Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bouche (suite)

La cavité buccale

L’orifice buccal est circulaire chez les Vertébrés Agnathes (Cyclostomes). Chez les autres groupes, il forme une fente horizontale à deux lèvres, dont les commissures se situent au niveau maxillaire, puis au niveau hyoïdien plus postérieur. Chez les Mammifères, la formation des joues reporte vers l’avant les commissures labiales. Les lèvres sont séparées des mâchoires par un diverticule profond, le vestibule, qui peut former des poches latérales, les abajoues (présentes chez de nombreux Rongeurs et Primates). Chez le Tapir et l’Éléphant, la lèvre supérieure s’unit aux bourgeons nasaux pour former une trompe.

Chez les Vertébrés terrestres, ou Tétrapodes (dès la métamorphose chez les Amphibiens), s’ouvrent au plafond de la cavité buccale les choanes, orifices postérieurs des fosses nasales, tandis que la région postéroventrale comporte la glotte, orifice d’entrée de la trachée artère conduisant aux poumons. Les choanes sont situés à l’aplomb des narines, donc en position très antérieure, chez les Grenouilles ; la formation d’un palais secondaire chez les Reptiles, les Oiseaux et les Mammifères reporte les choanes en position postérieure, si bien que l’arrière-bouche devient ainsi un carrefour des voies digestives et respiratoires. Chez ces mêmes Tétrapodes, la poche branchiale spiraculaire des Poissons devient l’oreille moyenne, qui reste en relation avec le pharynx par la trompe d’Eustache. La musculature hypo-branchiale des Poissons se transforme pour donner la langue*, tandis que la muqueuse buccale différencie des formations glandulaires dont la sécrétion est nécessaire pour l’ingestion d’une nourriture sèche ; ce sont les glandes salivaires, qui contiennent en outre quelques enzymes préparant le travail digestif. Le squelette branchial des Poissons fournit enfin le support squelettique de la langue de quelques Tétrapodes ainsi que celui du larynx, où se différencient les cordes vocales mises en jeu dans la phonation, tandis que les amygdales représentent, au même titre que les thymus cervical et thoracique, l’équivalent des formations hématopoïétiques ventrobranchiales des Poissons.

Les bourgeons du goût, qui peuvent être répartis sur toute la surface du corps chez les Poissons, se limitent chez les Vertébrés terrestres à la seule région buccale, et notamment à la muqueuse linguale. La langue, les lèvres et les joues, dont la mobilité caractérise les Mammifères, jouent enfin un rôle important dans la modulation des cris et dans l’articulation du langage. Chez les Oiseaux* et quelques autres Vertébrés, l’avant de la bouche forme un bec, tandis que celle-ci abrite une denture* dans la plupart des espèces de cet embranchement.

La bouche de l’homme

Elle constitue, comme chez les autres Vertébrés, l’extrémité céphalique du tube digestif. Outre des fonctions digestives et respiratoires identiques à celles des animaux, elle contribue à l’articulation de la parole.

La bouche humaine comporte un orifice antérieur limité par les lèvres et situé à la partie antérieure et inférieure de la face. Cet orifice donne accès au vestibule, limité, d’une part, par les joues et, d’autre part, par les arcades dentaires situées sur les maxillaires. (V. dent et maxillo-facial.)

L’écartement des maxillaires permet l’accès à la cavité buccale proprement dite, dont le plancher est occupé par la langue* et le plafond par le palais osseux en avant et le voile du palais en arrière. Le fond de la bouche est un orifice limité latéralement par les amygdales, en haut par la luette et le bord du voile, en bas par la base de la langue ; il communique largement avec le pharynx*.

Parmi les éléments constitutifs de la bouche, il faut citer les gencives*, qui recouvrent les maxillaires jusqu’au collet des dents, et les glandes salivaires, sublinguales (sous la langue), sous-maxillaires (sous le rebord du maxillaire inférieur) et surtout parotides*.

L’étude des affections de la bouche constitue la stomatologie.

J. B.

R. B.

 C. Devillers, « le Tube digestif et ses dérivés » dans Précis de zoologie, t. II : Vertébrés (Masson, 1964).

Boucher (François)

Peintre français (Paris 1703 - id. 1770).


Créateur d’une œuvre immense, décorateur d’une virtuosité inégalable, il aborde tous les sujets : scènes pastorales et de genre, portrait, paysage, peinture d’histoire.

Très précoce, élève de son père, dessinateur en broderies, puis, à l’âge de dix-sept ans, de François Lemoyne*, il quitte très vite celui-ci après avoir assimilé sa manière. Il gagne sa vie en composant des vignettes chez le graveur Jean François Cars (notamment en 1721 pour l’Histoire de France du P. Gabriel Daniel), puis, plusieurs années durant, grave pour Jean de Jullienne (1686-1766) une série de cent trente planches de Figures de différents caractères d’après des décors de Watteau. L’influence de ce dernier sera prépondérante dans son œuvre.

Dès 1723, à vingt ans, Boucher obtient le premier prix de Rome ; les difficultés du trésor royal retardent son départ jusqu’en 1727. On connaît mal les travaux du jeune homme en Italie. On sait qu’il voyage à Venise, où il étudie les grands fresquistes de la Renaissance. Boucher voit aussi les premières œuvres de Tiepolo, son aîné, et admire l’art du Corrège.

Revenu à Paris en 1731, il est agréé à l’Académie de peinture, puis reçu académicien deux ans après. Son morceau de réception, en 1734, est le Renaud et Armide du Louvre. Il reçoit commande, cette même année, de quatre grisailles pour la chambre de la reine à Versailles et, en 1735, d’une série de scènes de chasse pour les Petits Appartements. En 1735 également, il reçoit le titre de professeur adjoint de l’Académie en compagnie de Carle Van Loo* et de Charles Natoire.

Peintre de la grâce, de la femme, un peu plus tard protégé par la Pompadour, il connaît un immense succès. Le seul grand thème de cette époque, l’amour, trouve son peintre : Diane sortant du bain avec une de ses compagnes (1742, Louvre), Vénus à sa toilette (New York, Metropolitan Museum), le Retour de chasse de Diane (Paris, musée Cognacq-Jay) sont empreints d’un érotisme à peine voilé. La Naissance de Vénus (Stockholm, Musée national), acheté par le comte Tessin, échappe encore à une certaine décadence du goût, à un certain libertinage des Odalisques que répétera l’artiste.