Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cameroun (suite)

Le Cameroun méridional

Il englobe les régions côtières et forestières à climat équatorial chaud et humide, aux saisons peu différenciées, où les pluies atteignent et dépassent 2 000 mm par an. Il est constitué dans sa partie orientale par des plateaux boisés s’abaissant de 800 m vers la cuvette du Congo, à l’est, vers les plaines littorales à l’ouest. Celles-ci, étroites au sud, s’élargissent par les basses vallées de la Sanaga et du Wouri. Le profond estuaire du Wouri (dont les crevettes [camarões en portugais] sont à l’origine du nom du pays) est le site du port de Douala. Les plateaux orientaux, que drainent la Sanaga et le Nyong, ont d’abord été le domaine de l’exploitation forestière par les sociétés exportatrices. Actuellement, la zone forestière fournit encore l’essentiel des produits d’exportation. Le développement des plantations de palmiers à huile sur 9 000 ha, les zones d’action prioritaires intégrées (café, cacao) visent à transformer les conditions de la vie rurale. Les revenus restent cependant modestes, puisque les producteurs de cacao retirent en moyenne 12 500 francs CFA par tête et par an de leur exploitation.

La partie occidentale comprend les zones montagneuses du pays Bamiléké (N’Kongsamba, Dschang, Foumban) et l’ancienne province sous mandat britannique (Kumba, Bali). Le mont Cameroun (4 070 m), ancienne île rattachée au continent, les monts Bambouto (2 710 m), le mont Manengouba (2 250 m) sont les plus élevés du Cameroun.

Les plateaux Bamilékés, fortement peuplés (60 à 340 hab. au kilomètre carré), présentent un paysage bocager, dans lequel se disséminent les fermes pratiquant les cultures du manioc, des ignames, des bananes, du maïs, l’élevage des porcs et des chèvres. Les cultures commercialisées développées sont celles du café et du cacao. La région de Foumban fournit du minerai d’étain (cassitérite), mais l’extraction semble en recul (124 t de métal en 1945, 35 t en 1968).


Le Cameroun central

Il correspond au massif de l’Adamaoua entre 800 et 1 500 m d’altitude, situé entre le bassin de la Sanaga et celui de la Bénoué. Le climat, de type tropical humide (1 000 mm à 2 000 mm de précipitations), comporte une longue saison des pluies (d’avril à novembre). L’altitude permet l’élevage grâce à l’absence de foyers de trypanosomiase. Les plateaux couverts de savane herbacée, bordée de galeries forestières le long des cours d’eau, offrent d’excellents pâturages à quelque 650 000 bovins, les meilleurs de l’Afrique centrale. Les troupeaux appartiennent soit aux Foulbés (Peuls), éleveurs traditionnels venus en conquérants dans l’Adamaoua, soit aux nomades Bororos, ou aux entreprises modernes, dont la plus importante est la pastorale de Goundjel. Des essais de cultures fourragères permettent l’amélioration de cet élevage. N’Gaoundéré possède un abattoir à frigorifique, et son aérodrome favorise la commercialisation de la viande vers le sud du pays. L’exploitation projetée des ressources bauxitiques de Martap et N’Gaoundal (plus d’un milliard de tonnes reconnues) justifie la construction du transcamerounais, qui doit relier N’Gaoundéré à Douala par Yaoundé.


Le Cameroun septentrional

Il correspond à la retombée nord de l’Adamaoua sur le bassin du Tchad. Le climat, de type tropical sec, se caractérise par une saison des pluies de plus en plus brève du sud au nord (1 000 à 500 mm de précipitations) et par une très longue saison sèche sans aucune précipitation (novembre à mai). La savane se déboise progressivement et passe à la steppe sahélienne et aux prairies inondables. À l’exception des éleveurs bororos, les populations sont sédentaires et associent plus ou moins agriculture et élevage. Les Foulbés, conquérants des plaines, voisinent avec les populations des montagnes refuges du Mandara (Kapsikis, Matakams) ou des plaines inondables (Massas, Toupouris), appelées parfois kirdis (païens). L’agriculture traditionnelle, consacrée à l’économie de subsistance (mil essentiellement), a été élargie récemment aux cultures commerciales : riz dans les casiers inondables résultant de l’endiguement du bas Logone (secteur d’expérimentation de Yagoua), coton associé à une amélioration des techniques agricoles par introduction de la culture attelée, de la fumure des terres dans la région du Diamaré, autour du centre d’égrenage et de traitement de Kaélé (huilerie). L’emprise du cultivateur est passée de 0,5 ha travaillé à la houe à 3 ou 4 ha en labours attelés.

Grâce aux déversements des hautes eaux du bassin moyen du Logone vers la Bénoué, le port fluvial de Garoua permet pendant deux mois l’évacuation d’une partie importante de la production cotonnière ; Garoua possède aussi une conserverie de viande bovine. Maroua (plus de 30 000 hab.) est un centre d’échanges entre éleveurs foulbés et cultivateurs kirdis.


Le développement urbain et l’industrialisation

Douala, avec 250 000 habitants, joue le rôle de capitale économique grâce à l’activité du port (plus de 500 000 t de trafic) et à la multiplication des industries (filature, tissage, impression, confection, peinture et vernis, détergents, petite métallurgie, appareils ménagers, scierie). Débouché naturel de l’arrière-pays agricole et forestier grâce à la jonction des voies ferrées de l’ouest et de l’est par le pont du Wouri, Douala est au centre de la voie continue de N’Kongsamba à Yaoundé-Bélabo et M’Balmayo. La prolongation du transcamerounais vers N’Gaoundéré et vers le Tchad fera de Douala le grand centre d’expédition ou de redistribution des minerais, du coton, de la viande. L’utilisation des chutes d’Édéa pour l’énergie hydro-électrique a permis l’installation de l’usine d’aluminium Alucam, à partir de l’alumine provenant de Fria (Guinée).

Yaoundé (100 000 hab.), la capitale politique, administrative et universitaire, située à 700 m d’altitude, bénéficie d’un climat plus agréable que Douala. Peu industrialisée, elle est surtout une ville résidentielle qui doit son essor à ses avantages climatiques.

Buea, principal centre du Cameroun occidental, est desservie par le port de Victoria, en cours d’extension.