Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Caillaux (Joseph) (suite)

 M. Barrès, Dans le cloaque. Notes d’un membre de la commission d’enquête sur l’affaire Rochette (Emile-Paul Frères, 1914). / A. Fabre-Luce, Caillaux (Gallimard, 1933). / E. Roche, Caillaux que j’ai connu (Plon, 1949). / R. Binion, Defeated Leaders : the Political Fate of Caillaux, Jouvenel and Tardieu (New York, 1960). / R. Floriot, Deux femmes en cour d’assises. Madame Steinheil et Madame Caillaux (Hachette, 1966).

Caillié (René)

Explorateur français (Mauzé 1799 - La Baderre 1838).


Il est de très humble origine. Mais sa pauvreté même est sans doute à la base de son triomphe, le voyage à Tombouctou et la traversée du Sahara : ses contemporains qui tentèrent des périples comparables connurent bien des déboires pour avoir voulu constituer une véritable expédition militaire, ce qui était prématuré, ou pour s’être encombré de trop de richesses, qui attiraient mille convoitises dangereuses.

Son père, boulanger, est envoyé pour un larcin au bagne de Rochefort peu avant sa naissance. Sa mère étant morte, René est recueilli par sa grand-mère. Il quitte vite l’école pour faire son apprentissage de cordonnier, mais il rumine des projets de voyage que son imagination très vive lui fait échafauder sans cesse. Après la disparition de sa grand-mère, il se fait engager comme domestique d’un officier embarqué sur la Loire, qui part pour le Sénégal (1816). De Gorée, il gagne la Guadeloupe, où il se trouve un petit emploi. Mais il ne pense qu’à l’Afrique. Le chemin du continent noir passe par la France, où il revient en 1818. René va se faire admirer à Mauzé, emprunte 300 francs et repart aussitôt pour Saint-Louis. Il réussit à rejoindre l’expédition de l’Anglais Grey, mais les explorateurs doivent renoncer à gagner l’intérieur. Caillié se retrouve cuisinier à Saint-Louis. Cette condition ne lui sourit guère. Il repart pour la France, fait plusieurs voyages aux Antilles pour une maison de commerce de Bordeaux et parvient enfin, en 1824, à persuader son patron de le renvoyer à Saint-Louis négocier quelques marchandises. Sa conviction et la modestie de ses besoins emportent l’approbation du gouverneur de la colonie, auquel il soumet son projet pour atteindre le cœur de l’Afrique : il veut se faire passer pour un saint homme, un marabout, et voyager en pèlerin. Pour expliquer son teint bien clair et son accent, il se présentera aux populations comme le fils d’un riche négociant français que la lecture du Coran a acquis à l’islām.

Le 3 août 1824, il s’en va faire une longue retraite chez des Maures, les Braknas, qui vivent aux confins du désert, au nord du Sénégal. Sa petite histoire est bien accueillie, et le jeune homme va désormais partager la vie de la tribu jusqu’en avril 1825. Après avoir beaucoup appris, il regagne Saint-Louis, puis, au début de 1826, Freetown, le chef-lieu de la Sierra Leone, possession anglaise.

Avec ses économies, il achète de la pacotille et se forge une autre histoire : il est né à Alexandrie et a été emmené tout enfant par les soldats de Napoléon. Envoyé au Sénégal par son maître, il s’est affranchi et voudrait revenir dans son pays pour vivre selon la Foi.

Il part enfin le 22 mars 1827 pour sa grande aventure. Il remonte d’abord le rio Nuñez et se joint à une petite caravane de commerçants mandingues. Il atteint le Niger le 13 juin et entre désormais dans un pays inconnu des géographes. Nouvelle étape à Kankan. Mais Caillié est accablé par bien des maux : des fièvres épuisantes, une plaie au pied surtout, qui lui rend la marche de plus en plus pénible, enfin le scorbut. Au début d’août, il doit s’arrêter au village de Timé, où il pense mourir. Le 9 janvier 1828, il peut enfin repartir à travers le pays bambara. Le 14 mars, il retrouve le Niger, puis arrive à Djenné, première véritable ville rencontrée dans son périple. Il s’y met sous la protection des autorités. À partir du 23 mars, c’est la descente du Niger sur une barque marchande qui se rend à Cabra, le port de Tombouctou. Le 20 avril, René Caillié entre à Tombouctou. Sa joie est immense, malgré la déception que lui procure une ville morne ne formant « qu’un amas de maisons en terre mal construites ». Bien accueilli ici encore, Caillié multiplie, discrètement, les observations sur le but de son voyage : il lui faudra rendre des comptes à la Société de géographie s’il veut gagner le prix de 10 000 francs offert au voyageur français qui décrira le premier la cité. Il lui tarde dès lors de revenir en France. Il s’incorpore à une caravane pour gagner le Sud marocain. La traversée du Sahara est un véritable martyre : la soif est toujours atroce, et la bienveillance des compagnons de voyage fait place, désormais, à mille petites persécutions. Le Tafilalet est atteint à grand-peine le 23 juillet. Le 2 août, Caillié repart pour Fès, en franchissant l’Atlas. Mais il devient de plus en plus suspect aux populations : son voyage vers Alexandrie est en effet de moins en moins plausible dans ces régions du nord-ouest maghrébin. De plus, il n’a presque plus de ressources : c’est un véritable clochard qui entre le 12 août à Fès. Il gagne Meknès, puis Rabat et enfin Tanger, où il est accueilli avec émotion par le consul de France. Il faudra la complicité d’un navire français pour que l’explorateur puisse quitter sans risque la terre musulmane (sept. 1828) ; Caillié avait parcouru 4 500 km en 538 jours de voyage. Peu après, c’est le triomphe : l’interrogatoire serré de la Société de géographie conclut à l’authenticité du voyage de René Caillié, qui gagne le prix de 10 000 francs.

Pensionné par l’État, Caillié met au point son Journal de voyage avec l’aide du géographe Jomard. Retiré près de son pays natal, il meurt de la tuberculose.

S. L.

Caire (Le)

En ar. al-Qāhira, capit. de l’Égypte ; 5 126 000 hab. (Cairotes).


La ville (qui, avec ses banlieues, dépasse 6 millions d’habitants) est, de loin, la plus peuplée de l’Afrique. Elle s’étend sur les deux rives du Nil, à 20 km en amont de la tête du Delta, où divergent les branches de Rosette et de Damiette.