1951). En 1948, il se trouve à Bogotá lors de l’assassinat de Jorge Eliecer Gaitán (1903-1948), qui est suivi d’un terrible soulèvement populaire, début de la guerre civile colombienne.


La lutte contre Batista

Après avoir protesté contre le coup d’État de Batista (mars 1952), il organise avec cent vingt hommes l’attaque de la caserne de la Moncada, à Santiago de Cuba. Le 26 juillet 1953, les assaillants échouent et subissent de très lourdes pertes. Fidel et son frère Raúl sont jugés et condamnés. Fidel termine sa plaidoirie par ces mots : « L’histoire m’acquittera. » Gracié en 1955, il part pour le Mexique et les États-Unis afin d’organiser de l’extérieur le renversement de la dictature. Ayant, semble-t-il, obtenu quelques subsides auprès de certains hommes d’affaires américains, il s’embarque avec quatre-vingts partisans, dont Che Guevara, sur le Granma, à partir du Mexique. L’opération échoue : le Granma ayant abordé à grand-peine le 2 décembre 1956 sous le feu des mitrailleuses, une poignée de survivants réussissent à gagner la Sierra Maestra, d’où ils lanceront deux ans plus tard l’offensive finale contre Batista. Cet échec aura pour conséquence de modifier les conceptions des révolutionnaires ; deux ans de Sierra Maestra engendreront la révolution cubaine.

En 1957, la résistance urbaine, organisée par d’autres mouvements que celui du 26 juillet, fomente des attentats spectaculaires. Le directoire révolutionnaire attaque le palais de Batista à La Havane, et son chef, José Antonio Echeverria, est assassiné par la police. Le mouvement rebelle fait tache d’huile dans les provinces orientales, tandis que Fidel Castro conquiert une audience américaine grâce au correspondant du New York Times, Herbert Matthews. Pour les Américains, Fidel Castro et ses « barbudos », c’est Robin des Bois et les brigands au grand cœur de la forêt de Sherwood.

En 1958, la guérilla dans les montagnes et la résistance urbaine jettent le discrédit sur le régime de Batista. À Washington, on ne sait plus quelle politique suivre : soutenir Batista, qui dénonce Castro comme un communiste antiaméricain, ou parier sur un révolutionnaire généreux et romantique qui rentrera facilement dans le rang. En 1958, le gouvernement américain et tous les observateurs sont d’accord : « L’existence au sein du mouvement castriste d’éléments communistes organisés n’est pas prouvée, et il n’est pas prouvé non plus que le señor Castro subisse l’influence communiste. »

Toujours est-il que le gouvernement des États-Unis adopte une politique attentiste : il ne fait rien pour Batista, mais il ne fait rien non plus pour Castro ; l’ambassadeur américain, par contre, Earl Smith, prend parti pour Batista. Le 14 mars 1958, les États-Unis suspendent leurs envois d’armes à Batista. La grève générale révolutionnaire échoue en avril et, en mai, l’armée de Batista lance une grande offensive contre la Sierra Maestra ; en juin, elle est à quatre heures de marche de la capitale rebelle. Et pourtant, les guérilleros contre-attaquent et remportent la victoire ; dès lors, la guérilla cesse d’être une simple branche du mouvement et se transforme en armée de 2 000 hommes. La grande offensive rebelle atteint son apogée à Noël 1958, progressant dans toutes les directions ; le 27 décembre, le général Cantillo offre à Fidel Castro un pacte d’alliance ; son double jeu consiste à faire partir Batista et à former un gouvernement « neutre » hostile au tyran mais satisfaisant pour les États-Unis. Castro le laisse détruire l’ancien régime et mettre fin à la guerre, mais il lance un appel à la grève générale pour que les militaires abandonnent leurs intrigues politiques. Le 2 janvier 1959, Castro proclame président Manuel Urrutia.

Une semaine plus tard, les États-Unis reconnaissent le nouveau régime, et Castro entre à La Havane après avoir traversé toute l’île à la tête d’une colonne motorisée. À ce moment-là, Fidel est un radical réformiste, aux buts ambitieux autant qu’imprécis. Il galvanise le pays, qui rallie dans l’enthousiasme le mouvement du 26 juillet ; tout le monde est castriste à Cuba. Jusqu’en avril 1961, la révolution cubaine se définira comme « humaniste, nationaliste de gauche et démocratique ». Ce n’est qu’à la veille de l’invasion par le corps expéditionnaire anticastriste que Castro proclamera le caractère socialiste de la révolution et appellera les travailleurs contre l’ennemi de classe, allié de l’impérialisme yankee.