Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bruxelles (suite)

L’accroissement de la population a été très rapide à la fin du xixe s. et au début du xxe s. (de l’ordre de 2 p. 100 par an), mais il s’est considérablement ralenti depuis. La commune même de Bruxelles se dépeuple depuis 1930, ce qui est un phénomène normal, mais l’agglomération elle-même est actuellement stationnaire. L’immigration est cependant très forte. Environ la moitié seulement de la population est née dans l’agglomération ; l’autre moitié vient pour 18 p. 100 de la région flamande, pour 17 p. 100 de la région wallonne et pour 10 p. 100 de l’étranger. Depuis la récession du bassin houiller du Sud, Bruxelles est le principal foyer d’appel des étrangers.

Bruxelles - Capitale représente 11 p. 100 de la population totale de la Belgique, et l’agglomération prise dans un sens plus large en représente environ 15 p. 100.


Situation et site

Bruxelles est située presque au contact des collines ou des plateaux méridionaux et de la plaine septentrionale, sur le grand axe classique, ouest-est, qui va de la mer du Nord au Rhin. Cet axe évite la « Vallée flamande », basse et humide (plus au nord et qui marque vraiment le contact entre plaines et plateaux), et est jalonné de villes (Bruges, Gand, Bruxelles, Louvain) à chaque endroit où il est coupé par une vallée méridienne.

À Bruxelles, la grande voie ouest-est est coupée par la vallée de la Senne et elle croise la voie nord-sud qui, par Waterloo et Nivelles, rejoint, vers Charleroi, l’autre axe belge de la Sambre-Meuse et qui forme maintenant le grand axe de développement ABC (Anvers-Bruxelles-Charleroi).

Le site de Bruxelles est précisément l’extrémité nord d’un plateau au bord de la vallée méridienne de la Senne. La ville s’est installée en un endroit où la vallée s’élargit, et le fond devient marécageux sur une largeur de 1 à 1,5 km. La rivière est enfoncée de 60 à 80 m et, fait qui a son importance, la vallée est dissymétrique. Le versant oriental est en pente plus forte que le versant occidental (6 à 10 p. 100 contre 2 p. 100). Ce site a donné naissance à une ville double et dissymétrique. En bas, dans la vallée marécageuse, se localisent un site de défense mais surtout le port et la ville marchande. L’autre ville s’est installée sur la rive orientale, la rive la plus escarpée et la plus élevée, sur le Coudenberg (le « Mont froid », actuelle place Royale) qui fut, dès l’origine, une résidence princière et qui a conservé cette fonction gouvernementale et administrative. Toute l’évolution ultérieure n’a fait que confirmer cette juxtaposition et ces deux fonctions : ville marchande en bas, ville administrative en haut. D’autre part, l’agglomération s’est surtout développée vers l’est, accentuant là aussi la dissymétrie primitive.

La ville occupe une position spatialement centrale (centrale également par rapport au grand axe de développement ABC) et, d’autre part, elle est au contact de la limite linguistique puisque l’agglomération chevauche cette limite et a, depuis quelques années, un statut original, bilingue.


Structure spatiale et développement

La ville du xiie s. s’allonge de la porte de Flandre à la porte de Namur : en bas, dans la vallée marécageuse, le château de l’île Saint-Géry et le port, à l’emplacement des anciennes halles centrales ; en haut, sur la rive gauche, le château des comtes de Louvain ; entre ces deux noyaux se construit, au xiiie s., l’église des Saints-Michel-et-Gudule (auj. cathédrale Saint-Michel).

La grande période de développement commence au xive s., et c’est de 1357 à 1379 que fut construite l’enceinte de forme pentagonale qui est si nettement marquée sur le plan actuel de la ville par les boulevards de Waterloo, du Régent, du Jardin-Botanique, d’Anvers, de Nieuport, du Midi. Ville industrielle, commerçante, gouvernementale, Bruxelles compte 25 000 habitants au début du xve s. ; l’hôtel de ville est construit, au début de ce siècle, au contact entre la ville haute et la ville basse. Bruxelles est, désormais, la résidence des ducs de Bourgogne, celle de Charles Quint, puis le siège du gouvernement des Pays-Bas, conjointement avec La Haye, avant de devenir le siège du gouvernement belge. En 1830, l’enceinte est assez vaste pour contenir 100 000 habitants, mais la ville devient alors trop étroite.

Entre 1820 et 1840, on assiste à une poussée de la ville haute vers l’est avec la construction du quartier Léopold en 1853, du quartier Louise et de celui du bois de la Cambre vers 1864 ; l’enceinte fait place à de grands boulevards ; cette poussée vers l’est, et plus encore vers le sud-est, va se confirmer par la suite.

La ville basse est remodelée selon de grandes percées nord-sud ; la Senne est voûtée ; on perce l’alignement boulevard Lemonnier, boulevard Anspach et, après la place de Brouckère, le boulevard Adolphe-Max.

Ces axes nord-sud de la ville basse, parallèles à la Senne, matérialisent l’axe primitif et ont été renforcés par la jonction ferroviaire entre la gare du Midi et la gare du Nord, ainsi que par l’amélioration de la voie navigable.

La ville basse a conservé sa vocation première. Près de la voie d’eau subsistent quelques industries et un habitat de caractère moyen ; un peu plus à l’est se trouvent la Bourse, l’hôtel de ville, l’administration communale, ainsi que les grandes rues commerçantes (rue Neuve et quartier de la Bourse), des théâtres, des cabarets. Cela correspond au passage à travers l’agglomération de l’axe ABC, et l’urbanisation s’est développée selon cet axe méridien ; ici alternent les industries et les résidences ; vers le nord, l’agglomération a atteint Vilvoorde et tend à rejoindre Malines (qui n’est plus qu’à une quinzaine de kilomètres de l’agglomération d’Anvers), et vers le sud elle atteint Hal et Clabecq (soit encore à une quinzaine de kilomètres de Feluy, la zone de reconversion des houillères du Centre et de Charleroi).

La ville haute est la ville de l’administration centrale. Le palais du Roi occupe toujours le Coudenberg ; à côté sont les ministères et les grandes administrations (rue de la Loi, rue Royale) ; musées et bibliothèques couronnent le mont des Arts, tandis qu’au sud l’imposante masse du Palais de justice domine la ville basse. C’est là également que se sont installés de nombreuses ambassades, ainsi que les premiers organismes de la C. E. C. A.

Sur la pente qui sépare les deux villes, outre la cathédrale Saint-Michel, le trait d’union est assuré par des sièges sociaux de grandes sociétés, des banques et assurances et agences de voyages. À l’est de cette ville haute, à l’emplacement de l’ancienne enceinte, les boulevards ont été transformés en une rocade interne à voie express.