Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Afghānistān (suite)

Aussi de grands aménagements hydrauliques ont-ils été entrepris. Une politique de développement spectaculaire a multiplié les grands barrages et les périmètres irrigués dans le piémont nord de l’Hindū Kūch, dans le sud-est du pays (barrage du Nangarhār sur la rivière de Kaboul commandant un périmètre de 30 000 ha dans la plaine de Djalālābād) et surtout dans le bassin du Hilmand, fleuve principal de l’Afghānistān aride du sud-ouest.

Cet aménagement grandiose porte au total sur près de 350 000 ha, dont l’irrigation sera créée ou réorganisée (70 000 ha déjà irrigués où l’apport d’eau sera régularisé). Près de 500 000 personnes au total y seront établies, dont environ 20 p. 100 de nomades sédentarisés et 80 p. 100 de paysans sans terre venus des régions voisines. Deux grands barrages ont déjà été réalisés, celui de Kadjakaï sur le fleuve principal (capacité de 1 850 Mm3) et celui de l’Arrhandāb (ou Arghandāb), affluent du fleuve principal (capacité de 480 Mm3). Le canal principal atteint 160 km de long. Mais la mise en valeur des périmètres ne progresse qu’avec lenteur. En 1964, sur les 120 000 hectares aménagés, les surfaces effectivement mises en valeur et occupées n’atteignaient que 80 000 ha. Le peuplement des nouvelles terres s’effectue difficilement et le projet, trop ambitieux, à trop long terme, s’avère peu rentable. L’agriculture bénéficierait davantage de réalisations mineures de rentabilité supérieure et d’intérêt plus immédiat.


L’équipement et l’industrialisation

Si les bases alimentaires sont satisfaisantes, l’Afghānistān n’en représente pas moins dans l’Asie du sud-ouest un des cas les plus extrêmes de sous-développement et de retard économique généralisé. La situation géographique continentale du pays en est une des raisons majeures. Mais son rôle a été renforcé par celui des facteurs historiques (et notamment de la rivalité russo-britannique), qui se sont conjugués pour retarder considérablement l’ouverture du pays au monde extérieur. C’est seulement dans les années 1925-1930, pratiquement, sous le règne d’Amān Allāh, qu’a commencé la première tentative de modernisation du pays, et l’essor organisé date en fait du lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

L’extrême insuffisance des voies de communication suffit à elle seule à paralyser le développement, l’immense majorité des transports devant encore se faire par bêtes de somme. En 1930 il n’y avait encore que trois routes dans le pays, rayonnant de Kaboul vers le sud, l’est et le nord, et totalisant 800 km. Après la Seconde Guerre mondiale le réseau atteignait 2 500 km et mettait en relation les principales villes du pays, Kaboul avec Kandahar, Kandahar avec Harāt et la frontière russe, Kaboul avec la frontière pakistanaise. L’effort actuel vise à consolider les axes principaux et à les rendre carrossables en toute saison. Depuis 1964 une route directe vers le nord, par le col de Salang, avec un tunnel de 3 km, met en relation Kaboul et les provinces septentrionales, à travers l’Hindū Kūch. Il n’y a pas de voie ferrée.

L’absence de communications explique que l’extraction minière soit restée insignifiante, bien que les montagnes médianes soient assez fortement minéralisées et qu’on y ait reconnu des gisements de fer notables. La production charbonnière, en deux petits bassins situés au nord de l’Hindū Kūch, a atteint 135 000 tonnes en 1971. La production d’électricité était seulement de 0,44 TWh en 1972 (environ 25 kWh par habitant).

Les amorces de développement industriel se limitent à des industries alimentaires (sucreries, huileries), au bâtiment (cimenteries ; production annuelle, 180 000 t de ciment en 1969) et au textile (55 millions de mètres de cotonnades). L’industrie est concentrée en deux foyers essentiels : d’une part la ville de Kaboul ; d’autre part la vallée du Kunduz au nord de l’Hindū Kūch (sucrerie de Barhlān [ou Baghlān] et usine textile de Pul-i Khumrī). C’est dans ces vallées, de part et d’autre de l’Hindū Kūch, que semble devoir se concentrer le développement industriel, en raison des ressources en eau.


Le commerce extérieur

Il est d’une structure primitive. Les produits de l’agriculture et de l’élevage constituent près de 90 p. 100 des exportations (fruits secs [17 p. 100] et frais, raisins secs, abricots, amandes et pistaches, exportés surtout vers l’Inde et le Pākistān ; peaux de karakul [24 p. 100] et laine ordinaire [11 p. 100], coton [18 p. 100]). La plus grande partie des peaux de karakul est achetée par les États-Unis, et le coton surtout par l’U. R. S. S. Le seul article manufacturé qui présente quelque importance est constitué par les tapis (9 p. 100 des exportations). L’U. R. S. S. absorbe près du tiers des exportations, les États-Unis et la Grande-Bretagne un sixième chacun, l’Inde 12 p. 100. Les importations comportent 35 p. 100 de biens de consommation (dont 13 p. 100 de produits alimentaires) et 65 p. 100 de biens d’équipement, essentiellement fournis par l’aide étrangère. Les deux tiers de ces importations sont en effet en provenance d’Union soviétique et 48 p. 100 ressortissent à l’aide pure et simple, contre 16 p. 100 seulement de transactions commerciales proprement dites. Le reste de l’aide extérieure est fourni par les États-Unis et l’Allemagne de l’Ouest surtout. Les plans de développement sont nécessairement sous la dépendance de l’assistance extérieure, dont la part s’établissait à 65 p. 100 pour le premier plan (1956-61) et à 61 p. 100 pour le second (1962-67). Le financement intérieur du développement est assuré presque exclusivement par l’État, la part de l’entreprise privée oscillant entre 2 et 4 p. 100 des investissements au maximum. L’industrie naissante reste essentiellement d’État.

X. P.

➙ Achéménides / Huns / Inde / Iran / Islām / Kaboul / Moghols (Grands) / Mongols / Rhaznévides / Tīmūr Lang.

 P. M. Sykes, A History of Afghanistan (Londres, 1940). / E. Caspani et E. Cagnacci, Afghanistan, crocevia dell’ Asia (Milan, 1951). / R. Furon, l’Iran, Perse et Afghanistan (Payot, 1951). / J. Humlum, la Géographie de l’Afghanistan (Copenhague, 1959). / H. F. Schurmann, The Mongols of Afghanistan (La Haye, 1962). / E. Rhein et A. G. Ghaussy, Die wirtschaftliche Entwicklung Afghanistans, 1880-1965 (Opladen, 1966). / J. Kessel et R. Michaud, Afghanistan (Hachette, 1970). / M. Barry, Afghanistan (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1974).