Castille (suite)
Les problèmes propres à la Castille du xvie siècle à nos jours
Au xvie s., le développement industriel est favorisé grâce à la demande des pays d’Amérique, dont le commerce est le monopole de l’Espagne. Les exportations sont axées surtout sur le blé et les lainages. Mais les voies de communication, défectueuses, et les institutions, de type encore féodal, ne permettent pas à la Castille de rivaliser avec les produits étrangers, qui sont vendus à des prix plus compétitifs. Toutefois, au xvie et au xviie s., les foires sont importantes, notamment à Ségovie, à Palencia, à Brihuega, à Tolède, à Astorga et surtout à Medina del Campo, où s’installent des marchands venus de l’étranger.
Dès la fin du xvie s. et au xviie s., les effets de la crise se font sentir : la production diminue, bon nombre de corporations disparaissent et les importations augmentent. Du xviie au xixe s., la Nouvelle Castille s’appauvrit et se dépeuple malgré la croissance de Madrid, nouveau centre de gravité de la Nouvelle Castille qui supplante Tolède. Les industries textiles ne travaillent plus que pour un marché local et doivent même résister à la concurrence des produits venus d’Alcoy (province d’Alicante) ou de Catalogne. Dans la capitale, on peut voir l’opulence et le luxe, mais, aux alentours les plus immédiats, tout n’est que misère.
En Vieille Castille, le processus est sensiblement le même. On y constate le déclin économique de Medina del Campo et de Burgos ainsi que le dépeuplement de Ségovie et d’Ávila, qui, entre 1594 et 1694, perdent les deux tiers de leur population. Au début du xixe s., la Vieille Castille est une zone essentiellement agricole, qui souffre de famine chaque fois que les récoltes sont mauvaises. Au cours de la seconde moitié de ce siècle, elle semble connaître un certain équilibre, fondé sur sa spécialisation dans la production de céréales emportées par chemin de fer vers les minoteries de Santander ou vers les centres urbains de la côte méditerranéenne. Mais la crise agricole de la fin du xixe s. vient rompre cette stabilité précaire, et les agriculteurs orientent leur mécontentement vers des mouvements politiques. À Valladolid, l’existence d’un prolétariat industriel provoque la création de noyaux socialistes. Il se produit une forte émigration des campagnes vers les centres industrialisés, et certains villages perdent les trois quarts de leur population.
R. G.-P.
➙ Espagne / Isabelle Ire la Catholique / León / Madrid / Navarre.
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