Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Brésil (suite)

Le malaise agraire et son évolution

Pour tenter de mettre fin au malaise agraire général, on envisage, périodiquement, l’éventualité d’une réforme de structure. Ainsi en 1963-64, le gouvernement a lancé une politique de réforme agraire plus radicale en préconisant la confiscation des grandes propriétés mal cultivées situées au long des routes pour les donner aux paysans sans terres. Cette menace pesant sur les grands propriétaires, toujours maîtres de la politique brésilienne, n’a pas été étrangère au coup d’État du 1er avril 1964 qui a renversé le gouvernement Goulart.

Le problème agraire demeure entier. Les seules améliorations notables intervenues sont celles qui sont liées à l’intérêt des grands propriétaires et qui ont été effectuées autour des grandes villes, en particulier dans l’État de São Paulo, grâce à l’existence d’un marché important. Ainsi les anciennes terres à café abandonnées ou laissées à l’élevage extensif ont été récemment remises en valeur par des formes modernes de culture de l’arachide, de l’hévéa, de la canne à sucre, du coton, avec utilisation d’engrais, rotation des terres, plantations en courbes de niveau, etc.


L’essor industriel

Jusqu’à la fin du xixe s., le Brésil a vécu essentiellement de son agriculture et s’est trouvé sous la dépendance de l’étranger non seulement pour les produits fabriqués mais même pour l’essentiel de la valorisation des produits de son sol et de son sous-sol. Cette situation s’est progressivement renversée à partir du début du xxe s., sous la pression de facteurs divers : apparition d’une nouvelle bourgeoisie industrielle par l’immigration de la fin du xixe s., enrichissement de l’aristocratie foncière traditionnelle par l’essor de cultures spéculatives et notamment du café, augmentation du groupe humain qui a permis l’apparition d’un marché de consommation intéressant en dépit de la faiblesse des niveaux de vie, pression des deux guerres mondiales qui, en entravant les importations, ont favorisé l’essor de l’industrie sur le territoire brésilien.

L’industrialisation s’est effectuée par l’apport de capitaux nationaux et étrangers. Les capitaux étrangers furent attirés à la fois par l’installation des infrastructures telles que les chemins de fer, l’électricité, dont les capitaux brésiliens étaient incapables d’assurer le financement, par l’exploitation des richesses du sous-sol, ce qui fit du Brésil un fournisseur de matières premières pour les pays industriels, enfin par l’installation d’industries de biens d’usage et de consommation destinés au marché intérieur. Cette dernière catégorie d’investissements s’est renforcée lorsque, le Brésil s’étant entouré de barrières douanières, les importations devinrent plus difficiles. Aussi le Brésil possède-t-il actuellement un éventail industriel non négligeable, mais qui n’occupe encore que moins de 20 p. 100 de la population active et ne représente, dans bien des cas, qu’une industrialisation partielle, voire artificielle, liée à des intérêts étrangers et non intégrée dans l’ensemble de l’économie nationale. À l’intérieur de cette industrie brésilienne, qui occupe maintenant environ 2,5 millions de travailleurs, les branches employant les plus forts effectifs sont le textile, les produits alimentaires, la métallurgie. Aucune des autres branches, bien qu’elles soient pratiquement toutes représentées, n’atteint 100 000 emplois.

L’importance des ressources du sous-sol entraîne l’existence d’une industrie extractive notable dans la périphérie des zones de croissance ; l’État de Minas Gerais, en particulier, possède l’essentiel des mines de fer ; certaines régions plus excentriques pourvues d’une richesse particulière, comme le territoire d’Amapá avec ses mines de manganèse, sont également mises en valeur. Cependant, l’ensemble des richesses minières nationales, notamment celles du Mato Grosso dans le Plateau intérieur, commencent à peine à être prospectées et ne sont pas encore exploitées.

L’extraction minière est assurée souvent grâce aux capitaux étrangers, c’est le cas du manganèse d’Amapá, extrait par une compagnie américaine, d’une partie des mines de fer, vendues à une autre compagnie américaine. Au contraire, l’exploitation du pétrole est l’exclusivité de la Compagnie nationalisée Petrobrás. Cette compagnie exploite actuellement le pétrole de l’État de Bahia au fond de la baie de « Tous-les-Saints », et effectue des prospections dans divers points du Nordeste et de l’Amazonie.

Le minerai de fer, comme les autres minerais, est partiellement expédié à l’état de matière première vers les grands pays industriels, essentiellement vers les États-Unis ; mais travaillé aussi sur place, il alimente une industrie sidérurgique assez importante. En effet, le Brésil possède déjà plusieurs aciéries. La grande usine de Volta Redonda, dans la vallée du Paraíba, se situe à mi-chemin des mines de fer et des ports importateurs de charbon (la production brésilienne de houille étant très faible et d’une qualité peu propice à la sidérurgie). Due à une initiative du gouvernement, elle a été réalisée durant la Seconde Guerre mondiale, avec l’aide d’une souscription nationale et d’un emprunt aux États-Unis et a produit sa première tonne d’acier en 1946. Depuis peu, apparaît une troisième localisation, une « sidérurgie sur l’eau », en bordure de mer. Elle est alimentée en charbon par mer, et le minerai de fer de l’État producteur de Minas Gerais lui parvient par cabotage, après avoir été préalablement acheminé de la mine vers un port, par une ligne de chemin de fer directe. Ainsi fonctionne l’usine installée dans la plaine littorale, à la latitude de São Paulo, à proximité du port de Santos. La sidérurgie couvre déjà une grande partie des besoins du Brésil en acier ordinaire, et vise même à s’ouvrir un marché international dans les autres pays d’Amérique du Sud, moins favorisés dans ce domaine.

Outre les usines sidérurgiques, qui représentent le secteur le plus moderne de son industrie, le Brésil possède une large gamme d’industries traditionnelles dans laquelle les usines de denrées alimentaires pour la valorisation des produits des plantations tiennent une large place (sucreries pour le traitement de la canne, usines de traitement des oléagineux, conserveries, etc.).

Mais le Brésil possède surtout plusieurs grands foyers d’industries de biens d’usage et de consommation, qui fournissent la plupart des biens nécessaires à la vie d’une société moderne. Cependant, il convient de noter que, par rapport à l’éventail de la demande, cette production comporte un pourcentage nettement plus élevé de produits ordinaires que de produits de luxe.