Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

café-concert (suite)

En 1909, il rachète le Grand Concert parisien ; en 1910, il lui donne son nom. Ayant cédé le Concert Mayol à Dufrenne en 1914, il y revient souvent « en représentations » et donne, dans divers music-halls, de nombreuses « représentations d’adieu ». En 1938, il se retire à Toulon, mais il construit un petit théâtre dans sa villa et, bien que paralysé des deux jambes, y chante encore de temps en temps. Mayol a créé un personnage que beaucoup ont essayé d’imiter : silhouette légèrement rondouillarde, toupet frisé au petit fer, gestes éloquents des mains et surtout brin de muguet à la boutonnière, qu’il porta depuis ses débuts.


Paulus

(Jean-Paul Habans, dit) [Saint-Esprit, près de Bayonne, 1845 - Saint-Mandé 1908]. Il débute à Bordeaux, puis à l’Eldorado en 1868, où, paralysé par le trac, il se fait emboîter. De retour à Bordeaux, il découvre le genre gambilleur. Après quelques saisons en province, il est engagé aux Ambassadeurs, où il connaît alors le succès avec des chansons dont toute littérature est absente. À la fin de l’année, il rentre en vedette à l’Eldo’, où il reste jusqu’en 1878. Après une bagarre avec un musicien de l’orchestre, il en est expulsé manu militari et accepte alors un engagement à la Scala. En 1882-83, il chante au Concert parisien, puis rentre à la Scala et se partage entre ce café-concert et l’Alcazar d’été. Le 14 juillet 1886, il chante à l’Alcazar En revenant de la revue (Delormel, Garnier, Désormes), chanson bientôt suivie des Pious-pious d’Auvergne (Antonin Louis). Ces deux chansons contribuent à établir la popularité du général Boulanger. Idole des foules, aux cachets astronomiques (400 francs par soirée), Paulus a une si grande vogue que, durant l’Exposition de 1889, on doit fermer les portes de l’Alcazar d’été dès 9 heures du soir tant est nombreuse la foule qui se presse pour l’entendre chanter son nouveau succès, le Père la Victoire (Delormel, Garnier, Ganne). Après une tournée en Europe centrale (1889-90), puis en Amérique (1891), il prend la direction de l’Alhambra de Marseille et celle de Ba-ta-clan. Mais ce très grand interprète a un caractère irascible et manque de sens commercial. Après avoir liquidé à perte ces deux établissements, il chante encore pendant une dizaine d’années, son succès allant en s’amenuisant. En 1906, alors qu’il est complètement ruiné par des spéculations désastreuses, on doit donner une représentation à son bénéfice.

De nombreux artistes ont essayé d’imiter son genre : Arnaudy, Ennery, Alibert, Geo Pomel, qui essaya même de reprendre le pseudonyme en 1929.

Paulus a écrit des Mémoires, recueillis par Octave Pradels et qui reflètent d’une façon vivante l’atmosphère du caf’ conc’ de son époque.


Thérésa

(Emma Valadon, dite) [La Bazoche-Gouet, Eure-et-Loir, 1837 - Neufchâtel-en-Saosnois, Sarthe, 1913]. Elle débute en 1857 au café du Géant et passe dans divers caf’ conc’ de Paris et de province. Elle chante alors des romances, sans grand succès. À l’Eldorado en 1864, elle en chante une, Fleur des Alpes, d’une façon si comique que le directeur de l’Alcazar, qui l’entend, l’engage et lui fait changer son genre en celui de chanteuse comique. Elle triomphe alors dans un répertoire trivial : les Canards tyroliens, la Femme à barbe, C’est dans l’ nez qu’ ça m’ chatouille et surtout Rien n’est sacré pour un sapeur, que reprend devant la cour impériale la princesse de Metternich. Plus tard, Thérésa interprète un répertoire très différent : la Glu (Richepin), la Terre (Jules Jouy).

Très contestée durant les quarante années de sa carrière, elle a été surnommée la « Patti de la chope » et la « Rigolboche de la chansonnette ». Cependant, Maurice Allem a écrit d’elle : « Elle a été la chanteuse adulée d’un public idolâtre. » Thérésa a écrit des Mémoires, où elle se raconte complaisamment.

F. V.

 M. Constantin, Histoire des cafés-concerts et des cafés de Paris (Renaud, 1857 ; 2e éd., 1872). / A. Menetière, les Étoiles du café-concert (Lemerre, 1870). / A. Chadourne, les Cafés-concerts (Dentu, 1889). / Paulus, Trente Ans de café-concert (Juven, 1908). / Mayol, Mes Mémoires (Querelle, 1929). / Romi, Petite Histoire des cafés-concerts parisiens (Chitry, 1950). / Jacques-Charles, Caf’ conc’ (Flammarion, 1966). / F. Vernillat et J. Charpentreau, Dictionnaire de la chanson française (Larousse, 1968).

Caffieri

Nom d’une lignée d’artistes français des xviie et xviiie s.


Filippo ou Philippe Caffieri (Rome 1634 - Paris 1716) s’était fait distinguer en Italie par le pape Alexandre VII, de qui le cardinal Mazarin obtint sa mise à la disposition du roi de France. Menuisier sculpteur, il loge et travaille dès 1661 à la manufacture du Mobilier de la Couronne. En 1665, il obtient la nationalité française et la charge de sculpteur ordinaire des Meubles du roi ; la même année, il épouse une cousine de Le Brun*, directeur de la manufacture : Caffieri ne pouvait laisser de devenir l’interprète du classicisme du Premier Peintre. Tout donne à penser qu’il est l’auteur de l’admirable table supportée par des sphinges (collection privée) dont l’esquisse est au Louvre. Par les Comptes des Bastimens, on suit d’année en année, de 1663 à 1687, une production multiforme : tables, sièges, bois de lit, « bordures » de tableaux, une armoire à bijoux, des « guéridons » au fût constitué par des figures sculptées et les portes des appartements du roi, qui subsistent. Puis le nom de Caffieri disparaît des Comptes, Louvois ayant envoyé celui-ci au Havre, puis à Dunkerque au titre de « sculpteur ingénieur » et de dessinateur des vaisseaux du roi ; Caffieri ne quittera le service qu’en 1714, pour s’éteindre deux ans plus tard.

Son fils Jacques (Paris 1678 - id. 1755) a pris dans la production des bronzes d’ameublement une place égale à celle qu’avait conquise son père dans le travail du bois. Ses confrères l’ont bien reconnu, qui l’élurent en 1715 pour concevoir le « poêle » de leur communauté (projet au musée du Mans).