Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

byzantin (Empire) (suite)

• Les Turcs. L’invasion mongole qui déferle sur l’Asie Mineure orientale au milieu du xiiie s. refoule en direction de l’ouest plusieurs tribus turques. L’une d’elles s’installe dans la province de Bithynie : son chef Osman sera le fondateur de la dynastie appelée à hériter de l’Empire byzantin. Pour contenir les nouveaux envahisseurs, Byzance enrôle des contingents alains et catalans. La Grande Compagnie catalane conduite par Roger de Flor fait merveille contre les Turcs (1304), mais elle ne tarde pas à se retourner contre ses employeurs. De Gallipoli où ils se sont retranchés, les Catalans ravagent la Thrace. En 1307, ils se transportent en Macédoine, puis en Grèce, semant partout la dévastation. Ils s’emparent d’Athènes et fondent en Attique un duché catalan qui durera plus d’un demi-siècle.

Les Catalans partis, l’armée impériale est impuissante à contenir les Turcs : Brousse tombe en 1326 et devient la capitale des Osmanlis, Nicée est perdue en 1331 et Nicomédie en 1337. Cet État en pleine expansion intervient dans la guerre civile byzantine, tour à tour appelé par l’un ou l’autre parti. En 1352, les Turcs prennent pied en Europe ; ils s’emparent de Gallipoli en 1354, d’où ils s’élancent à la conquête de la Thrace. Ils enlèvent Andrinople en 1362, qui leur sert de point d’appui pour la conquête méthodique des Balkans ; Philippopoli est conquise en 1363. Les Serbes sont écrasés à Černomen en 1371, et la Macédoine passe sous la suzeraineté du Sultan. Les principales villes de la péninsule succombent : Sérres (Serrai), Sofia, Niš, Thessalonique en 1387, Tărnovo en 1393. Les Serbes sont vaincus à Kosovo en 1389. Constantinople est assiégée par Bayezid de 1394 à 1402 et miraculeusement délivrée par une apparition des Mongols de Tīmūr Lang en Anatolie.

Ce désastre vaut à Byzance deux décennies de répit. Constantinople est de nouveau investie par Murad II en 1422 ; Thessalonique, restituée aux Byzantins en 1403 et cédée aux Vénitiens en 1423, succombe définitivement en 1430. La croisade occidentale organisée en 1444 pour secourir Byzance subit le même sort que celle de 1396 : elle est anéantie à Varna.

L’avènement de Mehmed II (1451) précipite le dénouement de la tragédie. Une puissante armée bivouaque sous les murs de Constantinople au début d’avril 1453 ; l’artillerie turque a raison de la solidité des remparts, et, le 29 mai, les janissaires escaladent les remparts. Le centre de l’État byzantin allait devenir celui de l’Empire osmanli. Avec la conquête du despotat grec de Morée en 1460 et du royaume de Trébizonde en 1461, il ne restait plus rien de l’Empire grec.

P. G.

➙ Alexis Ier Comnène / Amorion (dynastie d’) / Anges / Arius / Balkans / Barbares / Basile II / Bulgarie / Cantacuzène / Comnènes / Constantin Ier / Constantinople / Croisades / Doukas (les) / Épire / Héraclides / Isauriens / Justinien Ier / Lascaris (dynastie des) / Macédonienne (dynastie) / Monophysisme / Nestorianisme / Ottomans / Paléologues / Ravenne / Russie / Serbie / Théodose Ier / Thessalonique / Trébizonde.

