Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Castille (suite)

Les problèmes propres à la Castille du xvie siècle à nos jours

Au xvie s., le développement industriel est favorisé grâce à la demande des pays d’Amérique, dont le commerce est le monopole de l’Espagne. Les exportations sont axées surtout sur le blé et les lainages. Mais les voies de communication, défectueuses, et les institutions, de type encore féodal, ne permettent pas à la Castille de rivaliser avec les produits étrangers, qui sont vendus à des prix plus compétitifs. Toutefois, au xvie et au xviie s., les foires sont importantes, notamment à Ségovie, à Palencia, à Brihuega, à Tolède, à Astorga et surtout à Medina del Campo, où s’installent des marchands venus de l’étranger.

Dès la fin du xvie s. et au xviie s., les effets de la crise se font sentir : la production diminue, bon nombre de corporations disparaissent et les importations augmentent. Du xviie au xixe s., la Nouvelle Castille s’appauvrit et se dépeuple malgré la croissance de Madrid, nouveau centre de gravité de la Nouvelle Castille qui supplante Tolède. Les industries textiles ne travaillent plus que pour un marché local et doivent même résister à la concurrence des produits venus d’Alcoy (province d’Alicante) ou de Catalogne. Dans la capitale, on peut voir l’opulence et le luxe, mais, aux alentours les plus immédiats, tout n’est que misère.

En Vieille Castille, le processus est sensiblement le même. On y constate le déclin économique de Medina del Campo et de Burgos ainsi que le dépeuplement de Ségovie et d’Ávila, qui, entre 1594 et 1694, perdent les deux tiers de leur population. Au début du xixe s., la Vieille Castille est une zone essentiellement agricole, qui souffre de famine chaque fois que les récoltes sont mauvaises. Au cours de la seconde moitié de ce siècle, elle semble connaître un certain équilibre, fondé sur sa spécialisation dans la production de céréales emportées par chemin de fer vers les minoteries de Santander ou vers les centres urbains de la côte méditerranéenne. Mais la crise agricole de la fin du xixe s. vient rompre cette stabilité précaire, et les agriculteurs orientent leur mécontentement vers des mouvements politiques. À Valladolid, l’existence d’un prolétariat industriel provoque la création de noyaux socialistes. Il se produit une forte émigration des campagnes vers les centres industrialisés, et certains villages perdent les trois quarts de leur population.

R. G.-P.

➙ Espagne / Isabelle Ire la Catholique / León / Madrid / Navarre.

 M. Gaibrois de Ballesteros, Historia del reinado de Sancho IV de Castilla (Madrid, 1922). / R. Menéndez Pidal, La España del Cid (Madrid, 1929 ; 2e éd., Buenos Aires, 1943). / G. Marạñón, Ensayo biológico sobre Enrique IV de Castilla y su tiempo (Madrid, 1934). / J. de Contreras de Lozoya, « Los orígenes del Imperio », dans La España de Fernando e Isabel (Madrid, 1939). / A. Valbuena Prat, La vida española en la Edad de Oro (Barcelone, 1943). / F. J. Pérez de Urbel, Fernán González (Madrid, 1943 ; nouv. éd., Buenos Aires, 1952) ; Historia del condado de Castillà (Madrid, 1945 ; 2 vol.). / A. Torre y del Cerro, Los Reyes Católicos y Granada (Madrid, 1946). / J. Larraz, La época del mercantilismo en Castilla (Madrid, 1960). / N. Salomon, la Campagne de Nouvelle Castille à la fin du xvie siècle (SEVPEN, 1964). / L. Suárez Fernández, « Los Trastámaras de Castilla y Aragón en el siglo XV, 1407-1474 », dans Historia de España (Madrid, 1964). / A. Rodriguez et L. M. de Lojendio, Castille romane (Zodiaque, la Pierre-qui-vire, 1966). / D. Bayon, l’Architecture en Castille au xvie siècle (Klincksieck, 1968).

Castlereagh (Robert Stewart, vicomte)

2e marquis de Londonderry, homme d’État britannique (Dublin 1769 - North Cray Farm, Kent, 1822).


Sa famille, installée en Irlande du Nord, y possédait de grandes propriétés terriennes (d’où le nom de lord Londonderry qui lui revint en 1821, lorsqu’il succéda à son père comme héritier du titre). Castlereagh commence sa carrière politique en 1790 au Parlement irlandais. Ses sympathies whig sont vite battues en brèche par la Révolution française, pour laquelle il éprouve une vive aversion, et il se convertit à un torysme intransigeant. Entré à la Chambre des communes en 1794, il accède bientôt au gouvernement et, en 1798, devient responsable des affaires d’Irlande. Convaincu que la seule sauvegarde de son pays face au danger d’invasion française et de soulèvement révolutionnaire réside dans une politique d’intégration à la Grande-Bretagne, il seconde ardemment les efforts de Pitt pour aboutir à l’Acte d’union de 1800, mesure capitale qui crée le Royaume-Uni. En fait, le problème irlandais est d’autant moins résolu que la loi n’est pas accompagnée — à cause de l’opposition de George III et au grand regret de Castlereagh — d’une mesure d’émancipation des catholiques. L’union entre la Grande-Bretagne et l’Irlande se fait sur un pied d’inégalité. Après 1800, Castlereagh, bien qu’il représente un siège irlandais à la Chambre des communes, cesse de s’occuper des affaires d’Irlande. Président du Bureau de contrôle des affaires indiennes pendant quelque temps, il est chargé par Pitt du ministère de la Guerre de juillet 1805 à janvier 1806, et il retrouve ce même poste d’avril 1807 à septembre 1809. C’est l’époque des grandes victoires napoléoniennes. Castlereagh enregistre de sérieux échecs qui lui valent de l’impopularité, sauf en un secteur, l’Espagne, dont il perçoit l’importance comme enjeu stratégique et où il engage à fond les armes britanniques en envoyant le corps expéditionnaire de Wellington. En butte aux critiques et aux intrigues de ses collègues (en particulier de son rival George Canning*, avec qui il se bat en duel en 1809), il démissionne avec éclat.

En mars 1812, il est appelé par Spencer Perceval comme ministre des Affaires étrangères ; il restera en fonctions au Foreign Office jusqu’à sa mort. C’est la période décisive de sa carrière. Incarnant la volonté nationale d’abattre Napoléon, Castlereagh déploie une résolution froide et obstinée pour parvenir à cette fin. Non content de verser subsides après subsides aux adversaires européens de l’Empereur, il s’emploie à édifier la grande alliance des puissances continentales (Russie, Prusse, Autriche) et à maintenir le bloc de la coalition sans fissures. Son succès, c’est le pacte de Chaumont du 9 mars 1814 (« mon traité », comme il l’appelle), par lequel les quatre Alliés s’engagent à poursuivre le combat jusqu’à la victoire complète sans consentir de paix séparée.