Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Canada (suite)

À l’ouest, la forêt boréale passe à la forêt des Rocheuses et des plateaux intramontains (des espèces différentes y représentent les genres Picea, Abies, Pinus). La forêt pacifique est célèbre par ses arbres géants, notamment le sapin Douglas (Pseudo-tsuga taxifolia) et l’épinette d’Engelmann (Picea engelmanni), le cèdre rouge de l’Ouest (Thuja plicata) et la pruche de l’Ouest (Tsuga heterophylla), dont les plus grands atteignent 50 ou 60 m.

Dans la région laurentienne et acadienne, la forêt boréale est remplacée par une forêt mixte et, dans l’extrême sud de l’Ontario, par la forêt décidue tempérée.

Dans les plaines de l’Ouest, une forêt ouverte de trembles (Aspen grove ou parc) forme transition entre la forêt boréale et les Prairies. Celles-ci sont une steppe de graminées naturelles de grande taille à la lisière nord, mais de petite taille et en formation discontinue dans le Sud, aride.

Les sols qui ont été épargnés par les glaciers ou se sont reconstitués après leur départ sont généralement médiocres ; le climat froid et humide ainsi que la composition partiellement résineuse de la forêt boréale ont donné naissance à des podzols. Dans la forêt acadienne et laurentienne, grâce à la prédominance des feuillus et à un été plus long et plus chaud, des sols bruns ou gris-brun ont pu se développer. Dans les Prairies, les sols bruns de la prairie rase font place aux sols brun foncé et, dans le parc, à hautes graminées et à feuillus, aux sols noirs, qui sont les meilleures terres agricoles du Canada.

P. B.


L’histoire


Le régime français

L’histoire du Canada, c’est d’abord celle de la première colonie française de peuplement. Sa durée ? Seulement cent cinquante et un ans depuis la fondation de Québec (1608). Son importance ? Bien peu d’hommes, puisqu’on n’y comptait que 65 000 à 70 000 colons français en 1760. Si la « Nouvelle-France » était alors immense (3 000 km des côtes du Labrador à la région du lac Winnipeg), le territoire occupé par les cultivateurs ne s’allongeait que sur 600 km environ, sur les rives du Saint-Laurent. La seconde tentative française de peuplement outre-mer a concerné l’Algérie. Sa durée a été comparable à celle de la Nouvelle-France (130 ans), comme ses dimensions (800 km de la plaine d’Oran à celle de Bône). Mais, si le peuplement français d’Algérie a été supérieur de quinze fois à celui du Canada français, la brisure avec la métropole n’a rien eu de comparable : la dernière tentative de bourgeonnement outre-mer ne laisse guère de traces très profondes, puisque les « pieds noirs » sont presque tous partis en 1962.

Au Canada, en revanche, la fin du « régime français » ne voit pas celle des Canadiens français : ils sont bien peu nombreux en 1760, mais ils l’emportent déjà sur les Indiens, dispersés à travers d’immenses étendues. Leur ténacité à demeurer eux-mêmes et leurs étonnantes « victoires des berceaux » multiplient par cent leur nombre depuis la victoire des Anglais. Finalement, leur originalité fondamentale amènera une minorité de Québécois à envisager leur avenir dans le cadre d’une nation séparée ; et, après deux cents ans d’allégeance au souverain du Royaume-Uni, cette minorité trouve une audience qui apparaît comme une menace pour l’existence même de l’État hérité du régime anglais en 1867.

Les débuts de la colonisation au Canada, s’ils sont précoces, marquent pourtant, par la faiblesse des moyens qui y sont consacrés, le manque de vocation profonde de la France à se reproduire au-delà des mers : aucune comparaison possible avec les îles Britanniques et leurs grandes vagues d’émigrants, ni même avec l’Espagne, qui, la Reconquista terminée, exporte par galions entiers ses gentilshommes et ses aventuriers vers l’Amérique de l’or.


Les premières tentatives françaises : Jacques Cartier

Le premier voyage de Jacques Cartier* (1534) n’est que de pure découverte et vise, outre l’or, l’itinéraire nouveau vers l’orient, que l’on espère souffler aux Ibériques. De même le deuxième voyage (1535-36), où l’on se risque à hiverner, près de Stadaconé (le site de Québec), et au cours duquel Cartier prouve l’insularité de Terre-Neuve. Mais, avec le troisième voyage (1541-42), les intentions évangélisatrices vont de pair, pour Cartier, avec la nécessité d’habiter, si besoin est, avec les « sauvages » : vingt « hommes laboureurs » sont de l’expédition, ainsi que du bétail. Les premiers semis font merveille : c’est déjà le germe d’une colonisation. Pourtant, la grande affaire reste encore la recherche de la voie maritime vers la Chine. Nouvel échec en amont du site de Montréal. On se console avec des pierres que l’on espère aurifères. Ce ne sont, en fait, que des roches micacées.


Un long désintérêt

L’erreur minéralogique de Cartier contribuera au désintérêt de l’opinion française pour ce pays lointain, qui ne tient guère les promesses que l’on avait échafaudées à son égard, d’autant que le chef véritable de la troisième expédition, Jean François de La Roque de Roberval (1500-1561), connaît aussi bien des déboires lorsqu’il achève l’entreprise (1542-43) ; il n’en récolte pas moins les premiers blés semés par Cartier.

Désormais, jusqu’à la fin du siècle, seuls quelques pêcheurs et quelques trafiquants de fourrures feront des apparitions dans ces terres lointaines.

En 1598, le marquis de La Roche, lieutenant général d’Henri IV, échoue piteusement dans une tentative pour coloniser une infime parcelle du domaine immense déjà revendiqué par le roi de France, l’île au Sable, petite terre désolée à l’est de la Nouvelle-Écosse. Un successeur de La Roche, Aymard de Chastes, reçoit en 1602 le monopole de la traite sur le Saint-Laurent contre la charge d’installer des colons sur les bords du grand fleuve.


La fondation du Canada français. Champlain

En 1603, le premier voyage de Champlain* s’effectue sous les ordres de François Gravé Du Pont (ou Dupont-Gravé). Le récit de l’expédition est un succès de librairie : le Canada redevient à la mode, et, en 1604, une première tentative sérieuse de colonisation est tentée en Acadie pour le compte d’un nouveau titulaire du monopole commercial, Pierre de Gua, sieur de Monts (v. 1568 - v. 1628). Champlain est le géographe du voyage.