Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Caffieri (suite)

Jacques est l’auteur des magnifiques bronzes de la commode livrée par Antoine Gaudreaux, en 1739, pour la chambre de Louis XV à Versailles (Londres, Wallace Collection), comme du support en bronze ciselé et doré (1753) de la célèbre horloge de Passemant, conservée à Versailles dans le salon de la « Pendule ». Le maître semble y avoir délibérément accentué la luxuriance du style rocaille, qu’au contraire les artistes du milieu du siècle commençaient à tempérer. La pendule du fameux mécanicien était une novation et, sans doute, Caffieri voulut-il la présenter dans un décor exceptionnel.

Fils de Jacques, Philippe (Paris 1714 - id. 1774) succéda à son père dans la charge de fondeur ciseleur du roi. C’est à lui que furent commandés la croix et les six chandeliers d’autel qui remplacèrent le mobilier d’argent fondu à la Monnaie dans les dernières années du règne de Louis XIV.

Lui-même eut un fils, Jean-Jacques (Paris 1725 - id. 1792), élève de Jean-Baptiste II Lemoyne*, académicien en 1759 et dont l’œuvre égale, dans la statuaire, celui de ses aïeux. Les collections publiques françaises en ont recueilli de nombreux témoins : le Louvre possède notamment le beau buste de l’astronome Pingré (1759), le groupe de l’Amitié pleurant sur un tombeau (1767) et la statue en marbre de Corneille (1779) ; le musée de Versailles, les bustes du président Hénault (1768) et d’Helvétius (1773) ; la bibliothèque Mazarine, ceux de Franklin (1777) et de Fabri de Peiresc (1789), deux terres cuites originales ; le musée des Arts décoratifs, le buste du médecin Borie (1767) ; le musée de Dijon, ceux de l’abbé Languet de Gergy (1748), de Rameau (1760) et d’Alexis Piron (1762). La Comédie-Française, la plus riche en œuvres de Caffieri, possède les bustes en terre cuite de Philippe Quinault (1778) et de La Fontaine (1779), ainsi que les bustes en marbre de Pierre Corneille (1777) et de son frère Thomas (1785), de Rotrou (1783), de Jean-Baptiste Rousseau (1787) et de Nivelle de La Chaussée (1785).

G. J.

 J. Guiffrey, les Caffieri, sculpteurs et fondeurs ciseleurs (Morgand et Fatout, 1877).

Cage (John)

Compositeur américain (Los Angeles 1912).


Il travaille avec Richard Buhlig, Henry Cowell et A. Schönberg. Très tôt intéressé par l’étude extensive des instruments à percussion, il est l’un des premiers et principaux explorateurs de la tendance qui incorpore à la musique traditionnelle des sons jusqu’alors considérés comme des bruits, notamment dans Construction in Metal (1939) pour sextuor de percussion. Aussitôt après, ses recherches devaient s’étendre au piano : Cage est le créateur de la technique des « pianos préparés » (entre les cordes ou la table desquels on introduit des corps étrangers en bois, en métal ou en caoutchouc, etc., pour en modifier la résonance). Dans cette technique, il a écrit près de vingt-cinq œuvres, dont la première est Bacchanale (1938) et dont un certain nombre sont destinées au spectacle de danse : Daughters of the Lonesome Isle (1945), Mysterious Adventure (1945, pour Merce Cunningham), Sonates and Interludes (1948), Music for Marcel Duchamp (1947).

Cage est également parti à la découverte du hasard et est un des initiateurs de la musique aléatoire*, à laquelle il a été amené par l’étude de I Ching, livre de divination chinois. En ce domaine, il faut citer, entre autres très nombreuses compositions, Imaginary Landscape no 4 (1951) pour douze postes de radio, Imaginary Landscape no 5 (1952) pour quarante-deux enregistrements phonographiques.

La musique sur bande magnétique a évidemment aussi retenu Cage. Celui-ci a également accompli des recherches dans le domaine audiovisuel. Puis il a fait une sorte de synthèse de toutes ces acquisitions pour les appliquer dans le domaine du piano, de la musique de chambre ou de l’orchestre : Music of Changes (1951), plusieurs recueils de Music for Piano (1955-56), un quatuor à cordes (1950), For a Percussionist (1956), Variations I et II pour n’importe quels instruments (1958-1961), un concerto pour piano et orchestre (1958), Atlas eclipticalis pour orchestre (1962). Ce catalogue comporte en 1970 plus de deux cents compositions dont on ne donne ici qu’un aperçu.

Cage a fait des cours dans les studios électroniques du monde entier et, de 1956 à 1960, il a enseigné à la Faculty of the New School (New York). Détail pittoresque : fondateur de la New York Mycological Society, Cage fait autorité dans le monde en matière de science mycologique.

Sous les apparences d’extravagance que se donne son art, qui est un peu un héritier des dadaïstes et d’Erik Satie, sa pensée est cependant pleine de sagesse et de raison : c’est peut-être parce que ce musicien est aussi et d’abord un philosophe, et parce que cet esprit a fait la synthèse de bien des connaissances humaines avec une faculté d’assimilation très en avance sur celle du commun. Son influence est considérable.

C. R.

Caillaux (Joseph)

Homme politique français (Le Mans 1863 - Mamers 1944).


Son père, Eugène Caillaux (1822-1896), haut fonctionnaire, avait été ministre au temps de l’ « ordre moral ». Joseph Caillaux est reçu au concours de l’inspection des Finances en 1888. Après dix ans de carrière dans le corps de l’inspection des Finances, il accepte de présenter sa candidature, comme républicain, aux élections législatives de 1898, dans la Sarthe, contre un adversaire royaliste.


Des débuts brillants dans la carrière politique

Un an après son entrée à la Chambre, Caillaux est remarqué par Waldeck-Rousseau, qui fait de lui son ministre des Finances (1899-1902). Il remanie de fond en comble les impôts sur les boissons et les sucres ainsi que les droits sur les successions, mais il n’ose pas présenter son projet d’impôt sur le revenu.

Après le vote de la loi de séparation de l’Église et de l’État (1905) s’impose aux républicains la nécessité de réformes économiques et sociales. Caillaux pressent que son ambition politique peut se réaliser du côté des gauches ; il va donc devenir l’homme de l’impôt sur le revenu. Mais, si sa fortune garantit la modération de son projet, celui-ci se heurte à l’hostilité de la bourgeoisie, fût-elle anticléricale.