Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Brésil (suite)

Dans l’ensemble du Plateau intérieur, au climat tropical à saison sèche marquée, ce sont les sols ferrugineux, rouges, profonds, qui constituent par leur médiocrité une contrainte naturelle. Toute mise en valeur inconsidérée peut provoquer leur épuisement rapide. D’ailleurs, ce problème de la fragilité des sols, accentuée par la brutalité des défrichements, se pose dans l’ensemble du Brésil, à l’exception de certaines zones de la plaine littorale atlantique qui bénéficient de sols vraiment riches et d’une nature particulièrement favorable à la mise en valeur.


Les richesses du sous-sol

Région de socle, le Brésil possède de très riches gisements de minéraux variés : les gisements de minerai de fer, abondants et à teneur élevée, de l’État de Minas Gerais sont en cours d’exploitation ; d’autres, moins connus, mais, sans doute, importants, dans les États de Mato Grosso, de Goiás ou même dans le Nordeste, constituent d’appréciables réserves.

Les richesses en métaux communs non ferreux (plomb, zinc, nickel, étain et surtout manganèse) ainsi qu’en minerais plus rares (tungstène, chrome, titane, vanadium, uranium), présents dans les affleurements cristallins du Mato Grosso ou du Minas Gerais ainsi que dans la partie brésilienne du massif des Guyanes, au nord du pays, sont considérables, bien que souvent mal connues. En revanche, les gisements de métaux précieux (or et argent) qui furent à l’origine de la recherche minière au Brésil, au xviiie s., sont maintenant en grande partie épuisés. Enfin, au-delà de ce socle qui renferme tant de richesses plus ou moins ignorées et exploitées, les fosses d’avant-pays recèlent sans doute d’importantes réserves de pétrole et de phosphates.

Le sous-sol se révèle ainsi particulièrement riche, malgré une prospection souvent très incomplète. D’une façon générale, le milieu naturel, quoique parfois contraignant, offre donc à ses habitants des potentialités certaines. Or la faiblesse du niveau de vie moyen montre que les hommes n’ont pas su, jusqu’à présent, exploiter cette nature de façon à en faire la base d’une économie véritablement développée, en raison essentiellement d’une inadaptation des structures économiques et sociales.

M. R.


L’histoire


La période coloniale

Vicente Yáñez Pinzón († apr. 1523), compagnon de Colomb, est le premier à longer la côte de ce qui sera la Guyane et le Brésil jusqu’à l’embouchure de l’Orénoque ; Diego de Lepe (v. 1460 - v. 1515), Rodrigo de Bastidas (1460-1527), Colomb lui-même confirment cette découverte, mais c’est Pedro Álvares Cabral (v. 1460-1526) qui découvre véritablement le Brésil, celui du bois rouge comme la braise (d’où le nom de Brasil), qui sera plus tard celui de la canne à sucre, le Brésil du Nord-Est. Comme il n’y a pas de métaux précieux pour attirer la convoitise des conquérants et pas de population indigène nombreuse qui fournisse de la main-d’œuvre, le Brésil reste longtemps en retrait par rapport à la prestigieuse Amérique espagnole. On pourrait presque dire qu’il en est exactement le contraire. Pas de conquête héroïque d’empires fabuleux, mais, pendant longtemps, « un secteur médiocre de l’économie du monde » (Chaunu). La seule richesse c’est le bois, que chargent les bateaux français et portugais. À la fin du xvie s., dans une Amérique de 10 millions d’habitants, le Brésil n’a que 57 000 habitants, mais 25 000 sont Blancs, le quart des 100 000 Blancs de tout le continent. À leur service il y a 18 000 Indiens et 14 000 Noirs.


Conflits

En 1481, la bulle Aeterni Regis partage le monde entre le Portugal et l’Espagne, réservant l’Amérique à cette dernière ; le rectificatif de Tordesillas en 1494, déplaçant la ligne de partage vers l’ouest, permet la naissance du Brésil portugais (1500), malgré les tentatives françaises d’un François Ier, qui ne voit pas ce qui peut l’exclure du testament d’Adam. Le premier navire français arrive en 1504, presque en même temps que les Portugais, et, comme au Canada, les Français s’allient aux nations indiennes ; les Portugais font de même, et le fruit de ce métissage, ce sont les « mamelucos », dont le chroniqueur nous dit qu’ils sont « blonds, blancs de peau, pleins de taches de rousseur, tenus pour Tupinambas et plus barbares qu’eux ». Ils seront les agents de l’expansion portugaise vers l’intérieur. C’est pour empêcher la formation d’un empire français, et plus que pour créer un empire sien, que le Portugal élimine la France, explorant le pays, installant des colons et chassant les Français de leurs factoreries ; ce long combat dure de 1532 à 1560 et se termine par la victoire portugaise.


Le Brésil sucrier

Soixante moulins à sucre en 1570, trois cents en 1645, cinq cent vingt-huit en 1710 ; ces chiffres montrent la progression de la canne à sucre qui fait la fortune du Brésil en même temps que celle du Portugal. La preuve de cette richesse c’est la menace hollandaise qui, au xviie s., remplace la menace française. Entre l’extrême avancée espagnole, qui correspond au Venezuela, et le Brésil naissant, il y a une énorme marche frontière inoccupée, au nord du Brésil, qui suscite, au temps d’Henri IV, la dernière tentative française et surtout l’attaque hollandaise.

Ces menaces ont eu un résultat positif : la création de São Luís do Maranhão et de Belém. Comme les Espagnols ne font rien de leur côté pour colmater la brèche, Anglais, Français et Hollandais s’installeront dans les Guyanes, derniers vestiges au xxe s. avec les Antilles des tentatives de l’Europe du Nord en Amérique.


Le Brésil hollandais

Le sucre tente les Hollandais, et, dès les premières années du siècle, on les trouve sur les côtes américaines ; en 1621, la fondation de la Compagnie des Indes occidentales fournit au commerce, comme au calvinisme conquérant, l’instrument nécessaire à la grande entreprise et, en 1624, une expédition prend Bahia. Recife tombe en 1630 et, de conquête en conquête, les Hollandais finissent par tenir 2 000 km de côtes et contrôler 60 p. 100 de la production sucrière. À partir de 1644 et après dix ans de luttes acharnées, les Hollandais sont rejetés à la mer. Recife a conservé jusqu’à aujourd’hui le souvenir des « Flamengos », et le nord du Brésil a commencé à prendre une conscience nationale au cours de cette guerre.