Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bulgarie (suite)

 B. Penev, Histoire de la littérature bulgare moderne (en bulgare, Sofia, 1930-1936 ; 4 vol.). / P. Christophorov, Ivan Vazov (Droz, 1938). / G. Hateau, Panorama de la littérature bulgare contemporaine (Éd. du Sagittaire, 1938). / E. Damiani, Sommario di storia della letteratura bulgara dalle origini ad oggi (Rome, 1942). / E. Turdeanu, la Litterature bulgare du xive siècle et sa diffusion dans les pays roumains (Impr. nat., 1947). / L. Borriero-Picchio, Storia della letteratura bulgara (Milan, 1957). / Académie des sciences de Bulgarie, Histoire de la littérature bulgare (en bulgare, Sofia, 1966 ; 2 vol.). / P. Zarev, Panorama de la littérature bulgare (en bulgare, Sofia, 1966-67 ; 2 vol.). / la Poésie bulgare (Seghers, 1968).


Le cinéma bulgare

Sans doute a-t-on conservé en Bulgarie le souvenir du premier « bio-scope » de Vladimir Petkov en 1903 et de l’inauguration de la première salle de projection publique en 1908, mais la véritable naissance du cinéma date de 1910, année où un amateur entreprenant et passionné, Vasil Gendov, tourne avec des moyens de fortune une pochade à la Max Linder : Le Bulgare est un galant homme. Contrairement à certains pays limitrophes, la Bulgarie ne créera pas d’industrie cinématographique structurée avant la nationalisation de 1948. Aussi, les cinquante-cinq longs métrages réalisés avant l’étatisation seront-ils davantage l’œuvre d’admirateurs fervents du septième art que celle d’authentiques professionnels. On imagine les innombrables difficultés de ces petites sociétés fondées souvent pour les besoins d’un film ou deux et dont la survie était des plus aléatoires. Avant la Seconde Guerre mondiale, la production offre un aspect chaotique sans ligne directrice très précise, sans écoles ou mouvements artistiques définis. Longtemps, la comédie bourgeoise a régné, adaptation de romans ou scénarios aux thèmes assez simplistes. Dès 1923, la Bulgarie était submergée par l’importation de films allemands (45 p. 100), américains (29 p. 100) et français (18 p. 100). Cette longue période difficile a néanmoins suscité quelques œuvres non dépourvues d’intérêt malgré la pauvreté de la technique et les méthodes archaïques de tournage. Vasil Gendov dirige en 1923 le Diable à Sofia et Baj Ganju. En 1933, il est l’auteur du premier film sonore, la Révolte des esclaves, et achève en 1937 la Terre brûlée. On peut citer encore Sous le ciel d’antan (1922), de Nikola Larin, Tombes sans croix (1928), de Boris Grežov, la Parole la plus fidèle (1929), de Vasil Pošev, le Tumulus (1936), d’Aleksandăr Vazov, le Vöivode Strahil (1938), de Josip Novak.

Le 5 avril 1948, la loi de nationalisation de la cinématographie est votée. Petit à petit une organisation s’ébauche : la priorité est donnée aux films documentaires, mais dès 1950 sort sur les écrans le premier film bulgare de fiction de l’après-guerre, Kalin l’Aigle, de Boris Borozanov. Les premiers thèmes choisis par les réalisateurs sont d’ordre essentiellement historique. C’est le temps des scénarios habilement schématiques, qui magnifient le héros positif et fustigent les ennemis du peuple. La Bulgarie, plus encore que les autres démocraties populaires, est soumise à un rigoureux dogmatisme politique, dont les répercussions sur le plan culturel nuisent à la qualité intrinsèque de la plupart des films tournés entre 1951 et 1957. Malgré ce manichéisme idéologique, certaines œuvres ont une indéniable importance historique : Sous le joug (1952), de Dako Dakovski, évoque, d’après le roman d’Ivan Yazov, l’insurrection de 1876 contre les Osmanlis ; le Chant de l’homme (1953), de Borislav Šaraliev, est la biographie du poète antifasciste Nikola Vapcarov ; les Héros de septembre (1954), de Zahari Žandov, également auteur d’Alerte (1951), décrit la première insurrection bulgare de 1923 ; les Héros de Šipka (1954), du Soviétique Sergueï Vassilev, narre un épisode de la guerre russo-turque de 1877. Tous ces films exaltent l’héroïsme national au détriment parfois de l’analyse psychologique. À la suite du XXe Congrès du parti communiste d’U. R. S. S. et du plénum d’avril 1956 du parti communiste bulgare, une évolution sensible libère le cinéma de l’emprise du dogmatisme didactique.

En 1958, deux films importants, Sur la petite île, de Rangel Vălčanov, et Étoiles, de Konrad Wolf (une coproduction Bulgarie-R. D. A.), prouvent l’habileté de certains réalisateurs, qui n’hésitent pas à rompre avec leurs prédécesseurs en peignant le monde contemporain sous des couleurs plus justes tout en soignant davantage l’« écriture » cinématographique. À la suite de Vălčanov (Première Leçon, 1960 ; le Soleil et l’ombre, 1962), Binka Željazkova (Nous étions jeunes, 1961) et Nikola Korabov (Tabac, 1962) permettent à la Bulgarie de jouer un rôle non négligeable dans les festivals internationaux. À partir de 1964, d’autres cinéastes viennent épauler cette première « vague » : Ljubomir Šarlandžiev (la Chaîne, 1964 ; Odeur d’amandes, 1967), Georgi Stojanov (Oiseaux et lévriers, 1968), Zako Heskija (le Huitième, 1969). Plus intéressantes encore semblent être les successives découvertes de Vălo Radev (le Voleur de pêches, 1964 ; le Roi et le général, 1966 ; la Plus Longue Nuit, 1967 ; les Anges noirs, 1970 ; Ames condamnées, 1975), de la paire Griša Ostrovski-Todor Stojanov (Écart, 1967 ; En voyage de service, 1968), de Metodi Andonov (la Corne de chèvre, 1971), de Hristo Hristov (Iconostase [en collab. avec T. Dinov], 1970 ; le Dernier Été, 1973), de Ludmil Staïkov (Affection, 1974), d’Eduard Zahariev, d’Assen Chopov. De 1948 à 1970, la Bulgarie a produit 160 longs métrages, 1 003 documentaires et 1 165 films de vulgarisation scientifique. Quant à l’école d’animation, elle compte de remarquables éléments, comme Todor Dinov, Donjo Donev, Radka Băčvarova, Hristo Topuzanov, Zdenka Dojčeva, Penčo Bogdanov, Stojan Dukov et Ivan Andonov.

J.-L. P.

 M. Ratcheva, le Cinéma bulgare contemporain (Sofia-Presse, 1967). / N. Hibbin, Eastern Europe (Londres, 1969). / A. Cervoni, les Écrans de Sofia (Lherminier, 1976). On peut également consulter les numéros de la revue Film Bulgaria.