Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bronze (âge du) (suite)

Mycènes

Mycènes, dans le Péloponnèse, est le plus beau fleuron de la civilisation helladique. En Crète, l’helladique ancien mêle les traditions néolithiques locales, où déjà le cuivre était connu, avec de nouvelles impulsions venues d’Anatolie ou des Cyclades, alors en plein essor. L’helladique moyen est marqué par de nouvelles migrations, peut-être indo-européennes, mais la civilisation reste pauvre, bien qu’une activité commerciale non négligeable exporte la céramique « minyenne » locale, à patine grise imitant le métal.

C’est encore à H. Schliemann que l’on doit la révélation de la civilisation mycénienne. En 1876, il exhuma des premières tombes royales fouillées à Mycènes les fameux masques en or où il crut retrouver les visages d’Agamemnon et de ses compagnons. Depuis, les fouilles de Christos Tsountas vers 1900, d’Alan John Bayard Wace de 1920 à 1950 et, tout récemment, de John Papademetriou, de G. Mylonas, etc., ont permis de reconstituer l’histoire de Mycènes. Le choix du site est d’abord stratégique : ce petit plateau commande le passage de l’isthme de Corinthe. Vers 1900 av. J.-C., des tribus indo-européennes s’y installèrent et atteignirent bientôt les sommets de la puissance. La richesse des Mycéniens nous est révélée par le mobilier funéraire déposé dans les tombeaux de leurs chefs. Les sépultures les plus anciennes sont des fosses rectangulaires parfois parées de pierres sèches et qui abritent un ou plusieurs squelettes. On a retrouvé des stèles funéraires gravées de motifs géométriques (spirales) ou de scènes guerrières. Les séries de tombes sont groupées dans des cercles délimités par des dalles verticales. Les tombes en fosses datent de la fin de l’helladique moyen ou du début de l’helladique final (1650-1550 et 1600-1500). La poterie, souvent polychrome, est ornée de motifs géométriques ou naturalistes d’inspiration crétoise (fleurs, feuilles, oiseaux). Des coupes et des bols sont en or, en argent ou en cristal. La bijouterie comprend des pendentifs et des appliques en or repoussé, des perles et des bulles en or, en ambre ou en pierres précieuses. Les armes sont remarquables : pommeaux de cristal, poignées parées d’or, lames à incrustations de pierres et d’or dessinant des scènes polychromes de chasse ou de guerre. Les premières lames sont des poignards triangulaires à trois ou quatre gros rivets, mais, à la fin de la période, de véritables épées sont fabriquées et serviront de prototypes à des armes en usage en Europe continentale.

L’apogée de la civilisation mycénienne se situe aux xve et xive s. Les échanges sont nombreux tant avec le monde crétois ou anatolien qu’avec les peuples habitant les régions plus septentrionales, qui fournissent certaines matières précieuses comme l’ambre. Des palais sont construits ; l’enceinte est achevée avec ses annexes, ses poternes et sa célèbre porte surmontée d’un linteau où deux lionnes se dressent contre un pilier central. Le modèle des tombes change. On utilise des tombes à coupole (tholos) précédées d’un couloir (dromos). Les tombes de ce type semblent dérivées de modèles creusés tout d’abord à flanc de coteau. La plus remarquable est celle dite « du trésor d’Atrée », dont les parois sont soigneusement construites en gros moellons rectangulaires. La civilisation mycénienne connut l’écriture (linéaire B). Elle est aux portes de l’histoire, mais les échanges nombreux qu’elle entretint avec les peuples européens de cette période en font la source de précieux synchronismes pour l’étude des civilisations protohistoriques. C’est vers 1100 av. J.-C. que l’on situe, avec l’invasion des Doriens aux armes en fer, la fin de la civilisation mycénienne.


Civilisations européennes du cuivre


La Hongrie

La Hongrie fut un des centres métallurgiques européens les plus précoces. Celui-ci se développa sans doute aux contacts de prospecteurs égéens ou anatoliens venus à la recherche de nouveaux gisements miniers. Dans la civilisation de Lengyel (site de Hongrie), le mode de vie est encore néolithique. L’outillage reste lithique : haches et herminettes en pierre polie, couteaux en obsidienne. Le cuivre n’est guère utilisé que pour la parure, sous forme de petites perles cylindriques ou de pendentifs. C’est avec les civilisations postérieures de Tiszapolgar (nécropole hongroise) et de Bodrogkeresztúr (site également hongrois) que va commencer vraiment l’emploi régulier du cuivre et la fabrication, à partir des ressources locales, de haches plates, d’herminettes et d’alênes. À côté des ornements en cuivre sont fabriqués quelques perles et pendentifs en or. C’est avec la civilisation de Baden (site au sud de Vienne) que le cuivre se généralisera dans les régions danubiennes et balkaniques vers 2000 av. J.-C. En dehors de l’apparition du métal, d’autres innovations techniques vont modifier la vie économique : l’introduction de l’araire permet des productions agricoles supérieures, cependant que l’élevage (moutons, porcs, bovidés) fait des progrès. Des figurines d’argile représentent des êtres cornus, des déesses mères, des animaux et même des chariots miniatures, qui montrent que la roue était connue à cette époque en Europe centrale. La céramique de Baden est originale, avec des vases à anses très surélevées, se dressant au-dessus des bords et parfois munies d’appendices cornus. La parure est à base d’os et de coquillages, mais aussi de cuivre et d’or. Des haches de combat en cuivre et en pierre sont fabriquées, et les premières haches-marteaux en cuivre, à emmanchement vertical, apparaissent en Hongrie, où elles connaîtront au cours de l’âge du bronze un développement considérable. Les poignards en cuivre concurrencent les lames de silex.


Les civilisations cordées

Les civilisations cordées, ou civilisations des peuples de haches de bataille, groupent des tribus itinérantes qui jouèrent un rôle certain dans la genèse du bronze européen (2200-2000). Leur poterie « cordée » est décorée par application, avant cuisson, d’une cordelette sur la paroi d’argile. À côté de hauts gobelets à panse renflée et à col droit ou évasé, on dépose dans les tombes de grosses amphores globuleuses. Les armes préférées sont des haches en pierre asymétriques, à emmanchement vertical. Divers faciès cordés sont distinguables : celui des tombes individuelles de la Hollande à l’Allemagne du Nord, celui des haches naviformes en Suède, celui de Fatianovo en Russie (près de Iaroslavl), celui de Saxe-Thuringe, dont les éléments atteignirent l’est de la France.

Ces groupes, très remuants, généralisèrent l’emploi de la sépulture individuelle et entrèrent en contact avec des civilisations connaissant le métal pour participer à la genèse de cultures du bronze ancien.