Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

carrosserie (suite)

La Société des ingénieurs de l’automobile a retenu trois types de base pour les carrosseries : le cabriolet, à deux ou trois places, à deux portes et à capote de toile repliable ; la berline, conduite intérieure à quatre portes et quatre glaces ; la limousine, conduite intérieure à quatre portes et six glaces. Certaines variantes sont admises, comme le coupé, à deux ou trois places et à toit rigide, le break, dont la partie arrière s’ouvre totalement grâce à un hayon, et le roadster, à deux portes, deux glaces et dépourvu de toit.

Une solution de compromis : le profilage

Le profilage est une forme de carrosserie spécialement étudiée pour réduire la résistance qu’elle offre à la pénétration dans l’air et pour éviter les remous.

La résistance que l’air oppose à l’avancement d’une voiture est proportionnelle au produit de trois facteurs : la vitesse, qui intervient par son carré ; la surface frontale, ou surface du maître couple ; un coefficient de proportionnalité Cx, dont la valeur dépend de la forme de la carrosserie. La vitesse ayant tendance à croître régulièrement, le maître couple ne pouvant être réduit en deçà d’une certaine limite, la carrosserie devant rester habitable, on a donc intérêt à étudier des profils spéciaux dont la pénétration dans l’air soit maximale. Théoriquement, les formes de moindre résistance sont connues : la goutte d’eau ou l’aile d’avion. Pratiquement, elles sont inutilisables pour la voiture. En roulant, un véhicule déplace un volume d’air égal au sien, qui exerce d’une part une compression à l’avant et le long des flancs de la carrosserie, d’autre part une dépression à l’arrière favorisant la production de remous qui agissent comme autant de freins. Il faudrait allonger considérablement la partie arrière en la fuselant, ce qui est impossible.

Il est souvent difficile de combattre l’effet d’interférence aérodynamique. Deux corps voisins correctement profilés peuvent offrir une résistance totale supérieure à la somme des deux résistances individuelles, car les filets d’air déplacés par l’un d’eux peuvent venir interférer sur l’autre. C’est ainsi que l’effet de réaction du sol ne peut être qu’imparfaitement corrigé en raison de la faible garde au sol.

Il ne peut s’agir que d’une solution de compromis, même avec les voitures de grand tourisme, où, pourtant, on sacrifie quelque peu du confort à la vitesse. On se borne à abaisser la ligne du capot avant, à envelopper les phares par un carénage translucide et à prévoir des flancs convexes, en élévation et en plan, de telle manière que les tourbillons résultant de la rotation des roues ne provoquent que des perturbations minimes.

J. B.

J. B.

carte à jouer

Chacun des petits cartons fins portant sur une de leurs faces des figures en couleurs et avec lesquels on joue à divers jeux.



L’origine des cartes à jouer

Une légende, citée par le père Claude François Menestrier (1631-1705), voudrait que les cartes soient nées en France : « Cette année 1392 fut l’année malheureuse en laquelle le roi Charles VI tomba en frénésie, et ce fut pour le divertir durant cette maladie que l’on inventa le jeu des cartes. »

L’hypothèse d’une origine orientale s’appuie sur des recherches beaucoup plus concrètes. En effet, les Chinois auraient créé les dominos par une transformation du jeu de dés, et, lorsque ces dominos furent imprimés sur du carton, on obtint des cartes avec valeur de points. Les figures s’y ajoutèrent ensuite, à l’image, croit-on, des papiers-monnaies déjà en usage en Chine. Les plus anciennes cartes retrouvées ne seraient pas antérieures au xve s. ; elles s’apparentent à des cartes datant du xe s., qui ont disparu, mais dont on trouve trace dans des textes.

Les historiens attribuent l’introduction des cartes en Occident aux voyages qu’ont faits des Italiens, comme Marco Polo, en Orient. L’Italie aurait emprunté à l’Asie non pas la forme des cartes, mais l’idée d’utiliser des séries d’images pour un divertissement nouveau.

En 1397, le prévôt de Paris constatait que « plusieurs gens de mestier et autre du petit peuple quittent leur ouvrage et leurs familles pendant les jours ouvrables, pour aller jouer à la paume, à la boule, aux dez, aux cartes », et faisait « défenses aux personnes de cette condition de jouer pendant les jours ouvrables ».

Sur les premières cartes ne figuraient pas nos emblèmes traditionnels, mais des bâtons, des deniers, des coupes et des épées, qui subsistent sur les jeux dits « espagnols », encore utilisés en Italie, en Espagne et dans le sud-ouest de la France.

Les cartes allemandes, elles, comportaient des séries représentant des cœurs, des grelots, des feuilles et des glands. En France, piques, cœurs, carreaux et trèfles s’imposèrent vers la fin du xve s. et furent exportés en Angleterre, où, pourtant, les trèfles et les piques sont désignés par les mots clubs et spades, rappelant les bâtons et les épées.

Une hypothèse ingénieuse du symbolisme des figures a été exposée par le père Menestrier : « La composition de notre jeu de cartes, de roys, de dames, de valets, d’as, avec des images de cœurs, de piques, de trèfles et de carreaux, fait voir que l’on voulut que ce jeu fût instructif, en même temps qu’il servirait au divertissement, avec cette différence des échecs que, ce jeu-là étant une image de guerre et d’un combat, on voulut que celui-ci représentât un État paisible et l’État politique composé de roys, de reynes, de vassaux et de quatre corps [...], les ecclésiastiques représentés par les cœurs, parce que les ecclésiastiques sont gens de chœur [...], la noblesse militaire par les piques, qui sont les armes des officiers, les bourgeois par les carreaux, qui sont le pavé de leurs maisons, et les gens de la campagne par les trèfles. »

Jusqu’à la Révolution, l’histoire des cartes à jouer ne sera marquée que par l’alternative des instaurations et des suppressions continuelles de l’impôt sur les cartes, perçu par les fermiers.