 E. Gibbon, The History of the Decline and Fall of the Roman Empire (Londres, 1776-1788 ; 6 vol. ; trad. fr. Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain, Laffont, 1970). / A. A. Vasiliev, Byzance et les Arabes (en russe, Saint-Pétersbourg, 1902 ; trad. fr., Bruxelles, 1935-1950 ; 2 vol.) ; Histoire de l’Empire byzantin (Picard, 1932 ; 2 vol.). / C. Diehl, Byzance, grandeur et décadence (Flammarion, 1919 ; nouv. éd., 1960) ; Histoire de l’Empire byzantin (A. Picard, 1919 ; nouv. éd., 1969) ; les Grands Problèmes de l’histoire byzantine (A. Colin, 1943 ; 2e éd., 1947). / N. H. Baynes, The Byzantine Empire (Londres, 1925) ; Byzantine Studies and Other Essays (Londres, 1955). / J. C. S. Runciman, Byzantine Civilization (Londres, 1933 ; trad. fr. la Civilisation byzantine, Payot, 1934) ; « Byzantine Trade and Industry », in The Cambridge Economic History of Europe, t. II (Cambridge, 1952). / C. Diehl et G. Marçais, le Monde oriental de 395 à 1081, dans Histoire générale, sous la dir. de G. Glotz (P. U. F., 1936 ; 2e éd., 1944). / G. Ostrogorsky, Geschichte des byzantinischen Staates (Munich, 1940 ; 2e éd., 1952 ; trad. fr. Histoire de l’État byzantin, Payot, 1956). / P. Lemerle, Histoire de Byzance (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1943 ; 4e éd., 1960) ; le Premier Humanisme byzantin (P. U. F., 1971). / C. Diehl et coll., l’Europe orientale de 1081 à 1453, dans Histoire générale, sous la dir. de G. Glotz (P. U. F., 1945). / L. Bréhier, le Monde byzantin (A. Michel, coll. « Évol. de l’Humanité », 1947-1951 ; nouv. éd., 1969-70 ; 3 vol.). / N. H. Baynes et H. S. L. B. Moss (sous la dir. de), Byzantium, an Introduction to East Roman Civilization (Oxford, 1948 ; nouv. éd., 1953). / P. I. Koukoulès, Vie et civilisation byzantines (en grec, Athènes, 1948-1955 ; 6 vol.). /P. Goubert, Byzance avant l’Islam (Picard, 1951-1965 ; 2 vol.). / F. Dölger et A. M. Schneider, Byzanz (Berne, 1952). / J. M. Hussey, The Byzantine World (Londres, 1957). / H. Hunger, Byzantinische Geisteswelt (Baden-Baden, 1958) ; Reich der neuen Mitte (Vienne, 1965). / R. Guilland, Études byzantines (P. U. F., 1959) ; Recherches sur les institutions byzantines (Berlin, 1967 ; 2 vol.). / A. Ducellier, les Byzantins (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1963). / R. Jenkins, Byzantium — The Imperial Centuries, 610-1071 (Londres, 1966). / H. Ahrweiler, Byzance et la mer (P. U. F., 1966) ; l’Idéologie politique de l’Empire byzantin (P. U. F., 1975).
On peut également consulter les revues Byzantinische Zeitschrift (Munich, 1892-), Byzantinoslovica (Prague, 1929), Byzantion (Bruxelles, 1924-), Échos d’Orient (Paris, 1897-1939) continué par Études byzantines (1943-1946) puis par Revue des études byzantines (1949-), Epetêris Hétaireias Buzantinôn Spoudôn (Athènes, 1924-), Vizantiski Vremmennik (Leningrad, Moscou, 1894-).


La littérature byzantine

La littérature byzantine représente moins une rupture avec l’hellénisme qu’une continuation avec des apports nouveaux. Sans doute, la production ne demeure-t-elle pas égale, mais la littérature byzantine est la preuve de la permanence de l’intellectualité dans le monde hellénique ; elle constitue aussi l’une des grandes littératures de l’Europe médiévale, la première apparue, qui vaut tant pour elle-même que pour les relations de pensée entre les pays de culture et de langues différentes dont se compose le Moyen Âge. La littérature byzantine, tout d’abord, est l’héritière de la tradition grecque antique. L’empire de Constantinople, s’il est politiquement issu de Rome, est grec de sentiment et d’intellectualité. La continuité de la langue donne aux Byzantins accès aux œuvres anciennes, dont ils font la base de l’éducation. Par ailleurs, la civilisation byzantine est toute imprégnée de christianisme, ce qu’elle doit à la littérature grecque chrétienne des quatre premiers siècles de notre ère, qui a contribué à diffuser et à formuler le message et les dogmes de la nouvelle religion. Les Byzantins, passionnés de religiosité, épris tantôt de mystique, tantôt de raisonnement, sont parvenus à identifier hellénisme et christianisme, et à considérer le christianisme comme un fait spécifiquement grec. L’attachement des lettres byzantines à la double tradition antique et chrétienne a eu sur l’expression linguistique une grave conséquence, encore sensible aujourd’hui : la recherche de l’archaïsme dans l’écriture littéraire, à des degrés variables, corroborée par les usages savants de la langue des institutions.