Bucarest (suite)
Bucarest, ville d’histoire et d’art
Les vestiges d’habitat humain sur le territoire actuel de la ville remontent au Paléolithique et témoignent de la continuité de la vie en cette zone de la plaine roumaine jadis recouverte par les forêts de la Vlăsia. Les découvertes archéologiques attestent l’existence, au xive s., d’un fort autour duquel la ville s’est développée ; mais le nom de Bucarest est mentionné pour la première fois sur le parchemin du 20 septembre 1459 signé par Vlad l’Empaleur, voïévode de Valachie, qui construit la citadelle de Bucarest pour arrêter l’avance des Turcs. En 1659 la ville devient définitivement la capitale de la Valachie. En 1678, la première imprimerie bucarestoise est créée ; une académie de langue grecque est fondée au temps du voïévode Constantin Brîncoveanu (1688-1714).
Le destin de Bucarest est marqué au xixe s. par l’affirmation de la conscience nationale (fondation de l’école de Saint-Sava en 1818) et par la pénétration des idées novatrices de la Révolution française. La ville réagit au mouvement révolutionnaire de Tudor Vladimirescu (1821), à la révolution de 1848, puis au large mouvement populaire pour l’union des principautés roumaines. En 1862, devenue capitale de la Roumanie, qui conquiert son indépendance en 1877, la ville connaît un rapide essor industriel, commercial et culturel, qui s’accentue après 1918, lorsqu’elle devient la capitale de l’État national unitaire roumain. Le 23 août 1944, Bucarest est au cœur de l’insurrection nationale qui aboutit à la liquidation de la dictature d’Antonescu et à l’adhésion de la Roumanie à la coalition antihitlérienne. C’est toujours à Bucarest que sont proclamées en 1947 l’abolition de la monarchie et l’instauration de la république.
Quatre traités de paix européens ont été signés à Bucarest : le 28 mai 1812, à la fin de la guerre russo-turque de 1806 à 1812 ; le 19 février et le 3 mars 1886, le traité qui mit un terme à la guerre de 1885-1886 entre la Serbie et la Bulgarie ; le 10 août 1913, la paix entre la Bulgarie, d’une part, et la Serbie, le Monténégro, la Grèce et la Roumanie de l’autre, marquant la fin de la seconde guerre balkanique (1913) ; le 7 mai 1918, le traité conclu entre la Roumanie et les Puissances centrales, momentanément victorieuses.
Parmi les monuments historiques et architecturaux remarquables de Bucarest, il faut citer : l’église de Curtea Veche (xvie s.) ; l’église de Radu Vodă (1568) ; celle de Mihai Vodă (v. 1590) ; la Patriarchie (1665) ; l’église de Colţea (1701-1702) ; l’église Creţulescu (1722), synthèse de l’architecture de l’époque de C. Brîncoveanu ; l’église Stavropoleos (1724) ; le palais Ştirbei (v. 1835), actuellement musée d’Art populaire ; le palais Şuţu (1832-1835), actuel musée de la Ville de Bucarest ; l’université (1859-1866) ; l’Athénée roumain (1886-1888) ; le palais de justice (1896) ; le « Buffet », l’une des premières constructions en style roumain pur due à l’architecte Ion Mincu (1852-1912) ; le palais de la République (1937) ; enfin, le palais du Conseil des ministres.
P. P.
A. B.
➙ Roumanie.