Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bourgeonnement animal (suite)

Si les bourgeons restent solidaires de l’individu initial, il y a formation d’une colonie (bourgeonnement de croissance). C’est le cas, par exemple, chez de nombreux Cnidaires. Si les bourgeons se détachent de l’individu initial, que ce soit ou non en vue de la reproduction sexuée, on parle de bourgeonnement de dissémination. Il s’agit de la forme de blastogenèse la plus fréquente : elle se rencontre dans de nombreux groupes animaux : Protozoaires ou Métazoaires non vertébrés, di- ou triblastiques. Même des organismes à l’état larvaire sont capables de se reproduire par bourgeonnement. Le phénomène est particulièrement spectaculaire chez les Platodes (Vers plats) parasites. Echinococcus granulosus, parasite intestinal du Chien (deuxième hôte), dont la larve cysticerque se développe dans le foie du premier hôte (qui peut être l’Homme), engendre, par bourgeonnement externe ou interne, plusieurs centaines de milliers de vésicules filles, qui, à leur tour, donnent un millier de vésicules proligères, dont chacune contient une vingtaine de scolex. Cette multiplication colossale du nombre des formes larvaires augmente les chances de survie de l’espèce et compense le handicap, lui aussi gigantesque, que représente la nécessité de rencontrer plusieurs hôtes différents.

Dans d’autres cas, les bourgeons, d’un type spécial, sont capables de résister au froid ou à la dessiccation et ne se forment que lorsque les conditions sont défavorables (statoblastes des Bryozoaires, etc.). Ils engendrent des individus qui, sexués ou non, renferment potentiellement toutes les possibilités organogénétiques de l’espèce. Aussi, chez les Protozoaires, peut-on observer la division en deux de l’appareil nucléaire et la répartition de chromosomes équivalents entre l’individu initial et la cellule fille, tandis que chez les Métazoaires, dans la majorité des cas, tous les feuillets participent à la constitution des bourgeons, ainsi qu’un certain nombre de cellules indifférenciées à aspect embryonnaire. Celles-ci jouent un rôle fondamental : elles sont totipotentes, c’est-à-dire susceptibles de former les divers tissus du corps (ou soma), ectodermiques, endodermiques, musculaires, nerveux, ou les cellules germinales (germen). En elles, germen et soma ne sont pas distincts. Sans elles, dans bien des cas, non seulement le bourgeonnement, mais même une vie normale ne sont plus possibles, car l’animal perd la possibilité de régénérer ses tissus usés ou malades.

En ce qui concerne la spécialisation des feuillets chez les Kamptozoaires et chez les Bryozoaires, animaux fixés, souvent coloniaux, doués d’un intense pouvoir de bourgeonnement, c’est à partir d’un massif cellulaire ectoblastique recouvert d’un feuillet mésoblastique que se fait toute l’organogenèse, y compris celle des tissus normalement dérivés de l’endoderme. Chez les Ascidies composées, on observe des phénomènes du même ordre. Les feuillets des bourgeons ont donc la possibilité de se dédifférencier pour acquérir des potentialités nouvelles. L’existence précoce d’une lignée germinale, totalement indépendante des cellules somatiques, est également mise en défaut, puisque, souvent, des cellules indifférenciées restent totipotentes ; il arrive même que des cellules somatiques d’un bourgeon se dédifférencient pour retrouver leur totipotentialité et donner des cellules reproductrices.

R. M.

➙ Dédifférenciation / Développement et différenciation / Embryonnaire (état).

 P. Brien, Biologie de la reproduction animale (Masson, 1966).

Bourges

Ch.-l. du départ. du Cher, dans le centre de la France, à 220 km de Paris ; 80 379 hab. (Berruyers). L’agglomération compte environ 90 000 habitants.



L’histoire

Bourges remonte à une très haute antiquité. Importante cité gauloise, puis romaine (Avaric, latinisée en Avaricum), elle ne dispose pourtant pour site, dans l’atonie de relief de la Champagne berrichonne, que de la légère retombée (20 m) d’un éperon calcaire sur une confluence marécageuse (zone attractive ou répulsive selon les besoins de la défense ou du négoce) où quatre petites rivières du bassin du Cher, Yèvre, Yèvrette, Auron et Moulon, mêlent leurs eaux. Mais là se croisent, favorisées par les facilités du passage, deux grandes voies terrestres, de la Bourgogne vers l’Aquitaine, de Lyon vers l’Armorique.

Avaricum soutient, au cours des campagnes de César, un siège mémorable qui se termine par la destruction de la ville et le massacre de ses défenseurs (52 av. J.-C.). Ville d’étape, marché agricole, capitale de la civitas des Bituriges, métropole de l’Aquitaine Première au ive s., Bourges passe ensuite aux mains des Wisigoths, puis des Francs. L’organisation de l’évêché par saint Ursin semble avoir eu lieu vers 250. Marche d’Aquitaine, Bourges est, comme le Berry, constamment tiraillée, à l’époque carolingienne, par des influences rivales. Aux compétitions politiques s’ajoutent les incursions normandes, qui ravagent la ville (857, 867, 873). Durant cette longue période de troubles (ixe-xie s.), l’action des archevêques est prépondérante, d’autant que ceux-ci disputent à Bordeaux la primatie d’Aquitaine. Peu à peu, cette prépondérance diminue au profit des vicomtes de Bourges.

La ville est réunie au domaine royal au début du xiie s. Le Berry est érigé en apanage au profit de plusieurs fils de France, le plus célèbre restant Jean de Berry*, 3e fils de Jean II le Bon, qui fait de Bourges un foyer artistique de renommée européenne. Par ailleurs, Bourges — l’une des grandes villes du royaume — possède d’importantes industries textiles et du cuir. Au xve s., elle est la ville de Jacques Cœur*, dont les opérations commerciales et financières contribuent à son enrichissement.

Mais, auparavant, elle a été le centre des médiocres possessions de Charles VII, « le petit roi de Bourges », rival malheureux de la puissante maison d’Angleterre. Après la victoire définitive sur les Anglais, le roi de France reste fidèle à Bourges, où il réside volontiers. C’est là qu’en 1438 il promulgue la pragmatique sanction, qui fait de lui le véritable maître de l’Église gallicane. Louis XI, comme son père, vient souvent à Bourges, où il est né en 1423 et qu’il dote (1463) d’une université qui devient au xvie s. l’un des principaux foyers réformistes en France : la protection de Marguerite de Navarre, duchesse de Berry depuis 1517, favorise d’ailleurs la Réforme dans le Berry. Melchior Volmar, professeur de grec à l’université de Bourges, est le précepteur de Théodore de Bèze ; Calvin étudie à Bourges. Plus tard, Bourges devient ligueuse, puis le diocèse est fortement marqué par le jansénisme : l’abbaye bénédictine de Saint-Cyran n’est-elle pas sur son territoire ?

P. P.